Le procès dans l’affaire des frères Pogba s’est poursuivi ce mardi 03 décembre 2024 au tribunal correctionnel de Paris. Ouvert depuis le 26 novembre dernier, les six personnes impliquées a priori dans cette sombre histoire se présentent les unes après les autres face à la justice pour « tentative d’extorsion » de l’ancien joueur de la Juventus Paul Pogba. Ce mardi, c’était le tour de Mathias Pogba de livrer son témoignage dans cette affaire.
Attendu à la barre vendredi, puis samedi, le frère jumeau de Florentin ne voulait pas prendre la parole. Une fois arrivé du tribunal, Mathias Pogba (34 ans), accompagné de sa mère Yeo Moriba, a été interrogé sur sa relation avec son frère Paul. « Nos relations sont normales et correctes », a-t-il répondu à la présidente du tribunal. Ensuite, il a été questionné concernant la soirée du 19 mars 2022, au cours de laquelle son frère a été séquestré. Il assure qu’il n’était « pas du tout » au courant de cela. Puis, la soirée du 20 mars, le lendemain des faits, dont-il avait notamment croisé son frère à un évènement. « Ça m’a surpris. Et il l’a vraiment caché ça, je n’ai rien vu. Mais je pense que c’est dû à notre nature. Et c’est dans une salle de sport à Noisy-le-Grand que j’apprends qu’il a été séquestré. Je me préparais à partir en Australie dans le club auquel je venais de signer », a-t-il expliqué.
Mathias Pogba avoue se sentir lui aussi en danger du fait de sa relation fraternelle avec son frère Paul : « Quand j’ai décidé d’aller à Turin, c’était dans le but que tout le monde se parle. (…) Je lui ai dit : « il faut que je te parle, face à face, car la famille est en danger. Je ne peux pas te dire ça par téléphone ». On me raconte qu’il a dit qu’il allait payer 13 millions d’euros et que Roushdane K. s’était porté garant. Je ne sais pas à quoi correspond cette somme. Quand je vais là-bas, je veux juste que l’on s’assoit et qu’il me dise ce qu’il s’est passé. (…). Mais sur place, j’attends des heures. On me dit qu’il arrive et il ne vient pas.»
Le frère aîné a aussi évoqué les menaces qu’il a lui-même reçues à la fin du mois de juillet, au logement des parents de Roushdane et Machikour K. « Quand les braqueurs armés arrivent à notre niveau en voiture, Mamadou M. se baisse et j’entends : « dis à ton frère de payer ! Sinon la prochaine fois c’est à Santeny (la maison de la mère des Pogba). Après ça, je ne suis pas sorti de chez moi pendant 5 jours.» Tétanisé, Mathias dit avoir vite prévenu sa mère du danger qu’ils encourent : « Le but de ça, c’est d’annoncer à ma mère ce qui nous arrive.»
La suite de l’interrogatoire a été consacrée aux vidéos menaçantes enregistrées et publiées par l’ancien attaquant du Syli National en août 2022. « Je l’ai fait parce qu’il (Paul) ne m’a rien dit, il ne m’a pas appelé, j’essaie d’entrer en contact avec lui sans succès, il m’arrive plein de choses… Je suis dans la jungle, là, c’est comme si on m’avait dit : « démerde-toi ». C’est comme ça que je l’ai vécu. Alors, là, je ne suis plus Mathias, je suis sous le choc émotionnel, je ne réfléchis plus correctement. Aujourd’hui, je le regrette à 100% mais à ce moment-là, c’est ma seule issue, même si beaucoup de personnes m’ont dit de ne pas le faire. À ce moment-là, je ne réfléchis plus correctement. Tout ce qui vient dans ma tête, je le fais. Le principal agressé, c’est moi. J’aurais aimé être au courant de tout ce que Paul ressentait. Rafaela et Paul se parlaient beaucoup, moi je ne savais rien. (…) J’ai fait un million d’erreurs pendant un mois. (…) J’ai compris quand toutes mes tantes m’ont appelé en larmes. J’ai merdé. », a-t-il admis.
Mathias a profité de son audition pour mettre en lumière les responsabilités de Roushdane K. dans la publication des vidéos. « Aujourd’hui, je peux dire que j’ai été poussé, indirectement », entame-t-il.
L’ancien international guinéen conclut son interrogatoire par une forme de regret auprès de son frère. « Je pense, avec le recul, que Paul a un manque de confiance en moi. Pourquoi ? Je ne sais pas quoi répondre » avant de démentir une relation uniquement financière avec son frère. « La relation était fraternelle. (…) Je suis un soldat. Je vais toujours chercher pour moi, pas besoin de demander à gauche et à droite »
Amadou Tidiane Diallo