Didon ! C’est quand même anthologique ce qui se dit et ce qui se passe dans le bled pendant la dictature de Goby Condé. C’est extraordinaire, c’est hors du commun ce que l’on voit et entend pendant son règne. Il régente la contrée ; et du coup il a le chic de se mettre à dos tout le monde.
Regardez ! Il est toujours à couteaux tirés avec Cellou Dalein Diallo, le leader de l’UFDG, qui ne baisse pas pavillon dans la revendication de sa victoire électorale à la présidentielle du 18 octobre dernier. Et il regarde de haut les autres opposants qui ne s’écrasent pas devant lui. Il est toujours fâché avec le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Sierra Léone, le Niger. Il est en froid avec les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Union Européenne qui, non seulement ne l’adoubent pas, l’engueulent publiquement sur la question des droits de l’homme. Goby Condé creuse sa tombe !… Il court à sa propre perte.
Décidé à tuer la démocratie dans le patelin, Goby Condé veut régner sans contre-pouvoir : “Comme à l’occasion de la date historique du 28 septembre 1958, les Guinéens ont relevé un autre important défi pendant les dernières élections législatives, référendaires et présidentielles”, déclare-t-il le 30 janvier dernier.
Pouah ! Depuis son resquillage après ces soi-disant élections législatives, référendaires et présidentielles, des centaines de prévenus sont embastillés dans les geôles du pays. Trois militants de l’UFDG sont morts en prison sans avoir jamais été jugés. Ceux-là qu’on traîne à la barre sont assommés de parodie de justice qui fait fureur en ce moment dans le bled. Ils sont condamnés à des peines de prison ineptes. Leur crime ? C’est d’avoir tout simplement critiqué vertement le régime en place. Comme Sékou Touré qui mettait au sinistre camp Boiro ceux et celles qu’il ne portait pas dans son cœur, Goby Condé aussi, âgé aujourd’hui de 83 ans et qui est à fleur de peau, a fait emprisonner depuis son resquillage électoral de 2020 des centaines de citoyens qui ont osé lui rentrer dans le chou.
Le lundi 8 février, le Tribunal de première instance à Cona-cris a condamné Malick Condé alias Madic 100 Frontière à cinq longuettes années de prison pour avoir tout simplement diffuser des photos et des messages qui fustigent le régime loufoque et arbitraire de Gobykhamé. Cinq ans de taule pour avoir usé de sa liberté de parole.
Et Alhousseiny Makanéra Kaké, le bouffon du roi, qui ne réfléchit pas plus loin que le bout de nez, de faire la grande gueule en disant que si c’était au Etats-Unis ou en France, Madic 100 Frontière « aurait pris un nombre d’années plus important. » Quel esprit tordu ! Quel machiavélique ! C’est cette espèce de cornichon à bas étage qui pullule dans les tortilles du pouvoir.
Goby Condé avait été condamné à cinq de prison par le pouvoir du général Lansana Conté pour emploi illégal de la force armée, atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national, violence ou voie de fait envers un agent de la force publique, détention et transfert frauduleux de devises étrangères, violation d’un acte réglementaire pris et publié par l’autorité administrative ou municipale.
Quelle allait être la peine à infliger à Goby Condé si c’était aux Etats-Unis ou en France pour les mêmes chefs d’accusation ? Encore que Goby n’avait passé que quelques mois à la prison de Coronthie avant d’être gracié par le général Lansana Conté.
Le 28 janvier dernier, des policiers encagoulés et armés jusqu’aux dents sont allés chercher madame Fatou Bangoura, à cinq heures du matin, chez elle. Et Alhousseiny Makanéra Kaké n’a rien dit parce qu’il supporte aveuglément Goby.
Moi, non plus, « Je n’ai rien dit… » qui rappelle le mantra du Pasteur Martin Niemöller :
« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique…
… Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose. »
On vit aujourd’hui en Guinée-Conakry cette situation de chape de plomb que nous décrit là Martin Niemöller, déporté à Dachau de 1938 à 1945. Il faut justement dire quelque chose pour freiner l’élan totalitaire de Goby Condé qui vise à museler tous ses contradicteurs.
Il faut dire quelque chose pour stopper les arrestations extrajudiciaires, les abus de pouvoirs, les violences des forces de sécurités, les arrestations et les emprisonnements arbitraires des opposants.
