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Marie Ivonne Coumbassa de la FESABAG : « aujourd’hui, tout le problème du peuple guinéen, c’est l’erreur des syndicalistes parce qu’ils sont… »

Mme Ivonne Marie Coumbassa, première secrétaire générale adjointe de la FESABAG chargée des banques et M. Alpha Baldé, deuxième secrétaire général adjoint de la même structure syndicale des banques, ont accordé cette semaine une interview exclusive à nos rédactions notamment, Afriquevision.info et  Aminata.com.  Au cours de cet entretien, les deux membres exécutifs de cette structure syndicale des banques ont largement exprimé les problèmes qui assaillent actuellement la FESABAG notamment, leur suspension brusque au sein de ladite structure syndicale, la désaffiliation de la FESABAG dans l’USTG et tant d’autres sujets brulants ont été aussi abordés sans tabou.

Lisez l’intégralité de l’interview

Afriquevision.info : lors de la dernière plénière extraordinaire tenue sur le boulevard ‘’Teli Diallo à Kaloum’’  les membres de la FESABAG par la voix de de leur secrétaire général Abdoulaye Sow ont décidé de déposer un préavis de grève  pour non-respect des accords avec les patrons de banques et  gouvernement faisant suite aux mesures d’accompagnement par rapport à l’augmentation vertigineuse du prix de carburant à la pompe au mois de juillet dernier et également contre des licenciements abusifs au sein du secteur. 

Mme Ivonne Marie Coumbassa : La FESABAG a organisé une assemblée générale à FBN banque, concernant les licenciements abusifs des travailleurs de ladite banque  et les mesures d’accompagnement suite à l’augmentation du prix du carburant. Je vais simplement rappeler à la FESABAG que cette augmentation ne vient pas de nos patrons. C’est l’Etat qui a augmenté le carburant à la pompe et c’est à lui de faire ces mesures d’accompagnements pour son peuple.

La FESABAG fait partie du peuple de  Guinée. On ne peut pas dire qu’au moment où l’Etat a augmenté le carburant et l’inter-centrale syndicale  a lancé un mouvement pour demander à l’Etat de revenir sur le prix initial du carburant à 8000. En ce moment le premier secrétaire général  de la FESABAG décide de boycotter le mouvement qui a été déclenché par l’inter-centrale syndicale CNTG-USTG en disant que les secteurs financiers n’ont rien à voir dans ce mouvement déclenché par  ces syndicats.

Et aujourd’hui, à mon fort étonnement, la FESABAG demande les mesures d’accompagnements à nos patrons et à Monsieur le gouverneur de la Banque  Centrale. Qu’est-ce-qu’ ils veulent dire, tu dis quelque chose et tu veux son contraire ? Je pense qu’à mon avis, le premier secrétaire général de la FESABAG devrait donner la force au mouvement qui a été déclenché par l’inter-central ou regarder les personnes qui sont sans voix parce qu’il y a des gens qui ne travaillent pas, il y a d’autres qui sont des vendeurs, des cultivateurs, qui sont sans emploi. Qui doit les défendre si ce n’est pas les syndicalistes ?

Le syndicat est le trait d’union entre l’Etat et le peuple parce que le peuple ne peut pas venir réclamer, c’est aux syndicats de réclamer pour ce peuple. Où était la FESABAG en ce moment ?

Donc, la FEASABAG devrait accompagner le mouvement l’inter-centrale parce que franchement, lorsque si les secteurs  privés n’accompagnent  pas, cela va se dire sans doute qu’il n’y aurait pas  d’effets positifs.

Donc, la FESABAG devrait laisser les différends qui existaient entre elle et l’inter-centrale et  regarder le peuple sans voix. Et après revenir régler ces différends à l’amiable entre nos généraux. Mais, ça n’a pas été le cas, le général Sow n’a pas compris. Et ce qui est plus surprenant, Abdoulaye Sow  dit dans les radios que nos patrons n’ont pas respectés les engagements pris concernant ces mesures d’accompagnement. Mais est-ce qu’il a un document signé par l’autorité, par Monsieur le gouverneur de la Banque et l’APB dont le contenu laisse entendre que les délégués de FESABAG  en peuvent obtenir quelques choses avec leurs patrons. Mais, ce document n’a jamais existé.

Du fait que la FESABAG n’a pas accepté d’accompagner l’inter-centrale syndicale CNTG-USTG, ne pensez-vous pas que cela est dû à un intérêt personnel ?

Je dirai oui, il y a un intérêt personnel. Je connais bien mon secrétaire général, il ne se tapera jamais la poitrine s’il n’a pas d’intérêt personnel.

Il faut que les syndicalistes changent, il faut qu’ils se mettent dans la tête qu’ils ont été élus pour aider les personnes sans voix.

Un syndicaliste qui perçoit un franc de l’autorité, de sa direction, au détriment des travailleurs,  c’est un Satan.

Cet argent ne va jamais lui rapporter de bonheur et tôt ou tard, il le payera. Si ce n’est à son temps qu’il paie. C’est sur ces enfants ou ces petits enfants qui payeront. Il faut que les syndicalistes arrêtent.

