Les entreprises guinéennes menacées par la concurrence déloyale à outrance de certaines entreprises étrangères, notamment par les entreprises chinoises évoluant en République de Guinée !
Dans le contexte de la mondialisation et de la globalisation de l’économie planétaire, le Gouvernement de la 3ème République en collaboration avec ses partenaires, notamment la Société Financière Internationale (SFI), la Banque Mondiale (BM) et la Banque Africaine de Développement (BAD), a élaboré la politique de contenu local qui devrait permettre une forte contribution des différents projets miniers, à l’économie nationale d’une part et de l’autre favoriser le renforcement des compétences, tant des travailleurs/eusses que des autres secteurs.
Cette volonté politique affichée des autorités s’inscrit dans le cadre du renforcement de la capacité institutionnelle des entreprises guinéennes légalement constituées et exiger des entreprises étrangères à recruter la main d’œuvre guinéenne, à faire la cotraitance et à sous-traiter uniquement avec les entreprises guinéennes qui ont une compétence requise et une expertise internationale indiscutable. Ce qui permettra aux entreprises guinéennes d’être compétitive tant sur le plan national qu’international notamment sur les marchés de contrats d’affaires dont les retombées doivent favoriser la croissance économique, l’emploi et la création de la richesse au bénéfice des populations .
Depuis maintenant plusieurs années, les entreprises guinéennes sont victimes de concurrence déloyale de la part des entreprises internationales, notamment les entreprises chinoises. Ce contribue à des pertes d’opportunités, de création d’emploi et de la richesse pour les opérateurs économiques guinéens.
L’exploitation des carrières par les entreprises chinoises en république de Guinée en est une parfaite illustration.
Et pourtant, à l’avènement de la 3ème République en 2010, le Président de la République Professeur Alpha CONDE, a instruit de réserver exclusivement la gestion des carrières aux entreprises de droit guinéen, c’est-à-dire que plus de 50% des actions doivent être détenues par un ou des acteurs économiques guinéens.
Mais paradoxalement par le fait de la corruption et par manque de contrôle efficient des services compétents de l’Etat, les chinois passent par des nationaux pour créer des entreprises d’exploitation de carrière de droit guinéen dont ils détiennent seuls toutes les actions. En contrepartie ces guinéens sont recrutés dans ces entreprises dites de droit guinéen en qualité d’employé pour un salaire variant entre 10 à 15 millions de francs guinéens.
C’est pourquoi, il convient d’attirer l’attention des autorités sur cette pratique devenue courante dans le secteur plus spécifique de l’exploitation de carrières de matériaux qui n’apporte aucune valeur ajoutée dans la chaine de sous-traitance et de cotraitance (voire l’arrêté conjoint).
Dans un autre domaine plus intéressant, créateur d’emploi et de richesse qui est celui de la réalisation des infrastructures routières, ces mêmes faits laissent apparaitre la favorisation des entreprises étrangères, notamment chinoises au détriment de celles de droit guinéen. Il est évident de constater avec une entreprise internationale, une variation anormale très élevée entre d’une part les marges bénéficiaires réalisées dans le cadre des projets en EPC bénéficiant d’un financement en provenance de la chine, et, d’autre part, celles réalisées dans les projets passant par des procédures d’appels d’offres classiques.
Dans ce dernier cas de figure, les prix sont parfois divisés par trois (3) (grâce au super profit obtenu dans le cadre de la réalisation des projets en EPC), ne laissant ainsi que très peu de chance aux entreprises de droit guinéen.
En termes d’illustration de preuves, la construction de la route Coyah-Dabola et la voirie urbaine de Conakry en sont des exemples irréfutables.
Pour la réalisation de ce projet (route Coyah-Dabola et la voirie urbaine de Conakry) entièrement financé par la Chine, une enveloppe de six cent millions de dollars US (600.000.000US) a été accordée à deux entreprises chinoises, CRBC (trois cent quatre-vingt millions de dollars US (380.000.000US) et CIBITEC deux cent vingt millions de dollars US (220.000.000US).
Dans le cadre de la cotraitance et de la sous-traitance et sur instruction du Président de la république, les 30% de ce financement chinois ont été affectés aux entreprises guinéennes. Ce qui correspondant environs à cent quatre-vingt millions de dollars US (180.000.000US).
Ce qui signifie que les 70% de l’enveloppe globale sont détenus par les entreprises chinoises et les autres 30% sont affectées aux entreprises guinéennes, ce conformément au principe de cotraitance et de sous-traitance.
Ce qui est plus scandaleux et vexatoire, c’est que les entreprises chinoises détentrice des contrats cités ci-haut sont en train d’affecter les 30% réservés aux entreprises guinéennes à des sociétés de droit guinéen contrôlées par les chinois.
Cette concurrence déloyale dont sont victimes les entreprises guinéennes, n’est pas de nature à favoriser l’émergence, le développement et la participation à la création de richesses, de l’emploi, et de la croissance économique inclusive pour le bien-être des populations guinéennes.
Au regard de ce qui précède, les autorités de la 3ème République doivent incessamment en collaboration avec les députés, encadrer les entreprises guinéennes, à travers une loi ordinaire dans le seul but de les protéger en tenant compte des remarques et suggestions relatives au respect du contenu local et de l’attribution des marchés publics susceptibles de les renforcer d’avantage en les rendant plus contraignantes sur la base des mesures sécuritaires suivantes :
- Rendre obligatoire la cotraitance et la sous-traitance avec une entreprise guinéenne, à hauteur de 30% à 40% sur tous les projets réalisés par des entreprises chinoise ou toute autre société étrangère à partir d’un financement multi ou bilatéral.
- Obligation à tout acteur étranger, disposant d’une mine de matériaux (granite et sable) à observer les règles administratives et juridiques visant à démontrer l’implication effective à hauteur de 51% du capitale d’une entreprise détenu par un guinéen.
- Réserver exclusivement l’exploitation de certaines substances comme le granite provenant du sous-sol guinéen aux entreprises guinéennes qui ont l’expertise et la compétence requise en la matière.
- A l’instar du code minier guinéen, préciser des quotas d’ emplois devant être occupés par les cadres nationaux qui ont la qualification requise, au sein des entreprises étrangères du secteur du Bâtiment et des Travaux Publics, exécutant au moins un marché public, et ce, en fonction des différentes phases du dit projet.
En conclusion, les autorités de la 3ème République doivent impérativement accompagner les industriels et les opérateurs économiques guinéens financièrement, dans le but du renforcement de leur capacité financière, de la modernisation de leur capacité industrielle, du transfert de la technologie, le développement des infrastructures de base, leur promotion et leur protection à travers l’adoption d’une LOI Ordinaire, qui définit clairement les relations de partenariat, avec l’Etat, les entreprises étrangères évoluant en République de Guinée et les entreprises guinéennes, ne serait-ce que une garantie pour encourager ces partenaires à investir d’avantage en Guinée.
Que Dieu le tout puissant, bénisse et protège la Guinée, Amen !
Alfoussény MAGASSOUBA, journaliste d’investigation et Directeur de publication du journal KURU KAN FUGA tel : 628617139 /6572072 59/66150 9170