La disponibilité en quantité et en qualité suffisante de l’énergie électrique dans un pays, apporte du confort, du bien-être dans les ménages, favorise le développement de l’artisanat, des industries et des petites et moyennes entreprises ainsi que le secteur des services de l’administration, des technologies de l’information et de la communication, en même temps que se développe l’agriculture, permettant d’assurer la croissance économique du pays en concordance avec sa croissance démographique (Hounkpatin, 2013 cité par Palakiyem Kpemoua).
Si, de nos jours, le problème de l’énergie électrique n’est plus un souci majeur pour les nations développées, les pays en développement notamment ceux de l’Afrique subsaharienne caractérisés essentiellement par l’extrême pauvreté, la faiblesse des Investissements Directs Etrangers (IDE), l’insécurité alimentaire, des endettements massifs, une faiblesse sans précédents de la croissance économique ainsi qu’un accroissement démographique important se trouvent confrontés sans cesse à des problèmes électriques.
Selon Foster et Briceño-Garmendia, (2010), les entreprises formelles en Afrique perdent 6% de leurs ventes à cause des fréquentes coupures d’électricité. S’agissant des entreprises informelles, les pertes s’estiment à 16%. Ce qui est énorme à notre sens.
Un autre facteur, qui influe significativement sur le développent de l’électrification en Afrique subsaharienne, est son prix qui demeure trop élevé. Ainsi, toute chose égale par ailleurs, toute augmentation excessive des tarifs, des redevances ou taxes imposées aux entreprises et à la population va pénaliser cette population (baisse de la consommation) et la compétitivité de ces entreprises (augmentation des coûts de production).
Tout comme les autres pays d’Afrique subsaharienne, la Guinée ne fait pas exception à la règle car, elle reste encore confrontée à des crises énergétiques qui se manifestent parfois par des délestages de longue durée pouvant occasionner la détérioration des conditions de vie et de qualité de travail des populations, la chute de la production des entreprises, la baisse de la croissance économique ainsi que la réalisation des objectifs d’émergence du pays notamment ceux des OMD.
La question qui se pose est de savoir s’il existe une relation entre la croissance de l’activité économique et l’offre d’énergie électrique en Guinée ?
Plusieurs études empiriques ont été réalisées dans le but de saisir le lien entre la croissance économique et la consommation/demande d’électricité pour le cas des pays développés mais très peu d’études ou analyses ont été consacrés à l’offre d’électricité/production d’électricité dans le cas des pays d’Afrique subsaharienne notamment en Guinée.
L’objectif de cette analyse théorique et non empirique est de passer non seulement en revue le potentiel hydroélectrique exploité et non exploité de la Guinée afin d’apporter quelques pistes de solution pour une amélioration de la desserte électrique, mais aussi et surtout de combler le vide lié à la quasi-inexistence d’études (exceptés les études réalisées par Dr KEITA Abdoulaye ; M. TRAORE Alsény Traoré et M. SYLLA Amadou) dans ce secteur laissé à pour compte.
Nonobstant, il convient de rappeler que la Guinée dispose de plusieurs sources de production énergétiques repartis en 4 sous-secteurs dont i) le sous-secteur d’électricité estimé à plus de 6 100 MW[1], dont exploité 367,2 MW ; ii) le sous-secteur des hydrocarbures représentant 22 % de la demande brute d’énergie ; iii) le sous-secteur de la biomasse[2], dont le potentiel d’offre énergétique est évalué à 1 538 000 TEP (Tonnes-Equivalent-Pétrole) ; iv) le sous-secteur énergie renouvelables avec un potentiel en énergie solaire et éolienne largement sous exploité, la moyenne annuelle d’exploitation est estimée à 4,8 kWh/m²j pour une durée moyenne annuelle d’heures d’ensoleillement comprises entre 2 000 heures pour Conakry et 2 700 heures pour Kankan pour ne citer que ceux –là (Sylla A, 2017). Quant au potentiel éolien, la vitesse du vent en Guinée se situe dans une fourchette de 2 m/s à 4 m/s.
Comme signalé ci-haut, notre analyse sera consacrée uniquement au potentiel hydroélectrique de la Guinée. Les autres sources d’énergies citées ci-haut feront l’objet d’une communication ultérieure. D’entrée de jeu, il convient de rappeler que la Guinée dispose d’un potentiel hydroélectrique Guinée, l’on se rend compte que nous disposons d’un important potentiel reparti sur les 4 régions naturelles du pays.
Selon les chiffres recueillis auprès de l’EDG, la Guinée Maritime compte sept (7) grands bassins représentant à eux seuls 2,8 GW soit 46 % du potentiel national. Toutefois ; il convient de souligner que cette région abrite d’importants sites dont Donkéa et Banéa récemment aménagées avec une puissance totale installée de 47 MW. A côté de ces sites se trouve Garafiri d’une capacité de 75MW sur le haut Konkouré et enfin de compte Kaléta avec une puissance installée de 240 MW.
A l’image de la Basse Guinée, la Moyenne Guinée à son tour compte également sept (7) grands bassins représentant une capacité totale de 2,6 GW soit 43 % du potentiel total hydroélectrique du pays. La principale réalisation est la mini centrale de Kinkon pour une puissance installée de 3,2 MW (Sylla Amadou, 2017) ;
Contrairement aux deux autres régions cités ci-haut, La haute et Guinée Forestière disposent d’un potentiel hydroélectrique de à 0,6 GW (dont 0,5 pour la Haute Guinée et 0,1 pour la Guinée Forestière) soit 11 % du potentiel total du pays. Ce potentiel est réparti entre plusieurs grands bassins. C’est seulement dans le bassin du Tinkisso, un des affluents du fleuve Niger, qu’une microcentrale de 1,5 MW a été mise en place ; Lire la suite ci-dessous…
Par Safayiou Diallo