La Guinée essuie des revers sur la scène internationale comme conséquences des ambitions politiques d’éternisation du pouvoir actuel.
Ceux qui clament la réussite du retour du pays dans le concert des grands ne le mentionneront jamais, car la diplomatie guinéenne est en pleine dégringolade après avoir donné l’espoir de renouer avec ses gloires d’antan.
Le revers d’Abuja
L’un des derniers revers en date est l’échec de la Guinée face au Niger de Mahamadou Issoufou dans la succession au président Nigérian Muhammadu Buhari à la tête de la Cedeao. M. Issoufou a été plébiscité par ses pairs de la sous-région suite à son action salvatrice et démocratique de renoncer à tout projet de modification de la constitution contrairement à son homologue guinéen qui, avec son parti se battent pour obtenir à tout prix ce fameux troisième mandat.
La fermeture des portes de l’Élysée
Le refus répété d’audience à l’Élysée depuis des mois au président guinéen qui avait pris pour habitude d’y faire escale lors de chacune de ses sorties hors du pays est la conséquence de la volonté manifestée du locataire de Sekhoutoureya de se maintenir au pouvoir, une pratique que l’administration Macron a promis de combattre sur le continent.
Le rappel d’Alexandre Bregadzé, le très controversé diplomate Russe
Le doyen des diplomates présents en Guinée a été rappelé par le maître du Kremlin après la sortie controversée et compromettante de ce dernier « Les Constitutions, ne sont ni dogmes, ni Bible, ni Coran. Les Constitutions s’adaptent à la réalité, mais les réalités ne s’adaptent pas aux Constitutions. Nous vous soutenons, monsieur le président (…) La Guinée a besoin de vous, surtout aujourd’hui ! Et comme dit le dicton populaire russe : on ne change pas les chevaux au passage du cours d’une rivière. Actuellement, la Guinée est à ce passage. Soyez avec Elle, cette belle et riche Femme ! La vie continue… ».
Le rappel de M. Bregadze démontre l’opposition du Kremlin ou du coup de sa non adhésion au discours tenu par son diplomate lors d’une rencontre du chef de l’état avec les diplomates officiant en Guinée. Prenant la parole comme doyen des représentants étrangers (en service depuis janvier 2011), le diplomate Russe s’exprime au nom de tous ses collègues présents en affichant leur soutien total au changement de la constitution même si certains se démarqueront plus tard et affirmeront leur opposition au discours.
Son acte n’était pas passé inaperçu au Kremlin et Serguey Lavrov le patron de la diplomatie Russe ne manquera pas l’occasion de lui rappeler définitivement en tant que diplomate. Ce rappel par Kremlin était simplement un signal fort à Sekhoutoureya pour manifester son opposition car même le président Putin avait pris la peine de se retirer pour 4 ans par respect à la constitution Russe.
La récente sortie du secrétaire d’état Américain adjoint aux affaires africaines Tibor Nagy
« D’abord, les États-Unis reconnaissent la souveraineté de chaque État, et les États peuvent changer de Constitution à leur guise. Mais nous avons un problème s’il apparait évident que le président en exercice se serve de cela uniquement pour se maintenir au pouvoir. D’autres pays ont changé leur Constitution pour en modifier certains aspects, dont le nombre ou la durée des mandats, mais tout en respectant les principes démocratiques. Á savoir, un débat sur la pertinence d’une nouvelle loi fondamentale et son adoption soumise à référendum par la population » ne vient pas du tout réconforter le président guinéen dans son initiative de changement de la constitution lui permettant une remise à zéro des compteurs et l’ouvrant du coup les portes à un éventuel troisième mandat et ainsi prolonger son séjour à Sekhoutoureyah.
Le monsieur Afrique du tout puissant président Américain Donald Trump a avant tout reconnu la souveraineté de la Guinée ainsi que le respect de l’article 51 de sa constitution (qui donne un certain privilège au président pour l’organisation du référendum) avant de faire une mise en garde comme quoi la première puissance mondiale et les gendarmes du monde auront un problème (à interpréter connaissant les menaces américaines) s’il apparaît évident que le président en exercice le faisait uniquement dans le but de s’éterniser au pouvoir, cette évidence, elle existe bel et bien car il suffit simplement de prêter oreille aux discours d’un membre du gouvernement ou du parti au pouvoir. Car ni le président guinéen ni ses ministres ni les membres de son bureau politique national de son parti ni ses militants et propagandistes ne cachent cette ambition d’éternisation laissant entendre en longueur de journée des slogans allant dans le sens d’idolâtrer le président comme Walou akha akhawali ragnon ( laissez-le finir son travail), la Guinée n’a jamais connu un ancien président ( Sekou TOURE étant resté au pouvoir pendant 26 ans et son successeur Lansana Conte 24), Alanmané (ça marchera) ou Alpha Conde est comme Dieu, il est notre Dieu.
Cette voix du secrétaire américain vient créer un climat de désarroi collectif au sein de la mouvance en atteste la dernière sortie du président du groupe parlementaire du RPG Arc-en-ciel mais il aurait mieux fait de prendre conseil auprès de l’homme de Ouagadougou avant d’essayer de tacler le locataire de la Maison Blanche.
Il est temps qu’Alpha Conde renonce à son projet connaissant la force de frappe de la première puissance même si celle-ci privilégie le dialogue avant de faire recours à toute force ou sanctions économiques. Cette communication américaine sonne comme un avertissement pour Alpha Conde et son régime.
Ce projet suicidaire ne manquera pas d’avoir des répercussions économiques néfastes sur les conditions de vie de la population guinéenne surtout à un moment où le gouvernement peine à trouver la bonne formule ,tâtonne et patauge entre augmentation du prix du carburant, réduction des dépenses publiques ou demande d’audit dans les secteurs stratégiques de l’énergie et des travaux publics( secteurs minés par des pratiques de surfacturations, de corruption et d’octroi sans appel d’offre des marchés publics) où des sommes colossales ont été décaissées, mais dont les résultats se font toujours attendre.
Avec les oppositions conjuguées des États-Unis de la France ainsi que de la Russie au projet de changement de la constitution et d’éternisation du président, le gouvernement guinéen s’expose à des sanctions économiques dont les seules victimes ne seront que le misérable bas peuple.
Sadibou KALLO
Gestionnaire informaticien
Analyste politique
Nevada, États-Unis