Au lendemain des indépendances africaines en 1960, beaucoup de pays ont été confrontés à la pénurie soudaine de cadres dans divers secteurs de l’administration.
Le départ des administrateurs coloniaux, du jour au lendemain, a été un facteur de dysfonctionnement de l’administration dans de nombreux pays. Le continent a longtemps pleuré cette insuffisance du nombre d’intellectuels pourtant indispensables à son développement et pour sa souveraineté.
Soixante ans après, l’Afrique regorge de hauts cadres et d’intellectuels experts dans tous les domaines du savoir et de la connaissance. Malgré cela, force est malheureusement de reconnaître que le continent est aujourd’hui plus mal géré qu’il ne l’a été durant les périodes difficiles militaro-dictatoriales. S’il y a des disparités importantes entre les pays du continent, il est regrettable de constater que de manière générale, l’Afrique reste à la traîne en matière de développement au regard son immense potentiel.
Mais pourquoi l’Afrique « démocratique » a-elle autant de difficultés à décoller ? À la réponse à cette question, beaucoup de thèses sont développées par les africains qui peinent apparemment à diagnostiquer leur véritable souffrance. Des théories souvent les plus complotistes les unes que les autres sont avancées : la main cachée de l’occident, l’ingérence étrangère, le néocolonialisme, la France-Afrique, le FMI, la Banque Mondiale, la colonisation, la traite des noirs, tel ou tel pays, etc. On accuse et on pointe la responsabilité sur tout et n’importe quoi. C’est une triste victimisation qui n’a plus raison d’être.
Le principal et unique responsable de cette situation de malheur est l’élite dirigeante africaine. Bardés de diplômes et de titres honorifiques de tout genre (docteur, professeur, etc.), ces chefs d’états font de la confiscation du pouvoir leur cheval de bataille. Dans cette logique maléfique, tous les stratagèmes sont employés. Sans qu’elle ne soit limitative, voici une liste de quelques entourloupettes utilisées :
- Intimidation, assassinat et disparition de journalistes ;
- Fermeture de média (radio ou sites internet);
- Blocage d’internet et de réseaux téléphoniques ;
- Menaces sur artistes ;
- Division ethnique et régionaliste ;
- Simulation de coup d’état ;
- Confiscation de biens d’opérateurs économiques ;
- Étouffement d’entrepreneurs non affiliés au pouvoir ;
- Soudoiement de religieux et de leaders d’opinion ;
- Dépravation des institutions républicaines ;
- Emprisonnement d’opposants politiques ;
- Refus d’agréation d’associations et de partis politiques ;
- Répression et assassinat de populations civiles ;
- Chantage à l’emploi et à la promotion de fonctionnaires ;
- Corruption de militaires ;
- Tripatouillage d’élections et manipulation de résultats ;
- Transmission « dynastique » de pouvoir ;
- Réforme constitutionnelle inopportune et suppression de verrou de 3ème mandat ;
- Etc
Face à cette affligeante situation, il est peut-être temps que les africains réfléchissent à des modes de gouvernance adaptés aux spécificités des états et des communautés qui les composent.
Le système démocratique tel qu’il fonctionne aujourd’hui dans la plupart des Etats africains est à bout de souffle. On ne peut hélas plus rien attendre de positif de ces systèmes et les exemples d’échecs sur le continent sont assez nombreux pour le confirmer.
Abdoul Diaïla BAH
Liège, Belgique