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La COP16 se termine sans aucune stratégie de financement de la biodiversité, déplore Brian O’Donnell, directeur de Campaign for Nature

La 16ème conférence de l’ONU sur la biodiversité a pris fin ce samedi 2 novembre à Cali en Colombie avec une avancée sur les peuples autochtones et les communautés locales, mais les résultats de la COP16 sur le financement de la biodiversité ont été épouvantables. Les négociateurs se sont séparés sans pour autant adopter un véritable plan d’alimentation d’un fonds permettant aux pays du Sud à restaurer la biodiversité et la nature.

Déclaration. Cali, Colombie (2 novembre 2024) – Certaines questions ont été avancées à la COP16, et la présidente de la COP, la Colombie, et les Parties à la Convention méritent d’être félicitées pour avoir progressé dans un climat de négociation difficile, en particulier avec l’adoption historique d’un organe subsidiaire pour les peuples autochtones et les communautés locales, qui donne aux peuples autochtones et aux communautés locales un plus grand rôle pour influencer les résultats de la Convention, et pour avoir créé un mécanisme qui obligera enfin les entreprises à payer leur juste part pour l’utilisation de la biodiversité (en faisant progresser le partage des avantages dérivés des informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques avec les pays et les populations où elles ont été acquises, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales via un Fonds Cali nouvellement créé). Des partenariats et des actions impressionnants ont également été mis en place en dehors des négociations officielles de la COP par des peuples autochtones et des communautés locales, des organisations de la société civile, des scientifiques, des philanthropes, des gouvernements infranationaux et des pays individuels qui font progresser la conservation de la nature.

En évaluant les résultats de la COP16, il est important de garder à l’esprit l’ampleur de la crise de la biodiversité. Un tiers des espèces d’arbres sont menacées d’extinction. 90 % des stocks mondiaux de poissons marins sont désormais pleinement exploités ou surexploités. La déforestation a augmenté l’année dernière et les scientifiques ont averti que la perte continue de biodiversité risquait d’accroître les pandémies. Il n’existe aucun moyen d’atteindre les objectifs mondiaux en matière de biodiversité et de climat sans préserver au moins 30 % des terres et des océans de la planète et combler l’énorme déficit de financement de la biodiversité.

Malheureusement, trop de pays et de responsables de l’ONU sont venus à Cali sans l’urgence et le niveau d’ambition nécessaires pour garantir des résultats à la COP16 afin de résoudre le problème existentiel le plus urgent de notre espèce.

L’absence de progrès en matière de financement face à une perte de biodiversité sans précédent maintient le monde sur la voie de la disparition de la nature et de l’extinction des espèces. Chaque COP doit faire preuve d’ambition, de progrès rapides et d’une coopération mondiale accrue. Nous avons dépassé le stade où les demi-mesures suffisent. À l’avenir, les dirigeants gouvernementaux doivent faire de la biodiversité une priorité politique beaucoup plus importante, en particulier dans les finances publiques. Il n’y a pas de problème plus important que d’assurer un avenir viable à toute vie sur Terre.

La suspension de la COP sans aucune stratégie de financement convenue est alarmante. Les gouvernements doivent immédiatement mettre en place un leadership politique de haut niveau pour créer un plan d’action pour les politiques et le financement nécessaires à la réalisation des objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité. Ils n’ont pas besoin d’attendre une réunion intersessions ou la prochaine COP pour agir de toute urgence, et j’encourage les pays à aller bien au-delà des mesures minimales prises lors de la COP16 et à montrer plutôt aux enfants du monde et à toutes les espèces avec lesquelles nous partageons la planète que nous nous soucions de leur avenir et que nous agirons de toute urgence pour garantir une planète vivable.

Les pays devront désormais placer la nature, et en particulier le financement de la nature, plus haut sur la liste des priorités lors de la COP sur le climat qui se tiendra à Bakou ce mois-ci et le relais sera également transmis au Brésil pour conduire cet agenda jusqu’à la COP30.

 

Par Brian O’Donnell, directeur de Campaign for Nature