C’est le début d’une tempête qui s’annonce en Côte d’Ivoire. L’ancien chef rebelle et premier ministre puis président de l’Assemblée nationale ivoirienne est désormais dans le collimateur de la justice de son pays. L’ex homme fort fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le procureur d’Abidjan.
Après avoir été refusé d’atterrir sur le tarmac de l’aéroport de Félix Houphouët-Boigny, ce lundi 23 décembre 2019, l’ex collaborateur du régime a finalement rebroussé le chemin en foulant le sol Ghanéen, avant de prendre la poudre d’escampette dans la nuit du même jour, direction Espagne où il va prendre un peu d’air en attendant de rejoindre sa famille en France.
Selon rfi, Guillaume Soro était attendu ce lundi 23 décembre à Abidjan en Côte d’Ivoire après plus de 6 mois d’absence. Mais l’ancien Premier ministre, candidat à la présidentielle 2020, n’a pas pu rentrer au pays. Son avion s’est finalement posé à Accra, la capitale du Ghana après l’émission par la Côte d’Ivoire d’un mandat d’arrêt international contre lui. Il se trouverait actuellement en Europe.
Selon un de ses conseillers, Guillaume Soro a quitté Accra la nuit dernière, direction l’Espagne dans un premier temps, puis la France pour passer les fêtes. « Le président Guillaume Soro est revenu en Europe et il se trouve actuellement en Espagne », confie Franklin Nyamsi. Il devrait regagner la France « d’autant qu’une partie de la famille du président Guillaume Soro vit en France, poursuit Nyamsi. Et puisqu’il lui a été refusé l’atterrissage dans son pays la Côte d’Ivoire par le régime de Monsieur Ouattara, la solution de repli à court terme pour lui, c’est de retrouver sa famille ici [en France]. »
« Si la France veut participer… »
En attendant, les proches de l’ancien Premier ministre ivoirien ne semblent pas craindre une intervention de la justice française concernant leur dirigeant visé par un mandat d’arrêt international. « Les autorités françaises dans une telle hypothèse prendraient une très grande responsabilité dans la consécration des dictatures africaines survivantes, estime Franklin Nyamsi. Elles prendraient une très grande responsabilité dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Si la France veut participer à la stabilisation et la paix en Côte d’Ivoire, elle doit appeler monsieur Ouattara à respecter le droit de monsieur Guillaume Soro en tant que citoyen de Côte d’Ivoire de rentrer paisiblement et tranquillement dans son pays et de battre campagne pour l’élection présidentielle de 2020 ».
Sur son compte twitter, il indique que « le forfait après le crime, aux dernières heures j’apprends que je suis l’objet d’un mandat d’arrêt international. Qui aurait cru cela possible de l’homme providentiel venu du FMI, moi le dernier. Et c’est bien fait pour ma gueule » a lancé le désormais détracteur du pouvoir de Ouattara.
Un enregistrement des services de renseignements
Depuis lundi soir, on en sait un peu plus sur les faits reprochés à Guillaume Soro. Il y a deux chefs d’accusation contre l’ex-président de l’Assemblée nationale qui justifient ce mandat d’arrêt international émis lundi par la justice ivoirienne. Le premier, celui de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national », a indiqué ce lundi soir à la télévision ivoirienne Richard Adou, le procureur de la République. Pour cela, il affirme s’appuyer sur des éléments en possession des services de renseignements, dont un enregistrement qui n’a pas été rendu public et également que « ce projet de déstabilisation devait être mis en œuvre incessamment ».
L’ancien président de l’Assemblée nationale est également accusé de « détournement de biens publics » à hauteur d’un milliard et demi de francs CFA, sans pour autant préciser à quelle période ce détournement aurait eu lieu.
Des proches de Guillaume Soro dans le collimateur
Il y a au moins eu une dizaine de militants de Générations et Peuples solidaires (GPS), le groupement de Guillaume Soro, qui ont été arrêtés lundi au siège de ce mouvement après un assaut des forces de l’ordre. Selon le procureur de la République, ces arrestations n’ont pas de rapport avec les accusations contre Guillaume Soro. Mais parmi les personnes interpellées, il y a Alain Lobognon, député, ancien ministre et bras droit de Guillaume Soro.
A l’heure actuelle, maître Souleymane Diallo, l’avocat de Guillaume Soro, se trouve au bureau du procureur de la République pour préciser les faits qui leur sont reprochés.
RFI