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Guinée : s𝘂𝗿𝗳𝗮𝗰𝘁𝘂𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗮𝗿𝗻𝗮𝗾𝘂𝗲 𝗮𝘂𝘁𝗼𝘂𝗿 𝗱𝘂 𝘀𝘂𝗽𝗽𝗼𝘀é é𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝗕𝗮𝗺𝗯𝗲𝘁𝗼 𝗾𝘂𝗶 𝗻’𝗲𝘀𝘁 𝗻𝗶 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗻𝗶 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗾𝘂’𝘂𝗻 𝗽𝗼𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗶𝗮𝗻𝗲𝘀 𝗲𝗻 𝗯𝗲́𝘁𝗼𝗻

Tribune. 𝗗𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗲 𝗺𝗼𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗷𝘂𝗻𝘁𝗲 𝗮𝘂𝘅 𝗺𝗮𝗶𝗻𝘀 𝗲𝗻𝘀𝗮𝗻𝗴𝗹𝗮𝗻𝘁𝗲́𝗲𝘀, 𝗲𝘁 𝗮𝗿𝗺𝗲́𝗲 𝗱𝗲 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗼𝗰𝗿𝗶𝘁𝗲́? Ce supposé échangeur, réalisé, selon le CNRD, à 245 millions de dollars, soit 149 milliards de CFA source est la preuve éloquente et l’illustration parfaite d’une surfacturation inédite et un pillage systématique des ressources du pays derrière la course effrénée vers les chantiers.

La Guinée est un pays singulier à tout point de vue ; un pays de tous les paradoxes. Dotée d’immenses ressources naturelles au point d’être qualifiée de scandale géologique, mais citée parmi les pays les plus pauvres de la planète. La Guinée est aussi le pays de l’inversion de toutes les valeurs ; un pays où des voyous sont portés aux nues et les hommes vertueux voués aux gémonies.

Les responsables du CNRD ne cesseront jamais d’étonner, et pourtant le peuple devrait être exigeant à l’égard de ses dirigeants, c’est en cela qu’il acquiert le respect.

Et en tant que citoyens, vous devriez avoir l’œil vif sur la gouvernance de vos dirigeants. C’est un droit constitutionnel et un devoir républicain de contrôler l’action publique et d’obliger cette même puissance à nous rendre des comptes.

À cet effet, concernant l’autopont de Bembeto, plusieurs questions méritent d’être posées. Des questions légitimes que tout bon citoyen devrait se poser.

Parmi toutes ces questions, c’est de savoir est-ce qu’une telle réalisation peut coûter 245 millions de dollars, en tenant compte de toutes ses complexifiés ? Cette question est d’autant légitime que la question de savoir le montant réel de sa réalisation.

En guise d’illustration, le cas du pont Henri Konan Bédié (HKB) en Côte d’Ivoire, construit en 2014 pour un coût global de 152 milliards FCFA, et dont la gestion du péage a été confiée à SOCOPRIM. Selon les données consultées par Sika Finance en 2022, cet ouvrage est long de 1 500 m.

Qu’est-ce qui se cacherait derrière ce montant vertigineux qui ne correspond pas à l’infrastructure livrée aux guinéens, au mépris de la procédure normale ?

À bien y réfléchir, l’on est amené à se poser l’inévitable question de savoir si la société guinéenne n’est pas un terreau fertile pour l’émergence et la promotion d’individus de petite vertu et qui, péché suprême, parviennent à se hisser haut pour gérer des affaires publiques.

Un pays où la morale et la vertu se sont volatilisées, laissant place à un océan de compromissions inimaginables. Parfois, tu en arrives, à ton corps défendant, à douter de ton appartenance à cette nation dévoyée.

Un pays où les prétendus champions de la morale sont en réalité bien plus véreux que ceux qu’ils accusent d’enrichissement illicite, constituant une mafia tentaculaire, sans scrupules, qui n’a rien à envier à la Ndrangheta, l’organisation criminelle la plus redoutable au monde.

Une société où les citoyens, devenus spectateurs de leur propre désespoir, subissent en plein jour et sans aucune réaction.

La Guinée, c’est aussi ce pays qui marche à contresens de la logique. Le pays des contradictions criantes, des paradoxes abyssaux, des désenchantements permanents, des rendez-vous manqués avec l’Histoire, des rêves brisés.

Un pays enfoncé dans une crise morale d’une profondeur vertigineuse, où la déchéance collective s’accélère chaque jour un peu plus.

Mais que peut-on espérer d’un pays où l’excellence est piétinée, où l’éducation est sacrifiée, où le droit à la vie, ce droit fondamental, est désacralisé, et où l’échelle des valeurs est irrémédiablement renversée ?

Mais toutes ces situations posent encore une fois la nécessité pour les Guinéens de s’interroger sur ce qu’ils veulent pour eux-mêmes et souhaitent léguer à leurs enfants et petits-enfants. Un pays où n’importe qui peut s’octroyer le titre d’homme d’État s’éloigne totalement et dangereusement d’une société fondée sur des valeurs et compromet les générations futures.

Quand serions-nous sérieux dans ce pays où la corruption et l’enrichissement d’État, l’arbitraire et l’injustice ont toujours été des marques constantes de gouvernance ? Comme disait l’autre  ‘’ notre société est devenue si profondément malhonnête que la vérité offense ‘’

➡. Caractéristique de l’autopont de Bemboto : L’infrastructure est composée d’un pont à 2×2 voies, un passage souterrain 2×1 voies, ainsi qu’un niveau intermédiaire (rond-point giratoire).

Coût: 246 millions de dollars, soit 149 milliards de FCFA

➡. Caractéristiques du pont Henri Konan:

Plus qu’un pont, il s’agit d’un véritable complexe autoroutier, long de 6,7 km si l’on inclut les échangeurs qui y mènent. Trois fois deux voies sur 1,5 km pour le pont stricto-sensu, un péage de 21 pistes, et un échangeur digne des métropoles américaines, comprenant 16 tabliers sur trois niveaux.

Coût: Pont Henry Konan Bédié d’Abidjan, 152 milliards de FCFA

 

𝗦𝗘𝗞𝗢𝗨 𝗞𝗢𝗨𝗡𝗗𝗢𝗨𝗡𝗢