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Alpha Condé ou la grande désillusion !

Tribune. L’opposant Alpha Condé était un espoir pour la Guinée et la démocratie. On évoquait se hauts faits et sa constance. En quarante années de lutte, il n’avait pas varié et s’était montré désintéressé au point que l’opinion le qualifiait de « Monsieur Mains Propres ».

Son avènement au pouvoir a été un espoir pour les Guinéens qui, comme ils le disent, ne voulaient pas à la magistrature suprême du pays une  personne du « système ».  Ce fut aussi une crainte, on avait peur qu’il se montrât rigoureux. Hélas, quelques années de gouvernance ont suffi pour les Guinéens comprennent que le système  est dur à abattre.  Il a broyé Alpha Condé qui  a repris et implémenté  tout ce à quoi il s’était opposé.

Pendant dix années de gestion, la gouvernance du Président Alpha Condé n’a pas permis d’améliorer l’état de nos infrastructures routières qui sont encore impraticables. Elles endeuillent. Pendant dix années de  gouvernance, il n’a pas pu reformer l’école qui fabrique encore des chômeurs  et qui est incapable de former des cadres aux exigences du monde moderne et de transmettre les valeurs fécondantes. Le système de santé publique est encore désarticulé ; il n’est pas accessible à tous. L’appareil judiciaire poursuit ceux qui s’opposent aux mauvaises pratiques des dirigeants, alors il les arrête et emprisonne ; il se montre lent et faible quand il s’agit de juger ceux qui  prêchent la haine, spolient les propriétés et richesses.

Pendant dix années, la création de richesse jamais égalée est évoquée, mais elle ne profite pas au plus grand nombre étant tirée de la performance du secteur minier sans effet d’entraînement avec les autres et avec de grandes externalités négatives. Le nombre de pauvres  augmente en Guinée  passant de 47 % en 2007 à 52 % à 2012 et à 60 % à nos jours. Cette croissance n’est pas créatrice d’emplois plus que le secteur dont la contribution est la plus grande à la croissance économique a permis de créer 17 000 emplois directs et 55 000 emplois indirects avec 10 milliards de dollars d’investissement.

Pendant dix années de gestion, le tissu social s’est effiloché et  la confiance des Guinéens en leur institution a été entamée. C’est l’appareil répressif de l’Etat qui est utilisé contre les citoyens guinéens.  Pendant dix années de gestion, le Président Alpha Condé a promu les courtisans ; il a encouragé le militantisme et la servilité politique. Il a découragé la compétence et le travail bien fait. Il a donc entretenu la corruption morale.

Pendant dix années de gestion, le Président Alpha Condé n’a pas engrangé de résultats encourageants dans la lutte contre la corruption. Les actes de corruption révélés n’ont pas été jugés et punis. Les marchés de gré à gré ont lieu, les surfacturations, les paiements de pots-de-vin pour accéder aux marchés et aussi aux documents administratifs. Les recrutements en faveur des militants du pouvoir à la fonction publique ont  lieu sans qu’aucun concours ne soit annoncé.

Pendant dix ans, le Président Condé n’a pas eu un gouvernement. Il en avait plusieurs : un officiel, aux postes mal décrits, et, un autre  de l’ombre où il recycle les ministres défaits.  Pendant dix ans, il n’a pas pu communiquer une vision de développement. Il a fait la navigation à vue, s’asseyant à tout croyant que tout lui réussirait.

Celui qui avait promis de devenir le Mandela  de la Guinée caresse à présent les rêves de Biya, Sassou, Déby. Celui qui avait dénoncé la parodie de référendum de Conté marche sur ses pas.  Pris dans le piège de ceux qui utilisent les leviers du pouvoir à leurs propres fins, il désire une autre chance, convaincu qu’il n’a pas été à la hauteur de ses combats historiques. Alors, ses cautions disent : « Qu’on lui laisse  terminer son travail ». Quel est ce travail ?  Est-il bon pour le pays ?  Peut-il relever tous les défis de la Guinée ?   Il veut à présent installer une dictature à base professionnelle. Alpha Condé traine dans la boue son passé de combattant de la démocratie. Ah, le temps évente les supercheries et révèle ce que les hommes ont de sincère en eux ! Pour quoi  se battait-il ? La démocratie ?  Non. Pour accéder au pouvoir et y mourir dans la succulence.

 

Ibrahima SANOH

Citoyen guinéen

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