Avec la divulgation de la Constitution-bidon que ses sordides officines viennent de lui concocter, Alpha Condé vient de nous prouver que rien ne le fera reculer : ni la force du peuple, ni le regard réprobateur de la communauté internationale.
Il lui aurait fallu pour cela un minimum de pudeur, qualité qu’il n’a assurément pas. Il tient à son troisième (voire son quatrième ou cinquième) mandat. Et il l’aura, quitte à cracher sur la morale et le droit et à brûler le pays. Quand, à la faveur du hasard, des crève- la- faim comme lui parviennent au pouvoir, ils ne le quittent plus. Ils oublient tout : leur passé, leurs amis, leurs idéaux et leurs serments. Plus rien ne compte, que la folie du pouvoir et le goût effréné pour le diamant et l’or, les palaces de luxe et les gros bolides. Quitte à tout perdre : leur vie, leur âme, leur honneur et leur patrie !
N’est-ce pas Bokassa, n’est-ce pas Mobutu, n’est-ce pas Compaoré, n’est-ce pas Dos Santos ?
Il reste que le Rubicond est franchi, qu’il n’y a plus de point-de non- retour. Plus besoin de questions ou de tergiversations. Les choses sont claires dorénavant : le problème n’est plus Alpha Condé. Le problème, c’est nous ! Nous, Guinéens ! Allons-nous laisser ce fou brûler ce pays comme par notre fatalisme et notre lâcheté collective, nous avons laissé faire tour à tour, Sékou Touré et Lansana Conté, Dadis Camara et Sékouba Konaté ?
A qui appartient la Guinée ? A Alpha Condé, à son père, à sa mère, aux miliciens du RPG ? Non, la Guinée appartient au peuple de Guinée, je veux dire à tous ses citoyens sans aucune exception. Et quand elle est en danger, qui doit la défendre ? Le peuple, tout le peuple, c’est-à-dire tous les citoyens. Je ne vais pas vous faire un dessin, mes chers compatriotes, je ne vais passer par quatre chemins, je ne vais même pas m’encombrer de précautions littéraires : LE PAYS EST EN DANGER DE MORT !
Une mort voulue, que dis-je, une mort passionnément désirée, une mort minutieusement programmée par Alpha Condé et par ses sataniques collaborateurs. Cet homme sait exactement ce qu’il fait et il le fait exprès. C’est pour cela que nous devons l’arrêter tout suite avant qu’il ne soit trop tard. Cet homme se fout de notre gueule. Il ne fait que ça depuis que la mafia françafricaine l’a hissé au sommet de notre État en dépit de tous les principes démocratiques et moraux.
Il a refusé de déclarer ses biens durant tout son premier mandat alors la Constitution l’y oblige. Il continue de présider les réunions du RPG alors que la Constitution le lui interdit formellement. Il a refusé de mettre en place la Haute Cour de Justice alors que la Constitution l’y oblige. Ce qui fait que dans l’état actuel des choses, aucun membre du gouvernement ne peut être traduit en justice. Tant de laxisme de notre part ne pouvait nous conduire que là où nous sommes aujourd’hui : dans le vide juridique et dans la pagaille institutionnelle.
Ressaisissons-nous Guinéens ! Attention, le monde entier nous regarde ! Nous avons tout notre honneur à sauver. Notre comportement depuis 1958 manque cruellement de courage et de dignité. Le glorieux peuple du 28 Septembre a dégénéré en une populace de mollassons taillable et corvéable à merci. N’importe crétin venu au pouvoir se croit tout permis parce que nous avons appris à tout subir sans gémir, sans pleurer, sans prier. Non pas avec le splendide stoïcisme du loup de Vrigny mais avec la consternante passivité des éponges et des limaces.
Encore une fois, réveillons-nous, Guinéens ! Faisons au moins aussi bien que nos frères du Burkina Faso quand ils ont fait fuir le sinistre Compaoré en 2014 ! Refusons cette imposture, disons non à Alpha Condé, quitte à tomber sous les balles de ses sbires !
C’est le moment ou jamais de prouver que nous sommes toujours les fiers descendants des grands guerriers qui ont fondé ce pays.
Tierno Monénembo, in Le Lynx