Comme mon général aime le dire, dans une chambre noire  que se trouve sac noir. Pourquoi il aime souvent employer ce mot ? Certainement, c’est dans leurs habitudes. Sinon il n’allait pas dénoncer ça publiquement.

Tout le problème du peuple guinéen aujourd’hui, c’est l’erreur des syndicalistes parce qu’ils sont divisés. Ils se battent pour leur propre intérêt, pas l’intérêt du peuple, pas l’intérêt des travailleurs.

Mettez l’intérêt personnel de côté, défendez les travailleurs. Un syndicaliste qui perçoit même 100 mille  auprès d’un responsable, c’est de la corruption.

Certains membres de la FESABAG estiment que votre suspension au sein de cette structure dont vous en êtes la première secrétaire adjointe  est logique. Quelles en sont vos défenses ? 

La suspension des deux généraux de la FESABAG est nulle et non effet parce que la procédure n’a pas été respectée. Et nous avons assisté aux réunions de l’inter-centrale syndicale  parce que jusqu’à preuve contraire, on était affilé à l’USTG.

C’est l’USTG qui  a déclenché un mouvement, nous sommes  tenus en tant que membres de ce mouvement de les accompagner. En tant que membre de la FESABAG, c’était normal que la FESABAG participe au mouvement déclenché par l’USTG. Je ne vois pas d’inconvénients à cela. Donc, je signe et je persiste que M. Baldé et moi, notre suspension au sein de la FESABAG est nulle et non effet.

Il y a certains de vos membres qui vous soupçonnent de vouloir renverser le premier secrétaire général de la FESABAG  parce que selon eux,  le plus souvent vous l’attaquez dans vos interventions sur certains médias locaux. Qu’en  dites-vous ?

Ça me fait rire. Si je voulais renverser Abdoulaye Sow, il ne sera même pas le secrétaire général de la FESABAG. C’est un homme que j’ai aimé, que j’ai respecté. Je l’ai vu qu’il était éloquent de loin, ça m’a donné l’amour de venir dans la FESABAG pour comprendre ce qui se passe.

Quand je suis venue, j’ai constaté qu’il y avait de sérieuses  lacunes au sein de  la FESABAG.  Je vais vous dire pourquoi j’ai décidé de venir à la FESABAG ? Nous avons fait une fête à l’occasion de la célébration de la fête des femmes, un 08 mars. Elle a été organisée par toutes les femmes de la FESABAG dans un hôtel de la place.

Cette fête a été une réussite totale sans faille jusqu’à ce que le premier secrétaire général de la FESABAG se soit dit que les femmes souhaiteraient lui enlever son poste de secrétaire général.

Après la belle fête, Abdoulaye Sow a tenu une réunion extraordinaire dans les locaux d’une banque de la place. Comme, c’est lui, le premier responsable de la FESABAG, séance  tenante, il a pris la parole pour dire  devant tout le monde que le comité des femmes est dissout  à partir de maintenant.

C’est en ce moment  que je lui ai dit en face Monsieur Sow Abdoulaye, vous avez dissout le comité des femmes dont je ne suis membre,  mais je te donne rendez-vous  au prochain congrès en novembre 2016, je serai de la partie pour vous combattre parce que vous ne supportez pas les femmes et sans les femmes, il n’y a rien. Je viens dans la FESABAG pour te combattre pour t’apprendre à respecter et accepter les femmes.

Je n’ai jamais voulu prendre la place de Monsieur Sow, qu’il reste tranquille. Je ne dis pas qu’un jour, je ne veux pas être secrétaire générale parce que personne ne dira pas qu’il ne veut pas le pouvoir, je le veux bien sûr.

Mais, je veux d’abord comprendre comment ça fonctionne. Mais, qu’il reste tranquille, je ne le retirai jamais sa place.

Pouvez-nous  expliquer en quelques lignes, les difficultés rencontrées par certains travailleurs du secteur banquier ?

 Mme Ivonne Marie Coumbassa : Il y a des années que  nous nous sommes battus pour le respect des lois en Guinée. Nous savons bien que ce n’est pas notre devoir, c’est à l’Etat de le faire. C’est à l’Etat  de veiller sur l’application normale de ces lois dans notre pays.

C’est l’inspection générale du travail qui doit veiller sur le respect des lois de travail. Nous si tout va bien, on est là et on va travailler.

Maintenant ceux-là qui demeurent  les garants de ces loi, se permettent de les violer, qu’est-ce-que nous pouvons faire ? On ne peut rien.

Aujourd’hui, la situation entre les travailleurs et les patrons, c’est depuis la dernière grève de 2017. Il y a eu des négociations après, il a y a eu des petits soucis entre nos patrons et les travailleurs  plus particulièrement avec  les syndicalistes.

A la sortie des négociations collectives, les patrons ont pris position. Nous avons signé un accord à la primature, dans cet accord, c’est dit dedans que personne ne sera inquiétée, ni poursuivie, mais à notre fort étonnement, les syndicalistes ont été poursuivis à la justice. Particulièrement les deux secrétaires généraux de la FESABAG  ont été poursuivis à la justice pour fait de grève.

