Peut-on parler de gouvernance sous Alpha Condé ? Cette interrogation demeure quand on sait que gouvernance implique la participation d’autres acteurs que l’Etat dans la gestion de la chose publique.
Dans un régime où tout semble être centralisé, violant ainsi certaines modalités de la gouvernance territoriale. Faire l’autopsie de ce qu’on peut appeler avec prudence gouvernance consiste à évaluer quelques secteurs stratégiques à l’aune de la réalité. Cette réflexion s’articule autour de trois secteurs clés tels que l’éducation, l’énergie et l’économie.
Parlant de l’éducation, c’est le secteur qui a le plus souffert et échoué dans la gouvernance Alpha Condé. A des successions de crises, se sont aussi succédé des solutions politiques politiciennes. Ce qui fait que le mal demeure. Toute solution sérieuse nécessite en amont une étude sérieuse pour appréhender et comprendre le mal afin de proposer des solutions. Les crises continuent, les grèves se succèdent. Chacun peut alors se faire une idée de la santé de notre système éducatif, par ailleurs, décrié pour son retard par rapport aux standards internationaux.
Au niveau de l’électricité, cela s’est désormais érigé en des stratégies de campagne ‘’électorabarrale’’. L’histoire politique de la Guinée nous enseigne que tous les grands barrages aux résultats insatisfaisants sont tous à buts électoraux. De Garafiri à Souapiti en passant Kaleta, tous ces barrages se réalisent dans une vitesse pour servir de moyens de propagande électorale. La précipitation qui commande les actions de réalisation de ces barrages ne sont pas sans conséquence sur la qualité du rendu.
Sous ce régime, plus 3 milliards de dollars ont été investis dans l’électricité sans en être capable d’assurer une couverture électrique d’une seule ville en Guinée. À côté de cela, alors que les groupes électrogènes de l’ancien Premier ministre Sidya Touré avaient été ici critiqués, le gouvernement d’Alpha Condé a acheté deux groupes électrogènes au Brésil à 140 millions de dollars sans en être capable d’allumer une seule ampoule. D’énormes investissements ont été faits dans le secteur électrique sans répondre aux besoins des populations dans ce domaine. On pourrait constater ce que représente l’inexpérience dans de tel gâchis.
S’agissant de l’économie, le gouvernement se targue d’une croissance économique conférée que par des chiffres sont annoncés sans incidence sur le panier de la ménagère. Cependant cette croissance chiffrée est le reflet de l’exploitation abusive des mines avec toutes les conséquences environnementales y afférentes. Le Président Sidya Touré avait souligné l’expérience de l’île de Naurou pour interpeller les autorités gouvernementales du danger qui guette la Guinée.
Tout récemment, le député Damaro Camara, s’exprimant sur la recrudescence des hostilités à Banankoro, avait fait savoir que l’exploitation de l’or a appauvri les sols et qu’une aucune culture même l’élevage ne prospèrent dans cette localité. Désormais, les mines ont encore montré leurs limites à procurer du bonheur à la population guinéenne. Il faut repenser le pilier de la croissance économique de notre pays par l’agriculture voire même l’économie agricole.
En somme, l’autopsie de la gouvernance actuelle par ces quelques secteurs montre à suffisance qu’aucun secteur ne progresse en Guinée. Cela ne peut guère apporter de la prospérité aux populations guinéennes. Cela est même perceptible dans la position qu’occupe la Guinée après l’Afghanistan en termes de demandeurs d’asile en France.
Avec le pilier de la croissance économique actuelle, seule une minorité de la population autour du Chef en bénéficie au détriment du peuple. C’est une oligarchie banditocratique et ploutocratique qui administre de nos jours notre pays. Voilà une raison de plus à exiger l’alternance politique démocratique en Guinée. Et le travail n’est pas la seule affaire des politiques, c’est une lutte citoyenne où tout le monde doit s’inviter.
Fodé BALDE
Homme politique guinéen
La Guinée d’abord