Il faut dire quelque chose pour que Goby Condé libère les prisonniers politiques. Il faut dire quelque chose pour qu’il arrête de comploter contre la presse indépendante en sabotant et en brouillant ses fréquences.
La liberté de la presse est le levain de la démocratie. On ne peut pas nourrir des ambitions démocratiques et de développement pour son pays en muselant la presse indépendante. Sans la liberté de la pensée, sans liberté de la parole, sans critique, on retombe dans le nazisme, dans la révolution sékoutouréenne, dans un régime totalitaire. Or l’aspiration de la majorité des Guinéens, aujourd’hui, c’est la démocratie, c’est le développement du pays et l’épanouissement de chaque citoyen.
Le mercredi 10 février dernier, Goby, qui se prend pour le dieu grec Argus-aux-cent-yeux, opère des visites surprises au ministère de la Fonction publique, de l’Education nationale, et de la justice. Dans ces trois ministères, les gratte-papier ont brillé par leur absence. Au ministère de la justice, 95% des ronds-de-cuir étaient absents à leurs postes de travail. Les culs de plombs sont menacés de punition si on ne répond pas présent à leur place au prochain appel de leur Argus Panoptès. C’est du cinéma ! C’est fait pour distraire et embobiner les Guinéens !
Il ne faut surtout pas tomber dans le panneau. La bataille démocratique doit se poursuivre. La bataille pour les libertés individuelles, pour la libération de tous les prisonniers politiques est à pour poursuivre jusqu’au trognon. L’opposition est la figure de proue de ce combat politique. Elle est le flambeau de tous ceux qui aspirent à une alternance politique. De facto on doit resserrer les rangs et poursuivre le combat démocratique.
Itoulomati ! Ecoute, Ntara ! Itoulomati, grand-frère ! Tu deviens énervant, sauf ton respect, avec tes prêches sur le dialogue. Depuis un certain temps tu n’as cesse de monter en épingle le développement du bled pour affrioler tout le monde au dialogue… Non, attends ! c’est moi qui craille donc tu m’écoutes ! Tu dis n’avoir aucune idée derrière la tête en prêchant le dialogue et la paix. On te le concède. Mais tu connais le dicton : à des oreilles sourdes, il n’est pas bon de prêcher. Or Goby Condé avec qui tu veux dialoguer ne veut même te voir en peinture. KIF, le Play Boy de la capitale, non plus, ne te porte pas dans son cœur. Hé ! Tu le sais mieux que quiconque.
L’on sait aussi que tu n’es pas venu en politique pour soutenir un Paul ou un Pierre et tu n’as pas d’ennemis. Ok ! Tu es libre dans tes actes ou choix politiques. L’on est aussi libre dans notre liberté de penser, de commenter tel acte ou tel silence politique. Et ce que l’on veut te faire comprendre, c’est qu’il ne faut pas douilletter Goby Condé qui cherche un biais pour se légitimer sur le plan national et international.
En effet, lui offrir un dialogue national même frelaté pourrait impacter de façon négative la bataille démocratique dans le patelin. Dialoguer avec le sacripant, c’est pisser dans un violon. C’est inutile. Il n’est pas un homme de parole. Il s’en fiche du devenir de la Guinée et des Guinéens. Souffrant du syndrome d’hubris, Goby Condé s’ingénue même à dribbler Dieu pour passer l’étape de troisième mandat au kibaniyi. Deux fois, il a resquillé à l’élection présidentielle. Il a usé de la force prétorienne pour changer la constitution ; et à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 il a encore resquillé. On ne doit pas transiger sur son départ du pouvoir.
Goby présente tous les symptômes du syndrome d’hubris étudié par le médecin britannique, David Owen, et ancien ministre des Affaires étrangères. David Owen diagnostique quatorze symptômes chez les présidents et chefs d’Etat frappés d’« intoxication du pouvoir ». Parmi ces symptômes diagnostiqués, il y a l’arrogance, le narcissisme, la mégalomanie. Le porteur de pathologie a une confiance excessive en ses idées et méprise les critiques et les conseils des autres. Cet excès de confiance en soi fait qu’il est un incompétent, un médiocre. C’est te dire que Goby Condé parle de dialogue national pour animer la galerie mais les idées ou suggestions des autres pour sortir la Guinée-Conakry de sa situation actuelle ne l’intéresse. Il a ses propres idées sûres et efficaces pour se dépêtrer ; et ça suffit ! A sa décharge, il n’est pas seul à porter la pathologie d’hubris en lui. Maints opposants portent en eux le syndrome d’hubris.
