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La Cop29 en Azerbaïdjan s’annonce dans un scandale

« S’il est heureux que les États se réunissent en novembre pour relever ensemble le défi climatique, il serait scandaleux que cette Cop29 se tienne en Azerbaïdjan comme si de rien n’était », s’insurge Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale de Ouest-France. Elle rappelle que « cette dictature criminelle accomplit un nettoyage ethnique, détient des otages arméniens, torture à mort, multiplie les arrestations d’opposants et de journalistes, menace militairement l’Arménie. »

S’il est heureux que les États se réunissent en novembre pour relever ensemble le défi climatique, il serait scandaleux que cette Conférence mondiale sur le climat (Cop29) se tienne en Azerbaïdjan comme si de rien n’était. Car cette dictature criminelle accomplit un nettoyage ethnique, détient des otages arméniens, torture à mort, réprime sa société civile, multiplie les arrestations d’opposants et de journalistes à l’approche de la Cop29, menace militairement l’Arménie, appelée « Azerbaïdjan de l’Ouest » par le président Ilham Aliev !

Dans ces conditions, tenir la Cop29 à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, ne peut qu’apparaître comme un feu vert donné à ce régime à l’idéologie génocidaire et aux actes belliqueux connus de tous.

Pratique endémique de la torture

Peut-on faire comme s’il n’avait pas causé le déplacement forcé des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh, l’année dernière ? Aurait-on oublié le blocus de plus de neuf mois qu’il a sciemment organisé, conduisant à la mort de civils ? Fermerons-nous les yeux sur ses crimes documentés : utilisation d’armes incendiaires et chimiques ; tortures filmées, diffusées ?

« Les preuves que nous avons recueilli témoignent d’une pratique endémique de la torture dans les prisons d’Azerbaïdjan », explique Arman Tatoyan, ancien défenseur des droits humains d’Arménie. La vie des vingt-trois otages arméniens détenus par le régime est menacée : « Leur libération doit être immédiate. » Parmi eux, huit hauts responsables politiques du Haut-Karabakh.

La Cop29 se tiendrait donc à quelques encablures des prisons où souffrent ces otages et plus de 300 prisonniers politiques azerbaïdjanais, qui subissent tortures et traitements dégradants ? On ferait des discours sur l’avenir de la planète pendant que l’Azerbaïdjan détruit des forêts désignées « réserve d’État » pour leur biodiversité et poursuit le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh ?

La haine des Arméniens

Les images satellites montrent la destruction du patrimoine culturel arménien : des églises, des cimetières, des villages, les pierre-croix… : « Le régime d’Aliev est en train de détruire les traces d’une histoire millénaire. […] C’est un processus de colonisation. Nous souhaitons pouvoir retourner sur nos terres », crie dans le désert Artak Beglaryan, ex-ministre d’État du Haut-Karabakh.

Le régime azerbaïdjanais fait monter dans son pays la haine des Arméniens :  « Le génocide n’est pas terminé »,  déclare l’avocat Karnig Kerkonian, expert en droit international. En août 2023, déjà, l’ex-procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, alertait sur « le génocide en cours ».

Forte en parole, la France doit agir au nom des droits de l’homme. Surtout après l’assassinat sur notre sol d’un opposant azerbaïdjanais et les menées hostiles de ce régime en Nouvelle-Calédonie.

Libérer les otages

La libération immédiate des otages, l’envoi d’une mission sur le patrimoine arménien et la garantie du retour des Arméniens au Haut-Karabakh sous protection internationale devraient être obtenus avant l’ouverture de la Cop29. Ou alors celle-ci devrait être boycottée par les États démocratiques : « La Cop29 ne devrait pas être le symbole de l’impunité de l’Azerbaïdjan mais l’opportunité pour les dirigeants internationaux de le mettre face à ses responsabilités » , rappelle Artak Beglaryan.

Ne rien faire serait abandonner lâchement les otages et les Arméniens déplacés de force. Cela discréditerait les démocraties préférant leurs intérêts économiques à la défense des droits de l’homme. Cela affaiblirait davantage les Nations unies et le droit international, si malmené. Les perspectives de paix reculeraient encore dans cette région si sensible.

 

Par Ouest-France