L’opposant ivoirien Pascal Affi N’Guessan est libre ce mercredi soir, mais placé sous contrôle judiciaire. Il avait été arrêté le 7 novembre, alors qu’il fuyait la justice qui avait lancé des poursuites contre lui suite à la présidentielle du 31 octobre.
Après deux mois de détention dans un lieu tenu secret pour raison de sécurité selon les autorités, Pascal Affi N’Guessan va donc pouvoir rentrer chez lui. Le président du FPI avait étéarrêté début novembre, quelques jours après la présidentielle, à côté de la ville d’Akoupé, à 140 kilomètres d’Abidjan. Il tentait de rejoindre son fief de Bongouanou. Il était recherché pour des accusations d’attentats et de complot contre l’autorité de l’État notamment.
Le chef du FPI, également porte-parole de la coalition de l’opposition, avait été arrêté suite à la création par les adversaires du pouvoir d’un Conseil national de transition (CNT) pour protester contre la réélection du président Alassane Ouattara à un troisième mandat. Cette initiative avait été jugée insurrectionnelle par le gouvernement qui avait identifié ce CNT comme un gouvernement parallèle et illégal.
Toujours sous contrôle judiciaire
Avec la libération de Pascal Affi N’Guessan, le climat politique ivoirien semble en voie de normalisation. Le président du FPi et porte-parole de la coalition des partis d’opposition a pu rentrer chez lui, après son audition face à un juge d’instruction, qui le maintient sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer à son bureau tous les mois. Une trentaine de chefs d’accusations qui pèsent encore contre lui.
À peine sorti, il a publié un tweet, dans lequel il remercie « tous les démocrates qui se sont mobilisés pour [sa] libération, pour la cause de la démocratie en Côte d’Ivoire.».
Le secrétaire général du FPI, Issiaka Sangaré, salue cette libération qui constitue un «début de commencement vers l’apaisement politique». Cet apaisement a été enclenché le 21 décembre par un dialogue entre le gouvernement et les forces d’opposition qui s’est achevé mardi 29 décembre.
Le regard fixé vers les législatives
Il reste encore une inconnue avec le maintien des poursuites judiciaires concernant Pascal Affi N’Guessan. Le porte-parole du FPI-légal joint par téléphone explique que le parti ne sait pas encore dans quelles mesures Pascal Affi N’Guessan sera libre d’exercer ses activités politiques alors que les législatives viennent d’être fixées au 6 mars 2020.
Le décret concernant ces élections a été adopté à la mi-journée à l’issue du Conseil des ministres et au lendemain de la fin du dialogue politique entre le gouvernement et les partis d’opposition. D’après le Premier ministre, Hamed Bakayoko, cette date a fait l’objet d’un large consensus entre les partis et va dans le sens d’un apaisement politique. Le FPI, ainsi que la branche fidèle à l’ex-président Laurent Gbagbo, ont d’ores et déjà confirmé leur participation.
Malgré tout, l’opposition a précisé qu’elle n’avait pas encore signé le rapport final de ces discussions parce que certains points étaient encore à éclaircir. La remise en liberté des leaders politiques fait toujours parti des revendications des opposants tout comme la recomposition de la Commission électorale indépendante.
Cette dernière institution devra établir un chronogramme avec notamment la période de dépôt des candidatures avant ces législatives.
En cette veille du nouvel an, le chef de l’État Alassane Ouattara pourrait faire des annonces supplémentaires lors de son allocution annuelle à la nation. En conseil des ministres, le président a déjà affirmé qu’il reprendrait le dialogue bilatéral avec son meilleur ennemi et chef de file de l’opposition Henri Konan Bédié, dans la deuxième quinzaine de janvier.
RFI