L’histoire, incroyable, s’est écrite dans la douleur sous les épithètes et les quolibets mais, jusqu’au bout, les Éléphants ont tenu bon.
En point d’orgue, une finale remportée (2-1) face à une belle équipe nigériane qui les avait frustrés au premier tour, en les battant par la plus petite des marges, sur un penalty cruel qui avait failli les envoyer en enfer. Il y a eu après l’humiliation retentissante contre le Nzalang National de Guinée Équatoriale, quand la défense ivoirienne s’était transformée en passoire, encaissant coup sur coup 4 buts.
Seulement, les gens les ont enterrés beaucoup trop tôt après ce scenario cauchemardesque, et l’équipe ivoirienne ne dut son salut qu’à une victoire marocaine, inespérée, qui les a classés meilleurs troisièmes.
Entre temps, l’entraîneur Jean-Louis Grasset avait abandonné le navire passant le relais à Ernest Fae et son adjoint Guy Demel qui ont surpris le monde avec leur sens tactique digne d’éloges. Là se trouve sans doute la clé du triomphe ivoirien.
Contre le Sénégal, champion d’Afrique 2022, la polémique qui a suivi la victoire des Éléphants aux tirs aux buts (5-4), suite à des décisions arbitrales contestées, n’a fait que renforcer la détermination d’une équipe qui n’a cessé de progresser durant tout le reste du tournoi.
Les Aigles du Mali, qui croyaient tenir une victoire face aux locaux, après l’expulsion d’Odilon Koussonou qui a abandonné ses camarades à dix sur le terrain, l’ont appris à leurs dépens. L’équation posée par le duo Fae-Demel, malgré l’ouverture du score malien puis l’égalisation ivoirienne dans les arrêts de jeu, n’a jamais pu être résolue par le coach malien, après le « sacrifice » d’un attaquant au profit d’un défenseur pour renforcer l’axe central des futurs champions.
Dans la douleur, les gladiateurs d’Abidjan vont inscrire un but salvateur dans les dernières secondes de ce match tendu, où une fausse rivalité avait été sournoisement agitée entre la CEDEAO et la nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES).
Passé ces deux obstacles majeurs, il faut reconnaître que les Oranges ont bien maîtrisé leur sujet face à aux Léopards de la République Démocratique du Congo (RDC) et contre les Super Eagles qui avaient pourtant réussi à ouvrir le score par leur défenseur Kloost Ekong, contre le cours du jeu (36ème minute).
Un homme a marqué la finale de son empreinte : le très jeune attaquant Simon Adingra. Ce garçon est incroyable de lucidité et de vista : il a illuminé le match le plus important de sa vie face à l’arrière latéral droit Ola Aina qui n’est pourtant pas un manchot. Je pense que le défenseur nigérian, si brillant lors de la victoire du Nigeria face à la Côte d’ivoire au premier tour (1-0), a livré son plus mauvais match de la compétition. Tout un symbole.
Après le but nigérian dans cette finale, l’ex-Barcelonais Frank Kessié a montré la voie à ses coéquipiers en égalisant de la tête (62ème minute), avant que l’attaquant du Borussia Dortmund Sébastien Haller (81ème minute) n’enfonce les Super Eagles en déviant subtilement du pied, en extension, un ballon sur un centre d’Adingra.
À 2 buts à 1, le coaching de Fae a permis de grignoter les quelques minutes qui restaient pour libérer le pays qui, au finish, a réussi à organiser, à tous points de vue, la plus belle CAN de l’histoire.
Le football est un sport magnifique. Cette victoire ivoirienne, qui se déroule 24 heures après que l’Afrique du Sud ait remporté le match comptant pour la troisième place au détriment de la RDC, leur permet d’accrocher une troisième étoile à leur maillot.
Elle récompense surtout l’effort d’un pays formidable qui a mobilisé plus d’un milliard de dollars USD pour accueillir les meilleurs joueurs du continent africain. Une image incontestablement rehaussée par le sacre le plus inattendu des Éléphants. Bravo à la Côte d’ivoire !
Par SALIOU SAMB