Permettez-moi, peuple de Guinée, de dire que j’ai compris qu’Alpha Condé lit bien la presse guinéenne. Car, dans mon dernier article intitulé : « Votre bilan est votre boulet », j’avais mentionné le manque de compassion du président en ces termes : « Votre compassion à l’endroit du peuple martyr (soldats, policiers et autres manifestants politiques) est inexistante ».
Et voilà, pour une première fois, lors de son speech du mardi 3 septembre 2019, il a exprimé sa compassion à nos compatriotes victimes des intempéries. Nous en prenons acte Monsieur le président et vous encourageons en même temps à lire et à écouter le peuple qui ne cesse d’exprimer ses cris de cœur. Avançons !
En date du 4 septembre 2019, une autre et plus longue intervention que celle de la veille fut radiotélévisée. Vous étiez tant attendu. Mais une fois encore, vous avez déçu Monsieur le Président.
Vous étiez attendu non seulement dans votre camp mais aussi dans celui du peuple, le vrai peuple de Guinée, le nôtre qui englobe : ouvriers sans emploi, chauffeurs avec véhicules mortifères sur des routes impraticables, élèves qui attendent toujours les tablettes promises, tailleurs dont les machines viendront le 31 février prochain (si la date existait !), éleveurs dont les bœufs seront inséminés par les marocains, femmes aux marchés boueux et gravement insalubres. Bref, tout ce monde viscéralement fatigué de vous.
Nous attendions mieux de vous parce qu’il s’agit d’une question de référendum qui devrait commencer par vous-même, à savoir : Oui ou Non, vous êtes pour la nouvelle constitution qui implique de facto un autre mandat pour vous (peu importe l’appellation que vous lui donneriez : 3e mandat ou nouveau premier machin).
Mais à notre surprise, nous comprenons de par votre message que vous n’êtes pas contre le référendum mais étant donné que vous êtes conscient du fait que la majorité du peuple y soit opposée, vous voulez toujours continuer à tâter le terrain et plus loin, vous trouvez le dindon de la farce en la personne de votre premier ministre qui a, de ce fait, pour mission d’engager un débat autour d’un sujet que vous voulez imposer à un peuple qui n’en veut pratiquement pas.
Nous sommes contre toute nouvelle constitution dans ce pays parce qu’il s’agirait de tracer une autoroute pour une présidence allongée synonyme de rêve brisé pour la jeunesse consciente que nous sommes.
Monsieur le président, nous ne sommes pas contre votre personne. Cependant, nous voulons avancer comme nos voisins du Sénégal et du Niger de votre ami Issoufou.
Nous ne sommes pas ingrats, mais nous restons sur notre faim depuis l’indépendance sur la question de l’alternance dans notre pays.
Nous ne vous rejetons pas avec l’eau du bain, mais nous voulons aussi essayer une autre personne car la Guinée n’a pas que vous.
Nous avons un rêve de voir un ancien président, vous-même en personne, occuper un certain rang protocolaire dans le pays lors de cérémonies nationales avec tous les honneurs qu’il vous faudra malgré votre bilan peu flatteur.
Monsieur le président, votre bilan en tant qu’opposant est plus noble que celui de votre présidence. Le débat n’a pas lieu d’être encore; car il ne fera que crisper la situation de trop au risque semer le chaos partout. Votre débat, nous n’en voulons pas et de surcroît oh combien allergique vous y êtes.
Des journalistes convoqués, placés sous contrôle judiciaire pour le simple tort d’avoir tendu le micro à une militante de votre parti mais opposée à votre rêve du troisième machin.
Votre débat, nous n’en voulons pas dans ce climat de terreur où vos policiers arrêtent vos adversaires du front, volent leurs T-shirts entre autres. Le débat, nous n’en voulons pas parce qu’il est imposé et non souhaité. Le peuple a l’œil !
Le débat, vous n’en avez pas besoin car vous savez très bien que les véritables forces représentatives du pays y sont inexorablement opposées et prêtes à vous barrer la route à tout moment. C’est juste que nous attendions que vous franchissiez la ligne rouge pour que nous nous fassions entendre.
Pour le moment, vous êtes à la phase de la volonté et non celle de l’actantialité. À quand l’ouverture des hostilités monsieur le président ?
Je ne vous salue pas encore, mais je vous remercie de me lire.
Boubacar BARRY
Citoyen guinéen pour une alternance en 2020