Contexte: Selon un récent rapport de la Banque d’Afrique de Développement (BAD) et de la fondation Bill et Melinda Gates, « l’Histoire montre que l’abondance d’un pays en ressources naturelles ne favorise pas forcément son développement humain. Les pays riches en ressources naturelles d’Afrique ont tendance à avoir une espérance de vie faible et un taux de mortalité élevé, en comparaison de pays dotés de revenus similaires mais pauvres en ressources naturelles. »[i]
Les gouvernements et la société civile, ainsi que de nombreux acteurs privés, veulent inverser cette tendance, connue sous le nom de « malédiction des ressources naturelles ». En effet, au lieu de contribuer à une issue négative, ces groupes souhaitent dériver de meilleurs résultats de leurs investissements dans les ressources naturelles, sous la forme de meilleures conditions de santé, de davantage de prospérité, de meilleurs emplois et d’un libre accès à des services sociaux de qualité pour leur peuple.
Pourtant, le défi n’est pas simple à relever. Selon le même rapport, « les acteurs concernés sont conscients du fait qu’honorer de tels engagements nécessite la prise de choix politiques difficiles et parfois complexes : établir un équilibre entre les besoins en investissement du secteur social et ceux des autres secteurs de l’économie ; faire preuve de transparence et gérer attentivement les attentes des citoyens ; et adéquatement répartir les bénéfices entre communautés extractives et non-extractives, ainsi qu’entre les générations actuelles et futures ». [ii]
L’une des méthodes pour contrer la malédiction des ressources naturelles est de développer une conscience citoyenne active et engagée. Les citoyens peuvent avoir un rôle à jouer dans les projets d’exploitation de ressources naturelles, en tenant ceux-ci responsables du développement des communautés d’accueil et en mettant en avant leurs apports.
Aujourd’hui, les jeunes participent activement au dialogue autour des projets d’exploitation de ressources naturelles. En effet, l’Afrique assiste actuellement au renouveau de sa population, qui constitue le premier vivier de personnes âgées de moins de 25 ans (70% de la population du continent d’ici les trente prochaines années, selon les estimations).
Cependant, un grand nombre de ces jeunes font face à des défis économiques et en infrastructures qui les prédisposent au sous-emploi ou au chômage tout au long de leur vie. A titre exemplaire, 60% des africains au chômage sont des jeunes. Notre défi est d’inciter les citoyens, les jeunes en particuliers, à prendre part à des dialogues et à des initiatives visant à améliorer l’impact des projets d’exploitation de ressources naturelles.
L’un des principaux moyens de mettre en œuvre ce travail d’engagement est de transformer des jeunes en conteurs d’histoires, en documentaristes et en journalistes qui sauraient apporter une analyse et une perspective plus large. Ces jeunes proposeraient ainsi des contenus médiatiques visant à faire la chronique de projets d’extraction de ressources naturelles à grande échelle, ainsi que leur impact. Au cours de la dernière décennie, l’accès aux moyens de production est devenu atteignable à une échelle naguère imaginable. En effet, dans de nombreux cas, avoir accès à une caméra vidéo revient simplement à avoir accès à un smartphone.
Aujourd’hui, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement font état de 650 millions d’usagers de services mobiles en Afrique, un nombre plus important qu’en Europe et aux Etats-Unis[iii]. En outre, dans certaines nations du continent, la population a plus facilement accès à un téléphone portable qu’à une source d’eau potable, à un compte en banque ou à l’électricité. Les jeunes sont, sans aucun doute, les moteurs de cette rapide adoption technologique.
Notre projet
Le 24 mars 2016, un accord a été signé entre l’IFC et le Canada (par le biais de Global Affairs Canada – GAC) dans le cadre du Programme de Développement Economique de l’Afrique de Canada-IFC. L’objectif de ce programme sur 5 ans est d’améliorer les avantages socio-économiques des communautés des communautés d’accueil de projets d’hydrocarbures (Oil & Gas) et miniers en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée et au Kenya. Le programme comprend trois parties : le développement de contenu local, le développement économique local et le renforcement des capacités.
Afin de répondre à ces préoccupations, Global Affairs Canada et l’IFC proposent un projet d’essai reposant sur la créativité de jeunes des quatre pays mentionnés ci-dessus. Ceci, avec les objectifs suivants : améliorer les compétences de jeunes réalisateurs afin d’harmoniser ces compétences avec des critères recherchés par des employeurs potentiels ; solliciter des jeunes pour documenter les projets d’extraction de ressources naturelles dans leur pays respectifs dans le but de mieux en informer les citoyens ; et créer pour les jeunes des réseaux pour l’emploi plus larges, qui incluront des partenaires dans l’exploitation des ressources naturelles ainsi que des médias traditionnels et numériques.