« Ils vont parler de soi à la troisième personne, à une identification totale entre le sort de l’individu et de l’institution qu’il dirige en passant par la croyance que seule l’histoire pourra juger de ses décisions. »
A l’heure actuelle, la situation dans le bled ne regarde pas uniquement un parti politique ou une personne politique. Il concerne tous ceux qui sont soucieux des questions des droits de l’homme, de liberté et de justice en Guinée-Conakry. Tous debout comme un seul homme pour réclamer la libération inconditionnelle de tous les détenus politiques. Tous pour dire non à un simulacre de procès visant à condamner des innocents. Tous les élèves et étudiants du pays pour dire merde de merde aux études de quatre sous que le régime politique leur assène, et à cette vie de chien imposée aux parents. Tous unis contre l’Etat policier.
Gobykhamé vient de galonner treize cognes au grade de général, le 10 février, pour les remotiver à cogner davantage pendant les manifestations. Plus de deux cent militants et sympathisants de l’UFDG ont été tués par les forces de sécurité durant la seule année de 2020. Et aucun de ces tueurs nés, qui grouillent dans les rangs de la police, de la gendarmerie et de l’armée guinéenne, n’a été traduit en justice. Et ce n’est pas faute d’avoir réclamé justice pour les familles des victimes. Et jamais Goby Condé ou KIF n’ont fait montre d’empathie, de compassion à l’égard de celles-ci. Ils ont plutôt fait preuve de cynisme et d’indifférence. Toute vie est sacrée. Alors l’on ne comprend pas qu’on s’émeut de la mort naturelle d’un tel mais qu’on grade avec frénésie des fous de la gâchette dans la police qui ont massacrés des centaines de jeunes à cause de leur militantisme politique à l’UFDG et de leur appartenance à l’ethnie Peule.
Zieutez la Guinée Conakry ! Vous n’avez pas idée de la vie de chien que mènent les populaces guinéennes. Elles sont dans la mouscaille. Elles triment, s’avilissent, fléchissent à gagner leur croûte. Elles vivent tout simplement l’enfer sur terre. Au vu de cette situation, comment peut-on dire ça dans Cona-cris même :
« Vivre dans l’honneur et mourir dans la dignité est un destin possible pour chacun. » C’est quoi ça ? Saut ton respect, n’essaie pas de berner les petits esprits comme Sékou Touré qui endoctrinait les idiots pendant sa révolution avec ces mots qu’il avait volés à Kwame NKrumah :
« Il n’y a pas de dignité sans liberté. (…) Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. » Aucun dignitaire de la révolution sékoutouréenne n’était pauvre. Cette caste de sacripants, de fornicateurs, de salopards au pouvoir tirait les marrons du feu. Comme actuellement, il n’y a pas un seul membre du gouvernement ou conseiller au palais Gokhi Fokhè qui vit dans la dèche. Ils sont tous replets, grassouillets, bedonnant d’aise devant des millions de Guinéens qui ne trouvent pas « un morceau de pain pour soutenir leurs os et leur âme » comme le souligne Nikos Kazantzaki.
On a vu Cellou Dalein Diallo au symposium de Cherif Washington, la semaine dernière. Beaucoup de critiques de bon aloi trouvent qu’au lieu de parader sur cette scène théâtrale pour être vu aux côtés du Play Boy, qui ne peut pas l’aider à s’apprivoiser avec Goby Condé, la Petite Cellule Diallo, comme le baptise le satirique guinéen Le Lynx, aurait dû se contenter d’aller présenter ses condoléances dans la famille du disparu. Ces symposiums en question sont biaisés. Au lieu de dire des mirologues pendant ces symposiums, les politicards se servent de ce cadre pour faire leur gimmick et bien paraître et s’assurer qu’ils ont toujours la côte. Pouah ! C’est dans la Guinée-Conakry.
Benn Pepito