Le président libérien George Weah a suspendu lundi son vice-ministre chargé de la presse, accusé de raviver les tensions ethniques à un mois d’une grande manifestation de l’opposition dans ce pays d’Afrique de l’Ouest hanté par une guerre civile (1989-2003) qui a fait quelque 250.000 morts.
George Weah et son gouvernement « restent engagés en faveur de la politique +un pays, un peuple+, avec une tolérance zéro pour les politiques de divisions ou de tribalisme », indique un communiqué de la présidence annonçant la « suspension avec effet immédiat » du vice-ministre chargé de la Presse et des Affaires publiques, Eugene Fahngon.
George Weah, au pouvoir depuis janvier 2018, est seulement le deuxième président de la plus ancienne république d’Afrique à ne pas appartenir à l’élite « américano-libérienne » –dite Congo– descendante d’esclaves affranchis qui y domine la vie politique depuis 170 ans.
Plusieurs partis d’opposition ont appelé à une grande manifestation le 7 juin pour réclamer que le chef de l’Etat « démissionne ou trouve une solution aux souffrances de la population », alors que le pays fait face à d’importantes difficultés économiques.
Sur les réseaux sociaux, M. Fahngon a insinué que les Congo étaient à l’origine de la vague de protestation. « Je ne participerai pas à la marche du 7 juin. J’attendrai celle des +Country people+ (autochtones) le 8 juin », a déclaré M. Fahngon dans un message sur Facebook.
« Ce sont les Congo qui sont derrière la manifestation du 7 juin », a abondé le sénateur, prédicateur et ancien chef de guerre Prince Johnson, soutien de George Weah lors du second tour de la présidentielle de 2017.
Un sénateur de l’opposition, Sando B. Johnson, a accusé la majorité, dans une interview publiée lundi par le journal FrontPage Africa, de vouloir « semer le chaos » en instrumentalisant les autochtones contre un rassemblement pacifique.
Washington, à l’origine de la création du Liberia au XIXe siècle, s’est inquiété de cette escalade verbale, alors qu’un très grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique, plus de 15 ans après la fin du conflit.
« Il est inacceptable que le sénateur Prince Johnson, le député Yekeh Kolubah, des +ex-généraux+ ou d’autres acteurs de la guerre civile au Liberia incitent à commettre des actes illégaux à travers une rhétorique malavisée qui pourrait mettre en danger la paix et la sécurité difficilement gagnée au Liberia », a indiqué dans un communiqué l’ambassade américaine à Monrovia.
« De même, il est également irresponsable pour des personnes qui occupent des responsabilités au sein du gouvernement ou du parti au pouvoir de promouvoir de telles divisions comme le vice-ministre Eugene Fahngon l’a fait sur les réseaux sociaux », ajoute le texte.
Avec AFP