Fils unique d’Alpha Condé, président guinéen Mohamed Alpha Condé, formé dans les écoles en France et aux Etats-Unis, n’a jamais réussi à prendre goût à la politique, malgré l’ascenseur renvoyé par son père. Au costume de dauphin de papa, il préfère celui de banquier du clan Condé. En image Alpha Condé assis et son fils Mohamed à son coté
Dans l’ombre du père
Si la Guinée avait été un royaume ou émirat, Mohamed Alpha Condé, 50 ans, aurait pu prendre le titre de dauphin naturel ou de prince héritier. Né en France d’une liaison entre Alimata Koné, sœur aînée de la chanteuse renommée ivoirienne Aicha Koné, MAC, comme l’appellent certains de ses compatriotes en référence à ses initiales, aura eu une enfance tranquille, éduquée surtout par sa mère, ancienne hôtesse de l’air de la défunte compagnie aérienne Air Afrique. Sur les conseils de sa mère, il part ensuite étudier aux Etats-Unis où il obtient un MBA en commerce de la prestigieuse la Thunderbird School of Global Management à Glendale, dans l’Arizona.
Du business à la politique
Celui qui n’était alors que le fils du plus célèbre opposant à Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante, commence à travailler dans des multinationales de l’automobile, de la pharmacie, du trading et du conseil. Son parcours professionnel l’amène à poser ses valises aux quatre coins de la planète, notamment en France, aux Etats-Unis et au Brésil qui finit par devenir sa quatrième patrie après la Guinée, la Côte d’Ivoire et la France. Le fils unique du président Alpha Condé en profite pour apprendre, en plus du français et de l’anglais, l’espagnol et le portugais, quatre langues qu’il parle aujourd’hui couramment. C’est finalement la politique qui va sceller les grandes retrouvailles entre Alpha et Mohamed Condé. Absorbé par son combat politique, le président n’a pas eu le temps de s’occuper vraiment de son fils unique. Porté par les vissicitudes de la carrière internationale, le fils n’a pas non plus eu le temps de se rapprocher de son père. En 2010, tous deux se retrouvent à Conakry où Alpha Condé est donné comme un des favoris de la première élection présidentielle démocratique de Guinée. Après un scrutin controversé, l’ancien opposant historique devient président de la république. MAC accompagne alors son père dans ses déplacements internationaux, lui servant d’interprète lors des échanges en anglais, portugais et espagnol. En 2011, il devient Conseiller et Chargé de mission à la présidence de la république de Guinée. Derrière ces titres suffisamment vagues, se cache le grand pouvoir d’influence du fils sur le père.
Une fixation sur les mines
MAC chuchote à l’oreille de son père. Des ministres, des directeurs généraux et des investisseurs étrangers se confient à lui pour faire passer des messages à papa. Mohamed Alpha Condé choisit surtout de jeter son dévolu sur le secteur stratégique des mines. Troisième producteur mondial de bauxite avec 17% (derrière l’Australie 25%, la Chine 20%), la Guinée regorge aussi de l’or et du fer. Afin de ne pas trop apparaître et susciter des critiques acerbes, Mohamed Alpha Condé fait nommer par son père ses hommes de confiance à la tête du département ministériel des mines ainsi que des sociétés publiques en charge de ce secteur. C’est lui qui encaisse les dividendes du clan familial dans l’exploitation des ressources minières. C’est surtout MAC, en bon connaisseur des rouages de la finance internationale, qui s’occupe de les placer à Dubaï et au Brésil via des sociétés-écran et des prête-noms. Une autre partie du trésor familial est investie en Côte d’Ivoire, pays de la mère du fils unique d’Alpha Condé. Echaudé par l’enquête préliminaire ouverte en 2015 par le parquet financier de Paris des chefs « abus de biens sociaux et des détournements de fonds publics », le clan Condé ne place pas ses avoirs en France. A la très grande différence de son père, Mohamed Alpha Condé n’est pas une bête politique. Il préfère le secret des échanges d’affaires dans les salons dorés des grands hôtels européens, asiatiques ou américains ou des villas cossues de grandes capitales africaines aux coups à prendre en politique.
Par Francis Sahel in Mondafrique