Riche en ressources minérales, pétrolières et gazières, la Russie possède une expertise importante dans le domaine des industries extractives, déployée actuellement en Afrique par le biais de plusieurs entreprises. Balisant le chemin au retour russe en Afrique, ces entreprises réparties sur plusieurs pays se distinguent par leur taille et poids financier.
Par le Sommet de Sotchi qui a pris fin la semaine le 24 octobre dernier, la Russie marque son retour en Afrique, où ses entreprises sont bien implantées. Il faut dire que la fédération multiplie les projets de partenariat sur l’ensemble du Continent. Une coopération à la fois d’ordre politique, sécuritaire et économique avec notamment le Zimbabwe, le Congo, le Sud-Soudan, l’Afrique du Sud, le Soudan, la République centrafricaine, la Namibie, Madagascar, l’Angola, l’Algérie, la Gambie, le Botswana. Lesotho, l’Egypte, le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso, le Botswana, le Mozambique, la RDC, le Burkina Faso. En termes d’investissements, les entreprises russes sont le fer de lance de Moscou sur le Continent avec une prédilection pour le secteur des hydrocarbures et des mines. Elles y investissent dans la prospection et de développent de projets onshore et offshore en gaz et pétrole, de minerais et de métaux : cuivre, or, platine, cobalt, coltan, fer, manganèse, de Nickel, de Palladium, de terres rares, etc. En Afrique, la stratégie russe est soutenue par l’implémentation et le développement de cinq entreprises minières piliers.
Alrosa : Considéré comme le premier producteur mondial de diamants, le russe Alrosa a entamé en 2003 le développement de la mine de Catoca. Une joint-venture avec la société publique angolaise Endiama, le brésilien Odebrech et Diamond Finance Group. La compagnie minière qui a signé en avril 2019 un mémorandum d’entente avec l’Angola pour y renforcer sa présence, opère également au Botswana, à travers Sunland Minerals, une coentreprise avec la société britannique Botswana Diamonds Plc. Alrosa a entamé en 2012 des recherches géologiques au Zimbabwe, longuement retardées par le contexte politique. En 2018, à la suite de l’alternance politique, la société Minière russe a développé une coentreprise au Zimbabwe pour l’exploration de diamant. Créée en 1997, Alrosa, présente sur plusieurs pays avec un effectif de 40 000 employés affichait un chiffre d’affaires de 4,1 milliards de dollars en 2016.
Rusal : Le géant de l’aluminium Rusal exploite actuellement de la bauxite en Guinée. Rusal a plus de 40 actifs dans 13 pays sur 5 continents. Il est l’un des principaux producteurs mondiaux d’aluminium et d’alumine. La société emploie près 64 000 personnes dans le monde, et ses actifs comprennent 10 fonderies d’aluminium, 8 raffineries d’alumine, 7 mines de bauxite, 4 usines de poudre d’aluminium, 2 usines de silicium et 4 laminoirs à feuille, selon ses propres chiffres. En 2018, Rusal se targue de représenter environ 5,86% de la production mondiale d’aluminium et 6,2% d’alumine.
NordGold : La compagnie d’origine russe a des mines et des projets de développement, ainsi que des projets d’investissement dans 6 pays dont le Burkina Faso et la Guinée où elle exploite respectivement les mines de Taparko, Bissa-Bouly ainsi que la mine Tefa à 700 km au nord-est de Conakry. Selon les résultats annuels du groupe en 2018, la production d’or raffiné s’est établie à 907 milliers d’onces l’année dernière. La compagnie minière créée en 2007 par le spécialiste de la sidérurgie russe Severstal emploie près de 8000 personnes dans le monde.
Uralchem : La société spécialisée dans l’exploitation du phosphate et des produits dérivés pour l’agro-industrie tisse sa toile en Afrique. Le groupe est très présent en Afrique australe, notamment en Zambie et au Zimbabwe. Il affiche aujourd’hui sa volonté d’étendre son portefeuille sur d’autres secteurs et pays, expliquait à La Tribune Afrique Dmitry Konyaev, vice-président du conseil d’administration d’Uralchem, en juin dernier, lors du sommet d’Afreximbank à Moscou. La société a une capacité de production de plus de 3 millions de tonnes d’ammoniac, 3 millions de tonnes de nitrate d’ammonium, 1,2 million de tonnes d’urée et 1 million de tonnes de phosphate et d’engrais composés par an.
