Depuis quelques mois, l’environnement socio-politique de la Guinée est détérioré par la junte. Le putschiste et ses sbires se livrent à des pratiques destructives visant les acteurs de la société civile, les leaders politiques et les journalistes.
En Guinée, le climat politique inquiète de nombreux observateurs. Ce mercredi 6 novembre, une campagne de vulgarisation du projet de Constitution a été lancée. Et certains redoutent que celle-ci soit une manœuvre de la junte pour conserver le pouvoir.
Moussa BALDÉ, président du parti REM, par ailleurs membre de l’ANAD, analyse la situation politique qui prévaut en Guinée, avec la disparition et les enlèvements d’acteurs de la société civile, mais aussi la vulgarisation du projet de nouvelle Constitution qui, pour lui, il n’y a aucun doute que Mamadi Doumbouya et son CNRD donnent suffisamment de signaux de leur volonté de confisquer le pouvoir.
« À la REM, nous redoutons une confiscation du pouvoir par la junte militaire. » « Depuis quelques mois, les putschistes se livrent à une pratique qui prouve à suffisance qu’ils veulent instaurer une dictature qui est similaire à la douloureuse époque du premier régime guinéen sous Sekou Touré », fait-il savoir, non sans ajouter que le CNRD règne sur la Guinée comme s’il est en terrain conquis où seul le désir de son chef compte. D’ailleurs, dit-il, certains ministres, notamment de la jeunesse et du sport, mais aussi du tourisme, commencent à dire qu’ils ne sont plus en transition, mais plutôt en « réfondation », et cela ne laisse aucun doute sur leurs velléités.
Une campagne de vulgarisation de l’avant-projet de Constitution a été lancée ce mercredi 6 novembre. Comment trouvez-vous ce texte ? Parmi les articles controversés, il y a la possibilité d’une candidature de Mamadi Doumbouya pour la présidentielle. N’est-ce pas contraire aux engagements pris par le CNRD?
À en croire M. Baldé, le président du CNT (Conseil national de la transition) multiplie les sorties pour distraire l’opinion publique et sa dernière trouvaille, c’est cette annonce d’une campagne sur la vulgarisation de l’avant projet de la constitution, alors que le même CNT avait fait une autre tournée sur toute l’étendue du territoire aux frais du contribuable guinéen en début d’année pour la vulgarisation de ce même avant projet. Pour lui, il est incompréhensible de voir l’ampleur de l’amateurisme dont font montre les institutions de transition, en tête desquelles le CNT, qui depuis 3 ans est incapable de fournir un projet de constitution, mais engloutit des fonds pour vulgariser un brouillon.
« Cela démontre que Mamadi Doumbouya et ses acolytes ne veulent pas d’une transition inclusive et réussie ». L’omission délibérée par le CNT de reconduire les articles 46, 55 et 65 (interdisant au président de la transition des membres du gouvernement et du CNT de se porter candidats aux élections locales, nationales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition) de la charte de la transition au sein de l’avant projet de la constitution est une haute trahison du serment du soldat Mamadi Doumbouya et dont l’objectif est de lui ouvrir la voie à une éventuelle candidature à la présidence de la république.
Les Guinéens s’attendaient à un Johny Rawlings vu le discours et les engagements pris lors du coup d’État en septembre 2021, mais hélas, l’espoir n’a pas trop duré !
Il faut noter que les observations des acteurs politiques n’ont pas été prises en compte, mais ils lancent néanmoins une campagne de communication, une occasion pour eux de dilapider le peu de ressources que le pays dispose, c’est malheureux.
C’est pourquoi, dans la république émergente et moderne, nous pensons que la gouvernance actuelle ne correspond pas à notre vision où la gestion des ressources doit être transparente, la redevabilité une réalité et dont les citoyens auront accès à la méthode de gestion via des outils adaptés.
« La Guinée traverse une crise à la fois politique et économique, tous les indicateurs macroéconomiques démontrent que le pays a franchi la ligne rouge avec un déficit budgétaire considérable », regrette-t-il .
« Selon la Banque mondiale, l’augmentation des dépenses d’investissement et des paiements d’intérêts, combinée à une légère baisse des recettes due à l’impact de l’explosion sur le secteur non minier, creuse le déficit budgétaire, qui devrait atteindre 3,0 % du PIB d’ici à la fin de l’année 2024. »
Au même moment, le Gabon, qui a connu un coup d’État en 2023, s’apprête à organiser son référendum en novembre 2024, mais la Guinée continue à naviguer à vue sur un terrain glissant.
La boussole annoncée au début de la transition semble perdue à jamais. Le membre de l’ANAD porte un regard critique sur les pratiques d’enlèvements en Guinée.
« Depuis quelques mois, nous assistons à une vague d’enlèvements et de kidnapping des citoyens guinéens (civils et issus des forces de défense et de sécurité), notamment le colonel Célestin Bilivogui, qui après un an de disparition forcée, son corps a été montré à son épouse le 26 septembre 2024 et cela rend très inquiétant. »
le cas de disparition forcée des leaders de la société civile FNDC Foniké Mengué et de Billo BAH en ce sens que, comme vous venez de rappeler, depuis 4 mois, aucune information n’est disponible sur leur sort », explique-t-il.
Selon lui, à la REM, ces cas de disparitions inquiètent à plus d’un titre, d’autant plus que le porte-parole du gouvernement a déclaré il y a quelques semaines en conférence de presse que « … que des adultes peuvent disparaître… » et que nous ne voyons aucune enquête sérieuse pour les retrouver.
Le 17 octobre dernier, un ancien haut fonctionnaire sous l’ère Alpha Condé, a été enlevé. Le citoyen Sadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des mines et de la géologie a été kidnappé en pleine journée à Kaloum, le centre administratif du pays.
Il rappelle à cet effet au CNRD et à son gouvernement que la disparition forcée est un crime contre l’humanité selon l’article 7 du statut de Rome de la Cour pénale depuis le 1er juillet 2022 et que la Guinée a ratifié le statut de Rome le 14 juillet 2003. À cela s’ajoute, dit-il, la fermeture des médias les plus écoutés.
« C’est très inquiétant et ça ne rassure personne que cette junte militaire ait l’intention d’organiser des élections et de s’en aller. » Elle essaye par tous les moyens, y compris l’intimidation, d’éteindre les voix dissonantes pour s’offrir un boulevard pour garder le pouvoir issu d’un coup d’État. « Tous les Guinéens sont en sursis en ce moment », dénonce M. Baldé.
Au regard de cette situation chaotique, nous pensons qu’il est urgent pour tous les Guinéens de se mobiliser pour mettre fin à cette transition et refermer ce cycle infernal de perpétuel recommencement et de violence d’État pour offrir au guinéen un répit afin de focaliser sur l’essentiel qu’est de bâtir une nation émergente prospère, réconciliée et tournée résolument vers le développement.