Contrairement à une perception quasi générale, l’ethnocentrisme n’est pas la source du mal de notre pays; elle est plutôt l’une des conséquences de l’échec de l’Etat dans son rôle, son organisation et son fonctionnement.
En effet, même dans les grandes démocraties, il y a souvent des appréhensions identitaires ou communautaires entre les composantes d’un même pays; mais celles-ci cohabitent par le respect des principes du vivre ensemble, c’est-à-dire la démocratie et les lois.
Ceci étant, il est certain qu’il y a encore des racistes aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Europe tout comme il y a des nostalgiques génocidaires au Rwanda et en Serbie, des séparatistes en Espagne (la Catalogne), en France (la Corse) et en Belgique (Flandre et Wallonie), des extrémistes en Irlande, des néo- nazis en Allemagne etc. Cette liste d’exemples n’étant pas exhaustive, pourquoi ces différentes composantes de ces sociétés sont moins visibles et ont une faible capacité de nuisance ? C’est parce que l’Etat est fort (dans le sens vertueux) et la population mature pour réduire systématiquement leurs marges de manœuvre afin d’empêcher qu’elles compromettent la cohabitation paisible des citoyens malgré leurs diversités (raciales, ethniques, idéologiques, linguistiques…).
Donc il est important de comprendre que le rôle d’un dirigeant n’est pas d’appeler les citoyens à s’aimer mais plutôt les amener à se respecter et vivre ensemble selon les principes qui régissent la vie en société; c’est-à-dire par le règne absolu de la justice et la promotion des valeurs démocratiques. Le reste se fera naturellement tout seul.
C’est pourquoi, nous devons arrêter de nous limiter à des slogans populistes qui ne sont que les symptômes d’une maladie profonde que nous refusons d’admettre et soigner depuis des lustres : La Guinée n’a jamais eu une organisation Étatique juste et vertueuse, car des individus prétentieux et mafieux se sont toujours organisés pour prendre en otage un peuple qui n’a jamais totalement compris leur jeu criminel. Et ils s’arrangent toujours à agir au nom de cet instrument qui sert leurs seuls intérêts sordides qui se fait appeler Etat.
Alors commençons par soigner ce mal structurel et nous verrons tout le reste se construire petit à petit.
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire du MoDeL