Cette évaluation des partis politiques me semble être un bon jalon pour l’auto renforcement des formations politiques, même s’il faut souligner quelque part que c’est un bon produit dans un emballage qui ne donne pas le goût de déballer pour l’accès au contenu, à plus forte raison en consommer. Oui, très malheureusement, elle est portée par des autorités qui ne donnent pas un bon exemple en matière de respect des lois, des règles de jeux et de la parole donnée. Nul besoin de rappeler ici qu’elles (les autorités) ont pris le pouvoir en dehors de la morale démocratique et des normes prescrites par la loi pour accéder à la magistrature suprême.
Toutefois, l’approche, dans le fond, à des mérites, même s’il faut préciser, une fois encore, que la gouvernance issue de la force, qui la (approche d’évaluation) porte, semble beaucoup plus croire en la force de répression ou d’intimidation qu’en celle de la loi et du dialogue inclusif pour cultiver la compréhension et la confiance dans la contradiction. En effet, comme élément positif à noter dans cette évaluation, c’est par exemple le principe du délai de suspension ou d’observation donné aux formations politiques évaluées qui (délai) pourrait être reporté pour un contexte de légitimité ou de consensus où les porteurs requièrent de la confiance et du crédit.
Alors, dans une large mesure, chaque Guinéen, pour la stabilité politique, économique et sociale du pays vers un progrès continu, doit se regarder dans le miroir, tout en se posant un certain nombre de questions : Comment suis-je à cette responsabilité publique du point de vu des règles, de la morale et du mérite ? Quelle est la motivation pour l’intérêt supérieur de la nation, derrière cet acte ou cette parole que je porte ? Ceux qui m’écoutent ou qui m’observent avec lesquels j’ai eu à faire par le passé au compte de la République ou à n’importe quelle autre circonstance, ont-ils confiance en moi? donnent-ils du crédit à ce que je dis ou fais au nom du changement et du progrès dans le pays ?
S’agissant de la question relative à l’ethnie dans les partis politiques, se pencher à comment éviter l’ethnocentrisme dans ces associations qui se battent ou tout au moins qui doivent se battre pour le progrès du pays dans la diversité, n’est pas une mauvaise idée en soi. Sans oublier ou chercher à travestir le principe du libre choix dans le militantisme associatif. A ce sujet justement, la candidature indépendante est censée réduire les risques de regroupement politiques basés sur l’ethnie ou des considérations irrationnelles.
Cependant, aussi important soit-il (combat contre l’ethnocentrisme), je pense qu’il faut faire très attention avec cette épineuse question. Car, en plus d’être complexe, elle risquerait de plonger le pays, à une certaine dimension, dans un équilibrisme ethnique institutionnel, administratif et dans d’autres entités publiques. Toute chose qui, me parait être assez compliqué, si ce n’est bien évidemment encadré, en mettant l’accent sur la compétence, l’engagement citoyen et l’intégrité dans les choix des femmes et des hommes dans la gestion des affaires de l’État. Également, il faut surtout éviter de noyer le poisson dans l’eau de la nécessité de promouvoir la compétence et l’intégrité dans l’animation et la gestion de l’espace public contre les approches subjectives.
Mieux, l’excès de discours sur l’ethnie par des décideurs, sans en donner l’exemple dans la pratique et leur conduite publique, sans même se rassurer d’avoir pris en compte certaines dimensions sociologiques et culturelles qui ne peuvent être changées par le cynisme, on risque de mettre en avant la médiocrité et le chantage régionaliste que d’autres lobbies peuvent utiliser contre le progrès et la stabilité du pays. Nous devons bien réfléchir autour de la noble ambition de lutter contre l’ethno-stratégie, sans pour autant tomber dans une passion politico-administrative ou dans un cynisme politique.
Il faut être objectif, d’admettre que nous avons déjà la fondation ou même les fondations de notre société, qu’on ne peut démolir (Refondation dit-on) par la force. Mais, nous pouvons bien dans une approche pédagogique et structurée dans le temps, remodeler ou rectifier ce qui n’est pas adapté aux besoins du progrès ou de l’évolution dans la diversité.
Vivement la raison d’État avec une vision plus patriotique et réaliste d’une Guinée de l’émergence vers un progrès collectif durable.
Abdoul sacko
Acteur de la société civile & Coordinateur National des Forces Sociales de Guinée,
Consultant sur des Questions de Gouvernance, de Conflits et d’engagement citoyen, notamment des jeunes et des femmes