Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Ibrahima Kalil Condé du gouvernement de la junte au pouvoir a annoncé dans une décision de deux pages, dont nous détenons copie, la suspension de la délivrance des agréments aux ONG ainsi qu’aux associations jusqu’à nouvel ordre.
Le département ministériel qui organise et qui a désormais la main mise sur la tenue de toutes les élections justifie sa décision pour dit-il contrôler les organisations non gouvernementale qui sont conformes aux règles et principes.
Mais derrière cette farfelue décision se cache une restriction des libertés fondamentales. L’annonce a été faite pendant que le chef de la junte au pouvoir est en séjour en Chine où il participe au sommet d’affaire entre les pays africains et le pays dirigé par Xixing Ping.
Cette décision a été annoncée alors que l’opposition appelle à manifester jeudi pour le retour des civils au pouvoir, le rétablissement des libertés, l’arrêt de la répression et la libération de deux figures contestataires, disparues depuis leur arrestation en juillet.
À l’approche d’une manifestation de l’opposition coïncidant avec le troisième anniversaire de l’avènement des militaires au pouvoir en Guinée, la junte a annoncé suspendre la délivrance des agréments aux associations et aux organisations non gouvernementales (ONG), lundi 2 septembre.
Cette délivrance est suspendue pour quatre mois en raison des « actions de trouble à l’ordre public menées sur le terrain par plusieurs ONG et mouvements associatifs », a déclaré le ministre de l’administration du territoire, le général Ibrahima Kalil Condé, dans une décision publiée sur les réseaux sociaux. Le renouvellement des agréments sera subordonné à l’évaluation par les autorités de l’action de ces associations et ONG. Mais le texte ne dit pas clairement si les agréments en cours de validité restent valables ou si eux aussi sont suspendus.
Il s’agit de la dernière restriction en date de la part des militaires qui ont renversé les autorités civiles le 5 septembre 2021, sous la conduite du colonel Mamadi Doumbouya, depuis investi président et promu général.
Disparition de deux opposants
L’opposition appelle à manifester jeudi pour le retour des civils au pouvoir, le rétablissement des libertés, l’arrêt de la répression et la libération de deux acteurs de la contestation, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, disparus depuis leur arrestation le 9 juillet. Le général Doumbouya se trouve de son côté actuellement en Chine pour un sommet en compagnie de dizaines de dirigeants africains.
La junte a interdit toute manifestation en 2022 et a prononcé la dissolution d’un collectif d’organisations de la société civile défendant le retour des civils à la tête de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest à l’histoire récente troublée et violente. Les autorités ont retiré le 22 mai leur agrément à quatre radios et à deux télévisions parmi les principaux médias privés de Guinée.
La répression brutale de manifestations non autorisées a cependant causé la mort d’au moins 47 personnes entre septembre 2021 et avril 2024, selon Amnesty International. Nombre de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l’exil. La junte s’était initialement engagée sous la pression internationale à céder la place d’ici à la fin 2024 à des civils élus, avant de revenir sur cet engagement.