Bernard Cazeneuve a rejeté ce lundi 3 avril la demande qu’il juge « irréaliste » des meneurs du mouvement social en Guyane de porter à 2,5 milliards d’euros le plan d’urgence du gouvernement, en appelant à « renouer les fils du dialogue » après l’échec des négociations.
Un Premier ministre qui multiplie les clins d’œil mais qui reste ferme sur le montant de l’enveloppe attribuée. « J’ai un attachement particulier à la Guyane », insiste le chef du gouvernement avant d’en appeler à la « levée des barrages ». Un appel à la raison martelé par tous les ministres présents à ce mini-sommet. Pour l’Education, la ministre Vallaud-Belkacem a annoncé que 30 postes supplémentaires seront accordés à l’université de Guyane.
Du côté de la sécurité, Mathias Fekl annonce le déploiement de 50 gendarmes supplémentaires cette année, de 90 à partir de 2018. Sur le plan de la santé, Marisol Touraine rassure sur le centre hospitalier de Korou, dont la Croix-Rouge avait envisagé une cession au privé. L’avenir du centre s’inscrira dans le cadre d’une mission de service public, indique la ministre des Affaires sociales.
« Il serait (…) aisé de céder à la facilité et de promettre des mesures et des aides financières d’un montant irréaliste puis d’en laisser la charge et la responsabilité à un autre gouvernement. Ce n’est pas la conception que nous avons de la responsabilité dans la République », a déclaré le Premier ministre à Matignon, à l’issue de la réunion rassemblant les ministres.
« J’en appelle encore une fois à la raison et à la levée des barrages. Bloquer la Guyane, bloquer son économie, bloquer ses écoles, bloquer ses services publics, ce n’est pas ainsi que l’on peut préparer l’avenir », a poursuivi Bernard Cazeneuve. « Nous avons entendu nos compatriotes guyanais », a affirmé le Premier ministre, qui a détaillé le plan de plus d’un milliard d’euros proposé par le gouvernement, dont les engagements doivent être « actés » mercredi 5 avril en Conseil des ministres.
On ne gouverne pas en extrapolant des chiffres
La mobilisation se durcit en Guyane
« Non, ce n’est pas irréaliste, puisque monsieur le président de la République est venu ici en Guyane, et lorsqu’il a évalué ses besoins, il avait parlé de 4 milliards. Ça, c’était une réalité. Donc, trois ans après le pacte d’avenir qu’il devait nous fournir, on ne l’a toujours pas vu. Et c’est ce qui a provoqué tout ce qui se passe aujourd’hui. Et maintenant qu’est-ce qu’on nous dit ? De nous calmer, de lever les barrages. Mais ça ne peut pas se faire puisque nous avons fait nos calculs et aujourd’hui, réellement, pour pouvoir arrêter les barrages, il faut qu’on ait ces 2,5 milliards pour pouvoir apurer totalement et relancer. Sans cet argent, on ne pourra pas », a déclaré à RFI un fonctionnaire guyanais retraité.
Le collectif « Pour la Gwiyann dékolé » (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l’ensemble des mouvements protestataires, avait annoncé dimanche un durcissement de la mobilisation, expliquant rentrer « dans un rapport de force avec l’Etat » après le départ de la ministre des Outre-mer.
RFI