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Niger : la junte annonce le retrait d’un permis d’exploitation du géant français Orano

Visiblement la crise entre la France et les putschistes du Niger est loin de connaître son épilogue. Après chassé l’ambassadeur français à Niamey, la junte annonce le retrait de l’un des permis d’exploitation de la société Orano.

La mine d’Imouraren, au Niger, est l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.

Des travaux avaient été récemment lancés sur ce site minier d’Imouraren. Mais le Niger a décidé, jeudi 20 juin, de retirer le permis d’exploitation de la mine d’uranium au nord du pays à l’entreprise française Orano, a annoncé la société dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

« Orano prend acte de la décision des autorités du Niger de retirer à sa filiale Imouraren SA son permis d’exploiter le gisement, et ce malgré la reprise des activités sur site conformément aux attentes qu’elles avaient exprimées », a écrit l’entreprise française. Dans une note, datée du 11 juin, le ministère des mines du régime militaire au pouvoir au Niger rappelait que le permis d’exploitation d’Imouraren serait retiré à Orano. Il avait annoncé vouloir le remettre « au domaine public » si des « travaux d’exploitation » n’avaient pas commencé dans un « délai de trois mois » après le 19 mars.

Pourtant, le 12 juin, un porte-parole du groupe nucléaire français avait annoncé à l’AFP que des « travaux préparatoires » avaient été lancés « récemment ». Dans son communiqué de jeudi 20 juin, l’entreprise a assuré que « les infrastructures » d’Imouraren étaient « rouvertes depuis le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes de construction et faire avancer les travaux ». L’entreprise française a aussi précisé que « plusieurs dizaines de personnes étaient mobilisées durant la phase de relance du projet. A terme, Imouraren SA devait employer 800 personnes, sous-traitants compris ».

Deuxième pays fournisseur d’uranium pour les centrales européennes

Orano exploite une autre mine d’uranium au Niger, la Somaïr, dans la région d’Arlit, dans le nord du pays, après la fermeture de la Cominak en 2021. Mais le régime militaire au pouvoir à Niamey, depuis juillet 2023, a plusieurs fois répété qu’il souhaitait revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières sur son sol par des compagnies étrangères.

Malgré cette décision du gouvernement nigérien, Orano a assuré être « disposé à maintenir ouverts tous les canaux de communication avec les autorités du Niger sur ce sujet, tout en se réservant le droit de contester la décision de retrait du permis d’exploitation devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales ».

La mine d’Imouraren est l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. D’ailleurs le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel mais reste loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA) de 2021. Environ un quart de l’approvisionnement en uranium naturel des centrales nucléaires européennes en 2022 provenait du Niger, le 2e pays derrière le Kazakhstan et devant le Canada.

 

Par Le Monde avec AFP