Tribune. Être un acteur au sein de la politique guinéenne qui ressemble à un champ d’oignons où chacun vient cueillir de façon sordide sa part, c’est plébisciter la médiocrité !
En effet, nous sommes dans une perpétuelle lutte de personnes ; la société́ est à la solde des visions anarchistes et archaïques, et l’espoir est presque déchu. Des leaders politiques s’élèvent dans une dynamique de changement mais en même temps s’engloutissent dans une sphère de politique politicienne.
Les plus ardus dans le travail sont inscrits sur la liste des ennemis du développement, contrairement aux partisans de moindre effort, étalés dans leurs conforts. La lumière est mise sur l’incapacité des uns à propulser la nation guinéenne vers le haut, certes nous pouvons marteler cela, mais une question prime : Ne devrions-nous pas assumer que nous sommes tous la cause de cette Guinée mourante et les dirigeants à un degré élevé ?
L’histoire se répète, car rien ne change et il faut faire avec dans la fatalité et l’inaction. Mais pour quelle raison ? Le bonheur du peuple n’est-il pas important ?
De mon point de vue, le problème de la Guinée est plus profond, puisque sa jeunesse refuse de prendre son destin en main. Celle qui s’agite est vite récupéré par le pouvoir, se retrouve à la mangeoire et sa bouche devient muselée au risque de voir ses intérêts se dissiper.
L’incompétence de cette jeunesse est prônée pour certains par peur de la voir bouleverser le cours de l’histoire. Pour d’autres, par l’ignominie et l’appât du gain facile. On peut ne pas l’admettre, mais seule la jeunesse guinéenne conscience du devenir de la Nation, patriote et engagée serait en mesure de changer la donne et offrir un élan promoteur d’une Guinée nouvelle où les compétences priment pour orienter le pays vers un avenir radieux.
La Guinée est prisonnière d’un système improductif, destructif et polluant…
Soyons honnêtes et clairs et disons-le objectivement, le problème de la Guinée n’est pas l’apanage d’un individu fut-il Alpha Condé́, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté ou une autre personne. Par contre, c’est un problème systémique cautionné par des individus mal intentionnés et voraces face aux deniers publics. Le système est pourri jusqu’à̀ l’os.
Laisser Alpha pour Dalein, ou laisser Dalein pour Sidya, pas besoin de rêver, dès lors que c’est le même système, le même clan de voleurs, mafieux, individualistes, continuera de se la couler en douce au détriment du développement du pays !
Il suffit de jeter coup d’œil sur la classe politique ou l’administration publique, ce sont les mêmes personnes renforcées par de nouveaux recrus encore plus corrompus que ceux qu’ils ont trouvés dans le même système néfaste pour la population guinéenne.
Une minorité de (peut-être 5% ou moins) de la population refuse catégoriquement d’offrir un meilleur lendemain au peuple de Guinée. Même si Dalein ou Sidya venait à accéder au pouvoir ou encore Kouyaté, Ousmane Kaba, etc., il se fera encore une fois entourer par mêmes éléments, c’est ça la réalité.
Quelle dénonciation le président Alpha Condé n’a pas fait concernant les cadres véreux de l’administration ? S’est-il départi d’eux ? Avec qui travaille-t-il aujourd’hui ?
Président depuis bientôt 10 ans, tous les rêves qu’il murissait au cours des 40 ans de lutte auraient pu être une réalité totale, avec une jeunesse à sa solde et engagée dans le développement durable de la Guinée. Mais très malheureusement, en bon exemple du problème réel de la Guinée, Alpha Condé́ tout comme ses prédécesseurs, est un prisonnier du système, bien qu’ayant posé quelques jalons salutaires de sa vision avant-gardiste.
Il faut donc être coriace pour tenir tête à ce système.
Société civile, partis politiques, leaders d’opinions, médias, gouvernants… englobent tout ce système. La Guinée a juste besoin d’un changement de système.
Vous vous imaginez que si Alpha Condé́ n’est plus président, le problème de la Guinée serait-il résolu sans changement du système et des mentalités ? Seul le temps nous le dira !
A présent, la jeunesse doit être consciente de son rôle…
La jeunesse guinéenne doit ouvrir les yeux, et préparer la relève, par une vraie révolution intellectuelle dans la fraternité et l’union. Je suis intransigeante sur ce point, une minorité de la jeunesse guinéenne bénéficiant des faveurs du système est peut-être corruptible, et n’est pas prête à rentrer dans l’histoire, mais la grande partie est incorruptible. Cette jeunesse dont je parle n’est pas pionnière de l’ethnocentrisme, elle a de la vision et peut tout changer en se donnant une chance à condition qu’on arrête de faire le nivellement par le bas.
Le chemin est très long, j’avoue, on me dira que je rêve, mais je suis consciente que beaucoup pensent la même chose et sauront lire entre mes lignes. Je tenais à exprimer cette vision, la Guinée ce n’est pas une question de personne mais plutôt de système, il est temps de faire partir tous ces gens. Cela ne peut se faire que par la prise de conscience des jeunes, loin de l’ethno-stratégie.
De l’époque Sékou en passant par celles de Conté, Dadis, Sekouba et puis Alpha, ce sont les mêmes du système qui flambent tout et refusent de faire avancer la Guinée. Ils empêchent les visionnaires de poser des actes concrets car cela ne profite pas à leurs intérêts. De surcroît le bas peuple duquel nous sommes issus, refuse de faire activement l’éveil des consciences.
Sékou Touré a été leader à 35 ans, Alpha s’est intéressé à la politique très tôt à l’âge de 20 ans, pourquoi jeunes de Guinée refusons-nous d’être des meneurs et préférons rester suivistes dans la négation ?
La jeunesse doit prendre sa place de mérite, car ni Alpha Condé́, ni Dalein ne lui cédera sa place, elle se doit de l’arracher et poser ses marques.
Ce pays a besoin d’une révolution intellectuelle de la jeunesse à l’image de 1958. C’est ma vision pour l’avènement d’une Guinée nouvelle.
Djénè Dine KOUYATE
Journaliste