La chambre d’accusation de la cour d’appel de Tunis a une nouvelle fois rejeté, mardi, la demande de remise en liberté du magnat de la télévision, candidat de l’élection présidentielle du 13 octobre.
La décision est lourde de conséquence pour l’avenir du processus électoral tunisien. Le magnat de la télévision Nabil Karoui, candidat qualifié pour le second tour du scrutin présidentiel, en dépit de son incarcération, le 23 août, dans une affaire d’« évasion fiscale » et de « blanchiment d’argent », a vu sa demande de remise en liberté une nouvelle fois rejetée mardi 1er octobre par la chambre d’accusation de la cour d’appel de Tunis.
Ce quatrième refus essuyé par ses avocats auprès de différentes instances (chambre d’accusation, Cour de cassation, juge d’instruction) fait planer une hypothèque majeure sur la crédibilité du second tour, prévu le 13 octobre.
Kaïs Saïed, juriste conservateur arrivé en tête du premier tour, le 15 septembre, avec 18,40 % des suffrages exprimés, va donc être opposé à Nabil Karoui – qui avait obtenu 15,58 % – se trouvant de facto dans l’impossibilité de participer à la campagne électorale censée démarrer mercredi 2 octobre.
« Nous ne doutons pas de la justice, mais la catastrophe et la mascarade continuent et menacent le processus démocratique », a réagi Oussama Khlifi, un porte-parole de Qalb Tounès (« Au cœur de la Tunisie »), la formation de M. Karoui. « Nous commençons à avoir des doutes sérieux sur la suite de ces élections qui n’en sont plus vraiment », a commenté pour sa part un diplomate étranger installé à Tunis.
Ce scrutin présidentiel au suffrage direct, le deuxième du genre à se tenir en Tunisie depuis la révolution de 2011 ayant renversé la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali, était censé consolider une « transition démocratique » louée à l’étranger. Des élections législatives doivent l’accompagner dimanche 6 octobre.
L’inquiétude n’a cessé de monter
Or, les choses se présentent a priori plutôt mal. La principale inquiétude concerne la validité d’un second tour du scrutin présidentiel qui se tiendra, selon toute vraisemblance, dans des conditions n’assurant pas l’« égalité des chances » entre les deux candidats.
Déjà, la mission des observateurs de l’Union européenne (UE), présente en Tunisie pour superviser l’élection, avait évoqué ce déséquilibre pour nuancer le jugement globalement positif porté sur le premier tour du 15 septembre. A l’époque, l’opinion partagée par maints observateurs était toutefois que M. Karoui finirait par être remis en liberté ; ce qui ne s’est pour l’instant pas vérifié.
Avec lemondeafrique