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Omar El-Béchir président évincé au Soudan, condamné à deux ans de résidence surveillée pour corruption

Condamné à deux ans de « résidence surveillée » pour corruption, celui qui a dirigé le pays pendant 30 ans doit encore être jugé pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour.

C’est la première décision de justice concernant Omar Al-Bachir, l’ancien homme fort du Soudan. Accusé de corruption, l’ex-président soudanais a été condamné, samedi 14 décembre, à deux ans de « résidence surveillée » par un tribunal de Khartoum. Dans ce procès concernant des fonds perçus de l’Arabie saoudite, l’ancien chef de l’Etat encourait jusqu’à dix ans de prison.

Après un règne autoritaire de trente ans, Omar Al-Bachir, qui a été évincé du pouvoir le 11 avril, est détenu à la prison de Kober à Khartoum, la capitale. « C’est un procès politique », a répété à la presse Mohamed Al-Hassan, l’avocat de M. Bachir, assurant que l’argent n’avait pas été utilisé à des fins personnelles.

Si l’ex-président a reconnu avoir perçu 90 millions de dollars (81 millions de d’euros) de la part de dirigeants saoudiens, le procès ne concerne que 25 millions de dollars (22,5 millions d’euros) reçus, peu avant sa chute, du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman. Les autorités ont saisi au domicile de l’ancien chef d’Etat 6,9 millions d’euros, 351 770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises.

Le procès des crimes commis au Darfour

Mais le procès de M. Al-Bachir pour corruption est « une petite affaire comparée aux crimes qu’il a commis », a expliqué Adam Rashid, secrétaire général adjoint de l’Association des avocats du Darfour. Il doit être jugé pour ses délits et crimes, « petits ou grands », exige-t-il.

De fait, ce premier procès n’évoque pas les accusations portées depuis une décennie contre M. Bachir par la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis contre lui deux mandats d’arrêt pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour. Cette province occidentale soudanaise a été le théâtre d’une guerre sanglante entre rebelles et forces progouvernementales. Le conflit, qui a éclaté en 2003, a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’Organisation des Nations unies (ONU).

A ce jour, le gouvernement de transition, mis en place en septembre, n’a pas autorisé l’extradition de l’ex-dirigeant à La Haye, où siège la CPI. Si le Soudan n’a pas ratifié le statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale, le pays a l’obligation juridique d’arrêter M. Bachir. Car l’enquête de la CPI sur les crimes au Darfour a été effectuée sous mandat de l’ONU, dont le Soudan est membre.

Les Forces pour la liberté et le changement (FFC), qui ont mené la contestation contre M. Al-Bachir, ont dit n’avoir aucune objection à une extradition.

Outre l’affaire de corruption et les accusations devant la CPI, M. Bachir pourrait devoir répondre d’autres crimes présumés devant la justice de son pays. Le 12 novembre, les autorités soudanaises ont émis un nouveau mandat d’arrêt à son encontre pour son rôle dans le coup d’Etat de 1989, sur lequel une commission spéciale du parquet de Khartoum enquête.

Selon le procureur général, M. Al-Bachir est aussi mis en cause pour des meurtres commis lors des manifestations ayant conduit à son éviction. A ce jour, il n’a pas eu à répondre de ces accusations.

Parallèlement, les autorités de transition ont annoncé samedi matin la dissolution des organisations professionnelles mises en place sous M. Bachir, conformément aux revendications du mouvement qui a obtenu en avril la chute du dictateur.

 

Le Monde avec AFP    

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