Qu’est-ce-que la FESABAG a fait, rien. La convocation devrait être contre qui ? C’était contre la FESABAG, pas contre les membres de la FESABAG, ni les syndicalistes parce que c’est elle  qui a demandé à ces travailleurs de sortir dans la rue pour réclamer leur droit.

Si l’APB devait porter plainte, ce n’est pas contre une personne physique. Mais, cette plainte devrait normalement viser notre structure qui est la FESABAG. Mais, ça a été contre les personnes qui n’ont pas cédé à la corruption, qui ont été convoquées devant la juridiction parce que le deal a échoué.

Nous avons refusé de négocier, on a dit cette fois-ci cette négociation, c’est uniquement pour les travailleurs. C’est l’intérêt des travailleurs qui prévaut aujourd’hui sur cette table.  Et c’est ce qu’on a payé. Notre premier  secrétaire général, depuis cette date à nos jours, n’a jamais touché ce point-là. Pourquoi nos camarades ont été poursuivis à la justice ? Ce qu’il a fait, c’est de prendre son avion et aller en France. Nous nous sommes battus parce que nous sommes quand même des citoyens.

Un citoyen quand tu es convoqué, tu es obligé d’aller répondre. Nous avons répondu, nous nous sommes battus et Dieu soit loué, on a été compris par nos patrons et ils ont abandonné la poursuite.

Nous sommes des syndicalistes, nous sommes prêts à être emprisonnés, tabassés pour défendre l’intérêt des travailleurs. Il faut que les travailleurs comprennent que quand un syndicaliste te demande de sortir dans la rue, il faut bien regarder pourquoi tu dois sortir.

Si c’est pour l’intérêt personnel, il faut faire beaucoup attention. Il y a eu des travailleurs qui ont été licenciés pour fait de grève. Il y a eu des travailleurs qui ont répondu à la convocation à la justice qui ont eu leur salaire amputé parce qu’ils ont répondu à l’appel de la justice.

Un syndicaliste qui répond à l’appel et on impute sur son salaire, qu’est-ce-que la FESABAG a fait ? Est-ce qu’elle a grevé pour la restitution des salaires ? Non.

Pourquoi aujourd’hui, la FESABAG se lève pour une seule personne ? Il y a eu 12 membres de notre structure qui ont été poursuivis à la justice pour fait de grève, déclenchée par la FESABAG, elle n’a pas fait cas.

Il y a eu 10 autres personnes qui ont été licenciées dans FBN Bank, d’autres ont démissionnés, où était la FESABAG pour défendre ces personnes qui ne sont pas syndicalistes ?  Ce sont  des travailleurs simples qui ont été licenciés.

D’autres poussés à démissionner, la FESABAG était où pour les défendre ? Pourquoi, c’est  un syndicaliste qui est licencié, la FESABAG veut motiver toute la structure pour défendre l’intéressé ? Ça, c’est de l’injustice.

On n’est pas d’accord, on n’est pas là pour le syndicat. On a été élu pour les travailleurs sans exception.

Alpha Baldé en tant que deuxième secrétaire général adjoint  suspendu au même titre que Mme Ivonne Marie Coumbassa  au sein de la FESABAG. Quel est votre message sur ces crises qui sont entrain d’enfoncer la FESABAG?

 

Alpha Baldé : le message que je voudrais passer à l’ensemble des travailleurs et à nos camarades syndicalistes, c’est un message de conseil. Le conseil, je crois que le bureau national de la FESABAG doit se départir de l’inconstance et de l’incohérence.

On ne peut pas se lever un beau jour, dire que si le carburant a haussé, on ferme les Banques, 48 heures après, on change de position sans informer les travailleurs pour dire qu’on n’accompagne pas les préoccupations et les attentes du peuple. Puisque la hausse du carburant touche le panier de la ménagère et dégrade le pouvoir d’achat des travailleurs. Donc, c’est incompréhensible, incohérent et inconstant.

Quand les représentants de plus de 4 mille  personnes, la  moindre des choses, c’est de donner des informations en temps opportun.  On décide de ne pas suivre le mouvement sans consulter les travailleurs, on décide de se désaffilier de l’USTG sans consulter les travailleurs, nous considérons que c’est un  manque de respect à l’endroit des syndiqués qui nous ont donné ce mandat.

Le mandat que nous avons, n’est pas individuel, il est collectif.  Donc, si on doit parler au nom et au compte des travailleurs, on doit les consulter.

Une désaffiliation dans une structure comme l’USTG qui est devenue un patrimoine historique, on quitte l’USTG un bon jour, sans explication, nous croyons que c’est un manque de respect à l’égard des travailleurs.

Le conseil que nous donnons ici, au membre du bureau national de la FESABAG, c’est qu’il porte les revendications des travailleurs, les préoccupations de façon responsable.

Interview réalisée par Ibrahima S Barry  et Léon Kolié

contact@afriquevision.info

 

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