La croissance en Afrique subsaharienne devrait rebondir à 3,1% en 2018, selon les dernières analyses d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale qui passe aux cribles les économies africaines.
Si c’est nettement mieux que l’année 2016 où la croissance avait atteint son niveau le plus faible en deux décennies, et l’année dernière où l’économie a progressé de 2,6%, le rapport estime toutefois que ce rythme reste assez lent par rapport aux années fastes d’avant-crise.
« La croissance a rebondi en Afrique subsaharienne, mais pas assez rapidement. Nous sommes encore loin des niveaux d’avant la crise.», souligne Albert Zeufack (photo), économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Afrique.
Le retour des géants
Les trois principales économies de la région à savoir : le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola devraient connaître une reprise progressive, l’expansion économique se poursuivra à un rythme soutenu dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et se renforcera dans la plupart des pays d’Afrique de l’Est, prévoit l’institution basée à Washington.
Ces prévisions étant gagées par les projections selon lesquelles les prix du pétrole et des métaux resteront stables, l’expansion du commerce mondial demeurera robuste, les conditions des marchés financiers extérieurs continueront d’être favorables, et les réformes nécessaires pour atténuer les déséquilibres macroéconomiques et stimuler l’investissement, aboutiront.
L’institution de Bretton Woods s’inquiète cependant de la situation de la Cemac, qui est essentiellement dépendante des fluctuations du brut. Pour l’économiste en chef pour la région Afrique, les pays de cet espace d’intégration manquent de diversification et cet état de chose pourrait entamer l’activité économique.
« Les pays africains doivent intensifier et approfondir les réformes macroéconomiques et structurelles pour parvenir à des niveaux de croissance élevés et soutenus.», précise l’économiste.
… encore la dette
En ce qui concerne la viabilité de la dette publique des Etats de la région, la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme. L’institution multilatérale s’inquiète du nouveau paradigme des pays africains qui délaissent les sources traditionnelles de financement concessionnel et se ruent vers les marchés. Un nouveau penchant « malsain » qui alourdit le fardeau de la dette et les expose aux risques de marché. Les constats dans ce cadre sont saisissants.
En mars 2018, souligne Africa’s Pulse, 18 pays étaient classés comme étant exposés à un risque élevé de surendettement, contre huit en 2013. Selon les compilations de la Banque mondiale, les eurobonds de la région sont de courtes échéances et la plupart échoient entre 2022 et 2023. Ce qui diminue les marges de manœuvres des gouvernements à financer les secteurs prioritaires.
L’innovation, la clé à l’accès universel à l’électricité
Cette édition d’Africa’s Pulse mise sur l’innovation pour accélérer l’électrification en Afrique subsaharienne et parvenir très rapidement à un accès universel en Afrique Subsaharienne.
Ainsi, préconise-t-il, un ensemble de solutions combinant le réseau national ainsi que les petits réseaux qui s’y greffent, les systèmes domestiques hors réseau notamment le solaire, l’amélioration de la réglementation du secteur électrique et de la gestion des entreprises d’électricité.