Deux banquiers centraux, dont l’un des fils de l’ex-présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf, ont été interpellés jeudi soir à Monrovia, quelques heures après la publication d’un rapport américain pointant des dysfonctionnements au sein de la Banque centrale au sujet de l’affaire des millions de dollars disparus.
« Charles Sirleaf, ancien vice-gouverneur [de la Banque centrale du Liberia (CBL), ndlr] et Dorbor Hagba, directeur de l’épargne [dans la même institution, ndlr]) ont été arrêtés la nuit dernière [le 28 février, ndlr] en rapport avec le rapport sur les billets de banque », a affirmé vendredi sur la radio nationale Moses Carter, le porte-parole de police. Les deux banquiers, dont l’un est le fils de l’ex-présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, sont actuellement détenus au quartier général de la police à Monrovia, a-t-il précisé, sans indiquer les faits qui leur sont reprochés.
Leur arrestation intervenait quelques heures après la publication d’un rapport américain sur l’affaire des quelque 102 millions de dollars (89 millions d’euros) disparus. Ce rapport, réalisé par la société américaine Kroll à la demande des autorités libériennes, infirme une rumeur qui avait fait état l’an dernier de la disparition d’un conteneur rempli de billets en dollars libériens d’un montant de cette valeur. Ces fonds ont bien été enregistrés dans les réserves de la Banque centrale du Liberia (CBL), selon la firme américaine.
Des « faiblesses systémiques et procédurales » au sein de la CBL
Mais la société d’audit affirme avoir identifié des « faiblesses systémiques et procédurales » au sein de la CBL, ainsi que des « manquements dans la politique fiscale et monétaire du Liberia, qui existent de longue date et se poursuivent jusqu’à présent ».
Charles Sirleaf, qui travaillait dans la Banque centrale depuis les années 2000, avait démissionné en août, quelques jours après l’éclatement de cette histoire de billets de banque.
Des informations dans la presse et sur les réseaux sociaux, alimentées par des déclarations imprécises de responsables libériens, avaient rapporté la disparition pure et simple de conteneurs et de sacs de billets entre le port et l’aéroport de Monrovia et la Banque centrale.
Weah réclamait de la « patience »
La polémique, première crise à laquelle était confronté le président George Weah, au pouvoir depuis janvier 2018, était née de déclarations du ministre de l’Information, Lenn Eugene Nagbe, indiquant que la nouvelle administration n’avait pas été informée de l’arrivée de ces billets par l’ancienne présidente Sirleaf, à qui George Weah a succédé.
George Weah, qui avait fait ouvrir une enquête par une commission spéciale et demandé l’assistance notamment du FBI américain, avait réclamé de la « patience » à ses concitoyens, dont certains avaient manifesté pour réclamer qu’on « rende les conteneurs ».
Début octobre, la Banque centrale avait déjà assuré qu’aucun conteneur n’avait disparu. Mais l’affaire avait été révélée par un journaliste d’investigation. Cet homme de média avait bénéficié à l’époque la protection du Président Weah, qui a déployé 20 policiers pour assurer sa sécurité.
Avec Jeuneafrique