Bezons, ce jeudi 20 décembre 2018. Sadou Barry, arrivé en France comme mineur isolé, est élève au lycée du Grand-Cerf à Bezons où il s’est récemment illustré par deux actes de courage. Il a été récompensé au cours d’une petite fête en son honneur organisée à la mairie. LP/Marjorie Lenhardt
Sadou Barry, arrivé en France comme mineur isolé, s’est illustré en sortant une jardinière en flamme de son lycée, mais aussi en faisant la morale à ses camarades suite à l’agression d’un professeur de mathématiques.
Il est plutôt réservé et modeste mais ses actes parlent d’eux-mêmes. Sadou Barry est arrivé en France en 2016 comme mineur isolé en laissant derrière lui sa famille en Guinée Conakry. Majeur depuis quelques mois, il étudie la vente au lycée professionnel du Grand Cerf, à Bezons, depuis plus d’an. Il s’y est récemment illustré par « deux actes de courage ». Des actions qui ont été récompensées par la direction du lycée et la municipalité lors d’une petite fête organisée en son honneur à la mairie de Bezons, ce jeudi.
C’est notamment lui qui, au lendemain de l’agression d’un professeur de mathématiques, a pris la parole dans sa classe, pour remettre à leur place certains de ses camarades et pour « leur rappeler leurs droits et leurs devoirs », comme indique la proviseure adjointe, Sandrine Dorges. « Je leur ai dit que lorsqu’on est en cours, il faut obéir à certaines règles et que si quelqu’un arrive à te donner son savoir, il te donne tout, il faut le respecter pour cela », explique-t-il.
Mais surtout, Sadou a récemment risqué sa vie en sortant du patio de l’établissement une jardinière en flammes, qui avait été allumée avec de l’essence par d’autres élèves. « Il a sauvé la vie des élèves de l’établissement, en ayant le réflexe courageux de la tirer vers l’extérieur, alors que d’autres lycéens étaient tout autour en train de rire et de filmer », souligne la proviseure adjointe. « J’étais de l’autre côté du couloir, quand j’ai vu les flammes et la CPE s’approcher, j’y suis allé spontanément », décrit-il simplement.
« Ce jour-là vous nous avez fait échapper au pire », le remercie Lydie Dandrimont, proviseure. En effet, la conseillère principale d’éducation avait voulu éteindre les flammes de 2 m avec l’extincteur mais celui-ci était inutilisable. Il avait été antérieurement vidé par d’autres élèves, comme cela arrive régulièrement dans l’établissement.
Il lui est arrivé de dormir dehors
Ces actes sont d’autant plus remerciés que la situation personnelle de Sadou est loin d’être facile au quotidien. Chaque matin, il se lève à 5 heures pour arriver en cours à l’heure. Il est actuellement hébergé dans le Val-de-Marne. Mais sa situation n’est pas stable et il lui est déjà souvent arrivé de dormir dehors. « Malgré toutes ces difficultés-là, il n’est jamais absent sauf pour les rendez-vous à la préfecture, alors que l’on est dans un établissement où l’absentéisme est incroyable ! » souligne Myriam, l’assistante sociale du lycée. L’équipe pédagogique ne tarit pas d’éloges pour lui : « C’est un élève remarquable, un moteur et c’est lui qui s’exprime le mieux à l’écrit ! » ajoute Rolande, sa prof principale.
La municipalité de Bezons lui a offert un bon d’achat de 100 €. Le maire (PCF) Dominique Lesparre s’est aussi engagé à accompagner son assistante sociale, notamment pour lui trouver un logement à proximité et lui rédiger un courrier pour appuyer sa demande de statut de réfugié. « On est fier de rencontrer des personnes comme vous qui ont à la fois le courage, un engagement fort, un désintérêt, lui confie l’élu. Vous n’avez pas réfléchi pour vous mettre en danger, quand on voit en ce moment une partie des jeunes faire plutôt le contraire et mettre le feu, c’est bien de voir ça ».
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