Lorsqu’il s’agit de parler de notre histoire politique, il est toujours regrettable de constater que chacun y va de son point de vue fondé sur des informations et sentiments personnels.
Evidemment, cela ne peut en être autrement pour un pays dont les dirigeants, malgré les multiples tragédies politiques, ont toujours refusé la construction d’une mémoire collective.
Nos manuels scolaires semblent avoir été rédigés de façon sélective avec plus de motivations politiques qu’académiques. Ceux qui se sont intéressés profondément à l’histoire politique de la Guinée à travers des recherches par des sources diversifiées et contradictoires, peuvent se rendre compte des omissions et même des mensonges par endroits dans le contenu de certains documents pédagogiques.
L’une des illustrations de cette réalité est le processus d’indépendance de notre pays. En effet, comment comprendre que nos manuels scolaires ne parlent pas suffisamment des rôles joués par certains pionniers et leaders emblématiques tels que Framoï Bérété, Mamba Sano, Amara Soumah, Barry Diawadou, Karim Bangoura, Yacine Diallo, Koumandian Keita ? L’histoire de notre indépendance se limite-t-elle à la date du 2 octobre 1958 et au rôle joué uniquement par les membres du PDG-RDA ? Sur quelle base a-t-on attribué officiellement l’étiquette de “traître” à certains compagnons de l’indépendance ?
Des réponses objectives à ce type de questions pourront nous aider à mieux comprendre pourquoi nous manquons tout le temps l’opportunité de mettre la Guinée sur le bon chemin.
Toujours est-il que l’expérience a prouvé que notre pays est tenu par un système qui produit et entretient des dirigeants qui ont les mêmes caractéristiques : médiocres, sanguinaires, manipulateurs, haineux, etc.
Malheureusement, ce système continue d’exister grâce à l’ignorance de la véritable histoire de notre pays. La désinformation et l’intoxication étant le carburant qui alimente son fonctionnement, il profite fondamentalement aux mêmes personnes avec quelques intrus qui grignotent en périphérie.
Alors l’ignorance et la peur d’en parler constituent la seule chance de survie du système. C’est pourquoi ses bénéficiaires déguisés évoquent tous les arguments farfelus pour dissuader un débat objectif sur notre histoire politique. Leur stratégie de manipulation peut même aller jusqu’à utiliser l’aspect ethnique pour noyer la pertinence des arguments avancés (le nom de famille est souvent leur premier élément de repérage).
Tout porte à croire que les Guinéens qui vont pouvoir changer les choses, seront ceux qui ont l’intelligence de comprendre la véritable source du mal en l’occurrence le système, et le courage de le démolir à travers la formation, l’éducation et la sensibilisation des citoyens.
Pour l’intérêt de la Guinée, brisons enfin le mythe en étant indifférents aux calomnies et injures des esprits faibles manipulés par les parrains du système. Autrement, notre pays continuera de chercher désespérément les bons repères pour sa stabilité politique, sa cohésion sociale et son développement économique.
Aliou BAH
MoDeL