Poussé à l’exil par la junte militaire au pouvoir depuis mars 2022, l’opposant Cellou Dalein Diallo qui vit entre Dakar au Sénégal, Paris et Abidjan a indiqué chez nos confrères de Jeune Afrique que les guinéens sont totalement déçus de la gestion de la transition. Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dénonce également l’attitude des occidentaux sur le retour à l’ordre constitutionnel dans les pays africains gérés par les putschistes.
La figure de proue de l’opposition guinéenne exprime son mécontentement et se dit de ne pas être « satisfait des attitudes des Occidentaux qui ne font pas grand chose pour le respect des libertés fondamentales et un retour diligent à l’ordre constitutionnel ».
« De façon générale, je ne suis pas satisfait de l’attitude des Occidentaux, qui ne font pas grand chose pour le respect des libertés fondamentales et un retour diligent à l’ordre constitutionnel. À Conakry, il y a eu beaucoup de violations des droits humains, une cinquantaine de jeunes manifestants ont été tués et la presse est muselée. La communauté internationale est restée silencieuse. Elle ne réagit pas non plus à la volonté assumée de la junte de se maintenir aussi longtemps que possible au pouvoir. Pourquoi souhaite-t-on pérenniser un pouvoir illégitime ? », s’interroge M. Diallo dans une interview accordée à JA.
Pour lui, la France d’Emmanuel Macron fait « du deux poids deux mesures » : « Au Mali, au Niger ou encore au Burkina Faso, les ambassadeurs et les soldats français ont été renvoyés. En Guinée, la France ménage la junte, et réciproquement ». Ajoutant qu’à Conakry, il n’y a pas de sentiment antifrançais. Les Guinéens ne sont pas hostiles à une coopération renforcée avec la France, mais pas au détriment de la démocratie et de l’état de droit. Pour l’instant, la jeunesse guinéenne observe avec inquiétude les relations de la France avec une junte autoritaire, liberticide et corrompue. Il faut craindre qu’elle ne s’en irrite ». Invitant à adopter une posture de principe vis-à-vis des putschistes.
« Il faut condamner tous les coups d’État, c’est-à-dire toute prise du pouvoir par la force, la fraude ou la modification de la Constitution », martèle Cellou Dalein Diallo dont le parti se prépare pour son congrès qui aiguise déjà des appétits.
Interrogé par le journal sur son retour en Guinée alors qu’il reste poursuivi par la justice dans l’affaire de la compagnie nationale Air Guinée, Cellou Dalein Diallo veut interrompre la série noire.
« Tout le monde sait que ce sont des poursuites fantaisistes. Cette opération de privatisation a eu lieu en 2002 et ceux qui y ont travaillé sont couverts par la prescription. Ces derniers ont reconnu que je n’avais joué aucun rôle, mais cela n’intéresse pas la junte car la Crief [la Cour de répression des infractions économiques et financières] a été instrumentalisée pour me poursuivre. Face à cette volonté de neutraliser les acteurs politiques, j’ai pris mon temps, mais soyez certains que je vais rentrer », lâche-t-il.
Ne craignez-vous pas d’être arrêté ? « L’exil ou la prison, cela fait partie des risques lorsque l’on décide de faire de la politique en Afrique », répond l’ancien Premier ministre
Afriquevision avec Mediaguinee