C’est un coup de tonnerre. La commission d’éthique de la Fifa a suspendu pour cinq ans l’actuel président de la Confédération africaine de football (CAF), lui infligeant de surcroît 185 000 euros d’amende, notamment pour détournements de fonds.
Après 30 années de présidence Issa Hayatou au sein de la Confédération africaine de football, Ahmad le Malgache élu à la surprise générale en mars 2017, devait révolutionner le monde du ballon rond sur le continent africain.
Presque quatre années plus tard, candidat à sa propre succession, l’actuel président de la Confédération africaine Ahmad vient d’être suspendu pour cinq ans par la commission d’éthique de la Fifa qui lui a infligé au passage une amende de 185 000 euros. Ahmad avait par ailleurs été placé en garde à vue pour des soupçons de corruption en juin 2019 à Paris. Selon le communiqué de la Fifa : « La décision a été notifiée à M. Ahmad aujourd’hui (23 novembre 2020), date à laquelle l’interdiction est entrée en vigueur. »
« M. Ahmad avait manqué à son devoir de loyauté »
Né le 30 décembre 1959 à Madagascar, cet ancien homme politique, qui a été secrétaire d’État au Sport et ministre de la Pêche à Madagascar, est « coupable d’avoir enfreint les articles 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la Fifa, ainsi que l’art. 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018 ».
« L’enquête sur le comportement de M. Ahmad au poste de président de la CAF entre 2017 et 2019 a porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque (Oumra), ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités », indique le communiqué de la Fifa.
« Dans sa décision, qui a fait suite à une longue audition, la chambre de jugement de la Commission d’éthique a établi, sur la base des informations recueillies par la chambre d’instruction, que M. Ahmad avait manqué à son devoir de loyauté, accordé des cadeaux et d’autres avantages, géré des fonds de manière inappropriée et abusé de sa fonction de président de la CAF », peut-on aussi lire.
Fragilisée par plusieurs polémiques et des problèmes de gouvernance
À l’été 2019, Ahmad avait demandé l’aide de la Fifa pour superviser son organisation, fragilisée par plusieurs polémiques et des problèmes de gouvernance. La numéro deux de la Fifa, Fatma Samoura, avait notamment effectué un mandat de six mois mais celui-ci, qui visait à accélérer le processus de réformes au sein de l’instance, n’avait pas été renouvelé début février 2020.
Par ailleurs, licencié en avril 2019, le secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy, décédé depuis, avait envoyé une lettre à la Fifa dans laquelle il accusait M. Ahmad de corruption – paiement de pots de vin à plusieurs dirigeants, usage personnel de fonds de la CAF – et de harcèlement sexuel à l’encontre de plusieurs salariées de la Confédération.
Testé positif au Covid-19, fin octobre, puis hospitalisé, Ahmad observe actuellement une période de convalescence de 20 jours durant lesquels il a quitté son poste. Le premier vice-président, Constant Omari, assure actuellement l’intérim à la tête de l’exécutif de la CAF et ce jusqu’au 30 novembre 2020.
La CAF et le président de la CAF ont pris acte de la décision de la commission d’éthique de la Fifa. En application de ses statuts, la CAF annonce dans un communiqué que l’intérim actuel de M. Constant Omari comme Président de la CAF est de fait prolongé. La CAF s’inquiète « des conséquences sur sa réputation de cette longue procédure », et « maintient le calendrier de l’ensemble de ses activités et programmes.»
En ce qui concerne la prochaine élection à la présidence de la CAF, le Sénégalais Augustin Senghor, le Mauritanien Ahmed Yahya, l’Ivoirien Jacques Anouma et le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe ont déclaré leur candidature. L’élection aura lieu le 12 mars 2021 au Maroc.
RFI