Le Congo peine à remplir les conditions du FMI pour bénéficier d’un décaissement supplémentaire devant lui donner accès aux fonds promis par d’autres bailleurs internationaux. Selon des sources proches du dossier, l’incapacité du pays à conclure un accord avec les sociétés de négoce créancières Glencore et Trafigura seraient à l’origine du blocage.
L’économie congolaise est suspendue depuis quelques mois aux décaissements supplémentaires du FMI devant aider à débloquer près de 900 millions de dollars supplémentaires de financement de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de la France, qui soutiennent le programme de sauvetage économique du pays. Mais les négociations sont dans l’impasse. Selon des informations publiées le 24 janvier par l’agence Reuters, les compagnies de négoce Suisses Glencore et Trafigura sont impliquées dans ce blocage. Les pourparlers pour la restructuration de la dette de 1,7 milliard de dollars entre la République du Congo et les négociants en énergie Glencore et Trafigura ont été bloqués, ont indiqué ces sources. Ce qui met en péril le plan de sauvetage du Fonds monétaire international pour le pays d’Afrique centrale surendetté.
Face aux conditions du FMI
Il y a 6 mois, le FMI a approuvé un programme de prêt de 449 millions de dollars sur trois ans pour soutenir l’économie congolaise qui peine à se relever de la crise pétrolière. Seuls 45 millions de dollars ont été décaissés, le reste étant soumis à des examens semestriels avec une liste de conditions à remplir. Des conditions relatives notamment à la restructuration des prêts garantis par du pétrole à des compagnies de négoce dont Glencore et Trafigura. Par ce mécanisme, l’argent que l’Etat économise sur le service de la dette devrait aider à maintenir le plan de sauvetage national de 2 milliards de dollars.
Le FMI avait retardé la soumission du cas congolais à un examen de fin d’année en 2019 à son conseil d’administration, attendant que le pays et ses créanciers parviennent à un accord. Des négociations pour la restructuration de la dette en pétrole attendues au cours du premier trimestre 2020, selon le FMI. Le Congo souhaiterait une dépréciation partielle de son capital et refuse d’allouer les cargaisons de pétrole convenues pour rembourser sa dette, de sorte que les sociétés créancières envisagent une action en justice, ont précisé des sources proches du dossier.
Une dette colossale due à Glencore et Trafigura
Glencore n’a pas reçu son pétrole depuis 2018 alors que Trafigura en reçoit occasionnellement du pays, qui a déjà restructuré près de 1,6 milliard de dollars de dette chinoise dans le cadre d’un accord signé l’année dernière, en prélude de celui avec le FMI. La restructuration de la dette chinoise, et la hausse des prix du baril ont aiguisé l’appétit des compagnies de négoce suisses Glencore et Trafigura, qui se font de plus en plus présents pour réclamer leurs émulsions. Sous l’impulsion des banques, Glencore a initialement prêté environ 850 millions de dollars au Congo en 2015, remboursable en brut sur cinq ans. Au même moment, le Congo était en défaut sur le prêt de Trafigura. Le trader avait prêté environ 1 milliard de dollars au Congo en 2014 avec une échéance en 2019. La dette totale restante envers les entreprises et les banques s’élèverait à près de 1,7 milliard de dollars.
L’industrie énergétique congolaise à court de liquidités a été stimulée par les principales découvertes récentes d‘ENI en Italie et de Total en France, portant la production à environ 350 000 barils par jour. Le pays dirigé d’une main de fer par Denis Sassou Nguessou devrait être le troisième plus grand producteur de pétrole en Afrique subsaharienne d’ici l’année prochaine. Il reste néanmoins loin des principaux producteurs africains comme le Nigeria, où la production est d’environ 2 millions de barils par jour.
Par La Tribune Afrique