Le président nigérian Muhammadu Buhari a annoncé, le 19 juin, que son pays va prendre en considération l’intérêt de ses industries avant de ratifier l’accord relatif à la création de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
« Le Nigeria sera guidé par l’intérêt national pour prendre toute décision concernant l’accord établissant la zone de libre-échange continentale africaine », a-t-il déclaré aux dirigeants de l’Association des industriels du Nigeria (MAN), sans préciser les délais d’une décision à ce sujet.
Buhari a également précisé qu’il attendait les conclusions d’un comité mis en place en octobre dernier pour évaluer les coûts et l’impact potentiels de l’adhésion du Nigeria à la zone de libre-échange.
Il a d’autre part rappelé que la zone de libre-échange continentale africaine sera au centre des débats lors du sommet de l’Union africaine (UA) prévu en juillet prochain au Niger. Lors de ce sommet, les Etats africains devraient s’entendre sur la mise en place des outils destinés à s’assurer que la concurrence ne sera pas déloyale au sein de la Zlecaf.
« Je ne pense pas que le Nigeria ait la capacité de superviser efficacement et de veiller à ce que nos collègues de l’UA ne permettent pas que leurs pays soient utilisés pour nous décharger des marchandises au détriment de nos jeunes industries et de notre capacité à utiliser les devises pour payer des produits importés », a déclaré M. Buhari.
L’UA avait exhorté début mai dernier, le Nigeria à rejoindre la Zlecaf.
« Nous encourageons le Nigeria à figurer parmi les membres fondateurs de la Zlecaf en ratifiant l’accord y afférent avant le 30 mai », avait alors déclaré Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l’industrie de l’Union africaine.
Craignant de voir une déferlante de produits étrangers ruiner son industrie, le Nigeria a cependant préféré temporiser et attendre les conclusions d’une étude d’impact de la Zlecaf sur son économie qui a été commandée par le président Buhari.
La Zone de libre-échange continentale est officiellement entrée en vigueur le 30 mai, après les dernières ratifications de la Sierra Leone, de la République arabe sahraouie démocratique. Ces deux pays ont porté à 22, le nombre de ratifications, soit le seuil minimum requis pour son lancement qui ouvrira la voie à la constitution d’un marché unique de 1,2 milliard de consommateurs.
Selon les calculs de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la Zlecaf pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % par an. L’Afrique est en effet très en retard en matière d’échanges intercontinentaux. Le commerce intra-africain ne représente que 15 % du total des échanges sur le continent contre 67 % pour les flux commerciaux intra-européens.
Avec agence ecofin