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L’ANAFIC : la dernière carte des imposteurs

Ces temps-ci nous constatons avec regret que l’Agence Nationale de Financement des Collectivités – ANAFIC est devenue un véritable instrument de propagande, de pression et de manipulation des élus locaux au détriment de l’objectif réel du programme qui est le soutien au développement local.

Des ministres et fonctionnaires véreux sont en train de sillonner les régions pour des cérémonies de pose de première pierre qui n’auront probablement jamais de suite en termes de réalisations. L’objectif est de faire miroiter des chantiers d’infrastructures présentés aux populations locales sous forme de dons du Président de la République en échange de leur soutien au projet de changement de constitution qui permettrait à ce dernier de se maintenir ‘Ad Vitam Aeternam’ au pouvoir. En somme, soutien au putsch constitutionnel contre des « hypothétiques » infrastructures pour les localités : Voilà le deal qui se cache derrière l’ANAFIC, véritable outil de pression et de chantage d’une gouvernance en déliquescence.

Quels étaient et quels doivent être l’esprit, le mode de fonctionnement et les objectifs du programme ANAFIC ?

L’ANAFIC et le Fonds National pour le développement local (FNDL) sont des instruments de financement de la décentralisation et du développement local. Ils ont été créés pour faciliter l’opérationnalisation des politiques publiques nationales en matière d’éducation, de santé, d’hydraulique, de gestion des ressources naturelles, de développement rural et d’aménagement du territoire dans les collectivités locales. L’impact majeur attendu à travers ces instruments est l’amélioration de l’économie locale et l’augmentation du niveau d’accès aux services publics pour les populations à la base. En résumé, c’est un programme qui vise à assurer une meilleure redistribution de la richesse nationale.

D’après le cadre de référence (instruments législatifs, supports de description, TDR et cahier de charges), L’ANAFIC est entre autres, chargée de mobiliser pour le FNDL, les ressources intérieures et extérieures, de financer des projets d’investissements dans les collectivités locales ou de coopération inter-collectivités qui sont éligibles au FNDL et assurer leur accompagnement technique. L’agence est également chargée de collecter en faveur des collectivités locales, les dotations budgétaires sectorielles affectées aux compétences transférées et veiller à leur inscription effective au FNDL.

  • Dotations de structure : Ces dotations sont constituées d’un montant fixe de base d’un milliard de Franc guinéen pour chacune des communes, hors celles de Conakry.
  • Dotations par tête d’habitant : Elles sont indexées sur la population avec un montant fixe par habitant pour toutes les collectivités locales exception faite de celles de Conakry.

Les appuis financiers de l’ANAFIC sont l’Agence Française de Développement à travers le PANAFIC et la Banque mondiale à travers le Projet de Gouvernance Locale (PAGL).

Quelle est la stratégie de manipulation des promoteurs du changement constitutionnel ?

La présidence aurait décidé d’octroyer des primes mensuelles d’encouragement

  • aux gouverneurs (10 millions/mois/gouverneur);
  • aux préfets (7 millions/mois/préfet) ;
  • aux sous-préfets (4 millions/mois/sous-préfet)

Et cela sous des prétextes vagues du genre faciliter leur “mission”. Une façon de non seulement motiver les administrateurs territoriaux qui sont des relais pour les imposteurs mais aussi de couvrir le détournement des ressources et des objectifs du programme.

La méthode consisterait à informer les populations de l’existence du financement; ensuite les manipuler en leur faisant croire que la réalisation des projets dépend de la survie politique du président Alpha Condé. Et les élus locaux sont ainsi mis à contribution pour recevoir la mission gouvernementale composée très souvent des cadres natifs de la localité en question.

Les élus indépendants ou ceux de l’opposition sont souvent mis devant les faits accomplis car ils se trouvent qu’au préalable des cadres originaires de la localité ont déjà effectué des missions discrètes auprès des populations pour leur faire croire qu’ils sont dans la confidence du président et que celui-ci serait préoccupé par le sort de leur localité. Ensuite ils leur annoncent l’arrivée imminente de ses émissaires. Une façon de leur demander de mettre la pression sur leurs élus afin qu’ils s’associent au projet de nouvelle constitution autrement ils seront tenus pour responsables du fait que leur localité soit privée des infrastructures du programme. Certains cadres vont jusqu’à dire aux populations locales que si elles ne coopèrent pas, ils risquent de perdre leurs postes et avantages car le président considérera cela comme une trahison de leur part.

Les élus locaux, déjà étouffés par l’administration à travers la confiscation de leurs prérogatives essentielles et la restriction de leur marge de manoeuvre, ayant la pression de la population en plus, se disent que ce programme est leur dernière opportunité pour faire des “résultats” sur le terrain. C’est ainsi qu’ils tombent dans le piège.

Au-delà du fait qu’ils s’enrichissent énormément dans ces manœuvres, voilà comment des ministres malhonnêtes s’illustrent dans cet exercice abandonnant les priorités sectorielles pour lesquelles ils sont payés par l’argent du contribuable.

Que cherche Alpha Condé et Que faut-il faire donc ?

N’ayant pas pu obtenir les illustrations d’un soutien populaire à son projet illégal, le président voudrait l’avoir à travers cette dernière manoeuvre par des images et vidéos des déclarations des élus locaux pour brandir cela comme étant une demande des populations par leurs représentants directs.

C’est pourquoi il faut engager urgemment des actions pour étouffer cette énième stratégie :

– Sensibiliser suffisamment les populations locales et leurs élus pour ne pas qu’ils cèdent à la manipulation et à la pression. Pour cela il faut leur faire comprendre qu’aucune disposition de la loi ne leur fait obligation d’organiser des réceptions publiques pour la visite d’un ministre, gouverneur, préfet ou sous-préfet ;

– Renforcer la vigilance et la capacité de reaction des populations contre toutes les manoeuvres illégales des cadres imposteurs dans leurs tournées de propagande ;

– Alerter les principaux partenaires techniques et financiers dont l’Agence française de développement AFD et la Banque Mondiale sur la dilapidation des fonds alloués et le détournement de l’esprit du programme ANAFIC.

 

Aliou BAH

 

Président de l’Organe Provisoire du MoDeL

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