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Média et police judiciaire : qui file le mauvais coton ?

L’interpellation  des journalistes  par la Direction centrale de la police judiciaire suscite diverses interprétations.

D’emblée, un officier de la police judiciaire  ne convoque que sur la base de la plainte de la victime ou être requis par le Procureur de la République au regard du code de procédure pénale, de la Loi sur la liberté de la presse et de la Loi ordinaire sur la cyber-sécurité et protection des données personnelles.

Ces dernières interpellations de ces individus sous le sceau de la presse s’inscrivaient en droite ligne de ces trajectoires au regard de supports de communication utilisés par les uns et les autres.

La Loi 002/06/2010 relative à la liberté de la presse ne signifie point l’impunité zéro pour les journalistes,  plutôt la peine privative de liberté est tenue en lest par celle d’amende.

En cas de refus délibéré ou non de s’acquitter de cette peine d’amende, le prévenu tombe sous le coup de la rébellion, donc le délit de droit commun pouvant engendrer détention préventive et condamnation à terme à une peine privative de liberté.

Mieux la procédure en la matière est la citation directe et exclut la détention préventive, garde à vue excepté les cas de crimes de sang, de sécurité intérieure et extérieure de l’Etat.

Il n’en est pas de même pour ceux ou celles qui se servent des réseaux sociaux à des fins personnelles, parfois avec les faux profils. En effet, en cas de délit avéré,   la personne mise en cause tombe sous le coup de délits de droit commun et peut  être détenue  préventivement  sur décision de l’Officier de la police judiciaire ou sur décision du Procureur de la République dont le délai légal  n’excède pas des 48 heures, pouvant être prolongé de 24 heures après accord du Procureur de la République.

En la matière, le code de procédure pénale sied ainsi que la Loi ordinaire sur la Cyber sécurité et la protection des données personnelles.

Cette Loi ordinaire sur la Cyber sécurité et la protection des données personnelles a été conçue et adoptée le 16 juin 2016 par l’Assemblée Nationale et publiée trois ans plus tard au journal officiel de la République de Guinée, devenant ainsi exécutoire en Guinée.

Les reportages, commentaires et publications des journalistes sur réseaux sociaux rapprochent ainsi  les citoyens  de la Direction centrale de la police judiciaire, des Cours et Tribunaux ainsi que de la prison.

Malgré cela, aucun journaliste n’est détenu ou inquiété par le fait du Président de la République, d’un membre du Gouvernement, d’une Organisation constitutionnelle en Guinée.

Les militants de la liberté de la presse devraient profiter de cette tolérance des pouvoirs publics pour  assainir  la corporation à travers d’abord la résurrection de la passerelle qu’est l’autorégulation, jugement des pairs en amont et prévenant donc  celle des instances de l’Etat en aval.

Certes il y a besoin de remise à niveau dans la profession mais  il est prouvé que la majorité des personnes  mises en  cause dans ces dossiers  ne sont pas des journalistes mais plutôt celles qui ont infiltré le métier, les mercenaires du micro, de la plume, les tueurs à gaz…

Ces derniers sont légion dans la corporation et bénéficient de la complicité, du laxisme de leurs confrères et consœurs, de peur de représailles de leur part. Pourtant les acteurs de ce secteur doivent relever ce défi pour l’avenir de ce noble métier qui est dangereusement compromis par ces pratiques répréhensibles comme le disait à juste titre  Albert Camus, citation : « Le but d’une vie ne peut être que d’accroître la somme de liberté et de responsabilité qui est dans chaque homme  et dans le monde           ». Fin de citation.

Il leur appartient désormais de faire montre de la même ardeur  dans la dénonciation de ces pratiques malsaines au sein de la presse nationale par le biais de la formation, de l’éducation, de la sensibilisation sur ce nouvel arsenal juridique  sur le secteur de l’information, de la communication de la Guinée que dans la dénonciation des prédateurs de la liberté de la presse en Guinée.

A cet effet, les chantiers sont nombreux, car en  plus du contenu des programmes de formation, de l’environnement économique, de la convention collective,  des ateliers de renforcement des capacités des  journalistes, il y a la dénonciation individuelle de ces mauvaises pratiques qui ternissent l’image de ce métier et  la relance de ce mécanisme d’autorégulation des médias comme remèdes  contre ces pathologies qui rongent les bases  des acquis de la liberté de la presse et  conduisent vers la repénalisation des délits de presse en Guinée.

Il s’agira en définitive de  prouver que la presse nationale mérite la dépénalisation des délits de presse  et peut être le maillot essentiel entre la mission des décideurs, acteurs, partenaires au développement et populations bénéficiaires des politiques publiques de développement.

Le Président de la République promeut un tel environnement  en soutenant l’initiative de la  mise en place d’une Loi d’accès à l’information publique en Guinée par ricochet la  pratique du journalisme d’investigation qui nécessite cependant l’expérience, les moyens et le temps de la  part des entreprises de presse.

La presse nationale doit donc balayer devant sa propre porte avant de songer de même devant celle de la police judiciaire.

La restructuration et la professionnalisation de ce secteur auraient été les acquis au compte de la troisième République sans l’apathie du collège sortant sous la houlette de Martine Condé sur fond de clientélisme au sein des associations professionnelles des médias du pays.

Les relations heurtées entre la Police Judiciaire et la Presse nationale est  la conséquence de ce mauvais héritage du collège sortant plutôt englué dans les querelles intestines que d’être prompt dans la prévention, la promotion de journalisme débout, sentinelle de l’Etat de droit, de la démocratie, matérialisation de la vision du Président de la République du concept de journaliste en République de Guinée.

Il est donc temps pour la presse nationale de faire son mea-culpa  et d’opter pour un nouveau contrat social avec le peuple de Guinée, les pouvoirs publics et ses divers partenaires au développement. Mais cela passe par la convention collective, l’esprit voltairien d’entraide, de solidarité, de dénonciation de journalistes irresponsables, corrompus que l’on appelle prosaïquement les journalistes alimentaires qui sont malheureusement légion dans le pays.

Tout porte à croire qu’en ce moment c’est la presse locale qui file le mauvais coton jusqu’à preuve du contraire

 

Iboun CONTE

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