(COMMUNIQUE N°068). La semaine qui s’annonce sera décisive dans l’histoire de la Guinée. Le peuple se trouve tout entier face à un homme qui s’est décidé à semer mort et désolation dans notre beau pays. Le président Alpha Condé, après s’être pris pour Mandela, a décidé de devenir Bokassa.
Il a décidé de changer de Constitution, non content de l’actuelle qui en son article 27 dispose: «en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non».
En effet, il impose aux 12 millions de Guinéens une constitution qui satisfait l’ambition d’un seul, la sienne, puisqu’elle lui permettra de rester encore 12 ans au pouvoir, jusqu’en 2032. En toute illégalité et sans concertation, il a décidé de coupler le référendum sur cette Constitution illégitime avec les élections législatives qui sont boycottées par l’ensemble des principaux partis politiques d’opposition. Ces deux scrutins ont été annoncés pour le dimanche 1er mars prochain, mais nul doute que le peuple de Guinée s’opposera en masse à ce coup d’État constitutionnel.
Depuis le 14 octobre, le peuple de Guinée, à l’initiative du FNDC, manifeste en masse pour que ce projet de nouvelle Constitution soit retiré et qu’Alpha Condé accepte de céder le pouvoir, tel que le prescrit notre loi suprême. Ces protestations d’une ampleur inédite depuis l’indépendance de notre jeune Guinée, ont été réprimées dans le sang par un pouvoir qui n’a pas hésité à faire tirer sur ses filles et ses fils. 39 Guinéens ont ainsi été assassinés par les forces du (dés)ordre, dont 37 par balle. Le dernier en date est le jeune élève de 17 ans, tiré d’une balle par la police, le jeudi 19 février, il succomba à ses blessures le 21 février. Rimbaud écrit: on n’est pas sérieux quand on a 17 ans…et nous nous disons : on ne meurt pas assassiné à 17 ans.
Malgré les morts et les protestations unanimes, Alpha Condé ne veut pas reculer. Il pense pouvoir se passer de l’avis du peuple de Guinée et décider seul, avec son clan, de son maintien au pouvoir. Il a même ordonné à ses milices : « quiconque saccage un bureau de vote, frappez-le ». Ce cycle infernal de violences, le FNDC a tout fait pour l’arrêter. Il a même accepté une trêve à la demande des religieux, tandis qu’Alpha Condé s’enfermait dans son palais et son jusqu’au-boutisme. La communauté internationale elle-même a réprouvé les agissements d’Alpha Condé. Le parlement européen, dans une résolution adoptée le 13 février 2020, a condamné « la répression et toutes les violences et assassinats qui ont eu lieu » et exprimé « sa solidarité avec les mobilisations populaires ».
Alpha Condé est devenu sourd, autant à la volonté de son propre peuple qu’aux suppliques de la communauté internationale. Il est prêt à marcher sur des cadavres pour perpétrer son coup d’état constitutionnel. Le FNDC, fidèle à sa stratégie de résistance active et permanente, a décidé de recourir à tous les moyens pacifiques pour l’obliger à faire marche arrière. « Il faut mieux faire un pas avec le peuple plutôt que dix sans le peuple » proclamait Thomas Sankara.
Que les filles et les fils de Guinée sachent qu’aucune communauté internationale, aussi bien intentionnée soit-elle, ne mènera le combat à leur place. Ce sera à chacun des 12 millions de Guinéens, de se lever pour chasser les tyrans et reconquérir la souveraineté qui lui revient de droit; comme nous l’avons fait si souvent dans notre Histoire.
Les modalités pratiques de cette phase déterminante de la lutte seront annoncées dès le début de cette semaine.
Peuple guinéen, tiens-toi débout.
Ne manquons pas notre rendez-vous avec la liberté.
Ensemble, unis et solidaires, nous vaincrons!
Conakry, le 23 février 2020