La phase d’essai initiale s’étendra sur une période d’une semaine et aura lieu en aout 2017 à Accra, au Ghana. Des participants originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Ghana et du Kenya seront soumis à des formations techniques et à des épreuves de travail contextuel destinées à former une citoyenneté apte à poser les bonnes questions et à participer de manière réelle et significative à des projets d’exploitation de ressources naturelles dans leurs pays et régions respectives. Les formateurs seront, dans la limite du possible, issus des mêmes pays ou régions que les apprentis, afin de permettre l’apport d’un maximum d’expertise locale.
La formation débutera par une séance approfondie sur le contexte des ressources naturelles, en permettant aux participants de faire le lien entre les diverses opportunités spécifiques aux industries extractives et l’usage des médias pour documenter, informer et rapporter. Cette partie comprendra également des transmissions d’histoires en lien avec les ressources naturelles, ainsi que la recherche d’opportunités d’utiliser des plateformes multiples et diverses dans la réalisation de ces épreuves.
La formation, au contenu spécifique, sera suivie d’ateliers de développement de compétences couvrant un spectre plus large, sur des thématiques telles les techniques de narration, l’éclairage, la cinématographie ainsi que le son et le montage, en faisant usage de technologies facilement accessibles, dont les smartphones.
La partie finale de la formation sera orientée vers les principes commerciaux fondamentaux qui aideront les participants à construire leurs C.V. Cette partie inclura notamment du marketing, de la gestion de clientèle et diverses stratégies de financement et d’emploi.
Au cours de la semaine de formation à Accra, les participants recevront une courte tâche vidéo à effectuer dans un délai imparti. Les objectifs de cet exercice sont doubles : dans un premier temps, le travail effectué servira à évaluer les participants ; dans un second temps, il servira comme échantillon permettant à leur créateur de bénéficier d’opportunités au sein du programme : Canada-IFC Africa Youth Programme Initiative (Programme de vidéographie pour la jeunesse d’Afrique de l’IFC Canada), qui pourraient se traduire par un emploi à long-terme et rémunéré.
Nous espérons également que cet essai mènera à des formations ultérieures pour un groupe de jeunes prêts à raconter l’histoire et les expériences vécues par leurs communautés vivant dans des pays ayant accueilli des projets d’exploitation de ressources naturelles à grande échelle.
Le programme de vidéographie pour la jeunesse pour l’Afrique de l’IFC Canada paiera l’intégralité des dépenses des participants engendrées dans le cadre de la formation.
A propos de l’IFC
Le portefeuille stratégique d’investissements communautaires de l’IFC est un service de conseil offert à travers son département pour l’Investissement en Infrastructure et en Ressources Naturelles. L’objectif de ce portefeuille est de promouvoir les investissements communautaires dans le but de favoriser les retombées socio-économiques et environnementales là où l’IFC a effectué des investissements, notamment dans des projets avec une empreinte considérable, tels les ressources naturelles, l’agroalimentaire, la foresterie et l’infrastructure.
L’équipe en charge du département de l’IFC Infrastructure et Ressources Naturelles aide ses clients à développer une approche stratégique pour les projets d’investissements communautaires, de manière à ce qu’ils soient en lien avec leurs objectifs de développement (la gestion des risques sociaux et environnementaux sur le lieu de travail, par exemple) et qu’ils promeuvent le développement local. Nos activités portent sur : a) l’aide aux communautés pour que celles-ci puissent bénéficier de projets de développement à grande échelle ; b) renforcer la capacité des autorités locales et des communautés à gérer leurs impôts et revenus ; c) accroitre la part de contenu local dans les chaines d’approvisionnement ; et d) diffuser les bonnes pratiques de développement communautaire.
[i] African Development Bank and the Bill and Melinda Gates Foundation. “Delivering On The Promise: Leveraging Natural Resources To Accelerate Human Development In Africa,” Seattle, Washington, 2015.
[ii] Ibid.
[iii] Sambira, Jocelyne. “Africa’s mobile youth drive change: Cell phones reshape youth cultures,” African Renewal Online. New York: United Nations, 2013.