Une cérémonie de réconciliation des communautés de la Guinée Forestière s’est déroulée le 7 juillet 2020 à N’Zérékoré. Le reportage télévisé a montré une grande assemblée de patriarches et de sages des préfectures et sous-préfectures de la région.
Les femmes ont été la composante la plus fortement représentée de la partie. Elles ont été montrées couchées à plat ventre à même le sol, se livrant à une scène émouvante de demande de pardon aux sages pour, disent-elles, les crimes commis de 1990 à 2020, dans l’espace forestier. Le serment ‘’plus jamais ça’’ a été clamé haut et fort.
Le reportage n’a malheureusement diffusé que la scène de clôture de l’événement. Les étapes préparatoires du processus ont été occultées. Difficile de savoir pourquoi. Aussi, la demande de pardon effectuée est apparue assez curieuse aux observateurs.
En effet, il est à se demander pourquoi ce sont les femmes qui demandent pardon, et pourquoi c’est aux sages que le pardon est demandé ? Quel est l’avis des autres catégories sociales de la région ?
Les femmes sont-elles les ‘’auteures’’ de la série noire de crimes commis en Forêt ? Sérieusement, à Womé, Zogota, Koulé, à N’Zérékoré les 22 et 23 mars derniers et plus récemment à Koyama pour ne citer que ces cas emblématiques, est-ce les femmes qui ont sévi ?
De l’autre côté, les sages sont-ils les légitimes victimes des horreurs enregistrées en ces lieux ? Vraisemblablement non ! Non !
Les efforts de réconciliation sont certes à louer, saluer, encourager et soutenir. Les résultats qui en découlent dépendent toujours de la structure de la démarche adoptée.
La roue ne se réinvente pas. La réconciliation ne se décrète pas. Les serments ne l’entretiennent. La réconciliation s’opère suivant une démarche structurée. Nonobstant les spécificités nationales, régionales ou communautaires à observer, elle obéit à des principes et règles intangibles de procédures qui supposent que :
1. La vérité soit connue sur les faits qui ont conduit à la discorde entre les parties à réconcilier.
2. La justice soit rendue aux victimes à travers la réparation des torts réparables.
3. Les auteurs reconnaissent leurs fautes et demandent pardon aux victimes.
4. La garantie de non répétition de crime soit obtenue pour l’avenir.
Au demeurant, il faut prendre garde à la fuite en avant concoctée par la réconciliation arrangée. Le simulacre de réconciliation ne peut servir que des objectifs de court terme, électoralistes en l’occurrence. Attention à leurs rejaillissements destructeurs.
Que Dieu sauve la Guinée et les guinéens.
Elhadj Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses