Le président gambien compte-t-il profiter de la réforme constitutionnelle en Gambie pour se maintenir au pouvoir comme certains de ses pairs ?
La nouvelle mouture de la constitution est examinée en première lecture à partir de ce lundi 14 septembre par les parlementaires gambiens.
Il y a trois mois, ce texte rédigé par la Commission de révision constitutionnelle, a été adopté par le gouvernement gambien en Conseil des ministres. Il est cependant source de plusieurs divergences, notamment sur la question de la limite des mandats présidentielle
Dans le projet de la nouvelle constitution présenté aux députés, l’exercice de la fonction présidentielle est limité à deux mandats.
Un chapitre rétroactif considère que le premier mandat du président actuel prend effet avec son élection en décembre 2016. Le président Adama Barrow et son gouvernement ne sont pas d’accord. Ils ont soumis une résolution à la Commission de révision constitutionnelle demandant que le premier mandat d’Adama Barrow soit compté à partir de 2021.
« Le mandat ne peut que commencer en 2021 si la loi est respectée. Quelle que soit la perception que l’on peut se faire de quelqu’un dans une situation quelconque, il importe de respecter la loi. Autrement nous serions dans la loi du plus fort », dit l’avocat et professeur du droit constitutionnel Lamin Darboe, un lobbyiste pour Adama Barrow auprès des députés.
Lors des élections présidentielles qui l’ont amené au pouvoir, le candidat Barrow avait promis de ne faire que trois années à la tête de la Gambie. Certains estiment qu’il est revenu sur sa parole et compte s’éterniser au pouvoir.
Pour Sal Taal, le président du barreau Gambien, la limitation à deux mandats présidentiels est une demande populaire prise en compte par les rédacteurs de la nouvelle constitution.
« L’Exécutif peut exprimer et dire ce qu’il veut ou ne veut pas dans la constitution. Mais la Commission de révision constitutionnelle a produit un projet de texte en étant convaincu que c’est la meilleure chose pour la Gambie. La dernière décision revient au parlement et au peuple lors d’un référendum », déclare-t-il à la BBC.
Certains acteurs locaux notamment au sein de la société civile, mettent en garde contre toute modification de la mouture finale du nouveau texte constitutionnel soumis par le gouvernement à la Commission des lois du parlement pour examen.
Joint par la BBC, Madi Jobarteh, le coordonnateur des organisations de la société civile gambienne, note que « le projet de Constitution n’est ni un projet de loi ou un projet de modification mais un processus politique pour accoucher d’une constitution », ajoutant que » L’Assemblée nationale ne peut que faciliter ce processus pour aboutir à un référendum. »
Les députés gambiens devront adopter le projet de Constitution au deux tiers des votes. Les citoyens gambiens seront ensuite convoqués à un référendum pour adopter ou rejeter la nouvelle loi fondamentale.
Avec Bbcafrique