Norilsk Nickel : C’est un groupe russe d’exploitation et de fusion de nickel et de palladium. La société qui se présente comme le premier producteur mondial de nickel et de palladium, produit aussi un grand nombre de sous-produits, notamment du cobalt, du rhodium, de l’argent, du tellure, du sélénium, de l’iridium et du ruthénium. MMC Norilsk Nickel (Nornickel), avait pris une participation dans la mine de nickel et de chrome Nkomati, en Afrique du Sud ainsi que dans la compagnie Tati au Botswana, où ses investissements ont généré un litige. Le chiffre d’affaires consolidé du groupe au premier semestre s’est établi à 6,3 milliards de dollars, en 2019.
Lobaye Invest Sarlu : La jeune compagnie minière est essentiellement présente en République centreafricaine. Au cours de l’année 2019, la société minière a obtenu de ce pays assisté militairement par la Russie, une autorisation de reconnaissance minière dans la région de Pama pour une année renouvelable dans la prospection de l’or et du diamant. Auparavant, Lobaye Invest avait obtenu un permis d’exploration de l’or dans la zone de Yata sur une période de trois années renouvelables.
Trois géants russes dans le pétrogaz africain
Dans le secteur des hydrocarbures, les investissements russes sont soutenus par un trio de « majors » pétrolières et gazières.
Rosneft : C’est le leader du secteur pétrolier russe et la plus grande société pétrolière et gazière publique mondiale. Elle est spécialisée dans l’exploration et l’évaluation de gisements d’hydrocarbures, la production de pétrole, de gaz et de condensat de gaz, les projets de développement de gisements offshore, le traitement des matières premières, la vente de pétrole, de gaz et de produits raffinés. En 2019, Rosneft a signé un mémorandum avec la Société nationale des hydrocarbures du Mozambique (Empresa Nacional de Hidrocarbonetos E.P., ENH) afin de développer des gisements de gaz naturel au Mozambique où elle avait remporté un appel d’offres en 2015. L’excellence des relations entre les deux pays a été illustrée par la visite en août du président mozambicain, Filipe Nyusi au Kremlin. La société présente également dans plus de 24 autres pays a un chiffre d’affaires estimé à 94 milliards de dollars en 2017.
Lukoil : C’est l’autre grande entreprise russe bénéficiaire de l’expansion de Moscou en Afrique. Au cours de la visite du président congolais à Moscou à la fin du mois de mai de cette année, Lukoil a signé une lettre d’intention avec la compagnie pétrolière publique congolaise SNPC. Elle a acquis une participation de 800 millions de dollars dans la licence Marine XII au large des côtes congolaises. Lukoil a également eu à investir au Cameroun, au Nigeria, au Ghana et en Égypte. Elle est l’une des plus grandes sociétés pétrolières et gazières au monde intégrées verticalement et cotées en bourse. La société représente plus de 2% de la production pétrolière mondiale et environ 1% des réserves prouvées d’hydrocarbures et emploie près de 100 000 personnes dans le monde, exploite du pétrole et du gaz dans 10 pays, selon ses estimations, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 80 milliards de dollars en 2018.
Gazprom : La compagnie russe est présente en Algérie, où elle a découvert trois gisements de gaz ainsi qu’en Libye où ses activités sont en grande partie au point mort plombées par le conflit armé depuis 2011. Le groupe souhaite également participer à un projet de construction d’un gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie. Gazprom International est spécialisée dans la mise en œuvre des projets de Gazprom dans les domaines de la prospection, de l’exploration et du développement des hydrocarbures en dehors de la Russie. La compagnie gazière est présente sur quatre continents, 20 pays et développe une quarantaine de projets, pour un chiffre d’affaires estimé à 126 milliards de dollars en 2018.
Les diverses activités et investissements de ces entreprises russes se font dans le cadre de développement d’un écosystème global, marqué par la volonté de la Fédération de Russie de renforcer sa présence en Afrique. Elle inclut le développement énergétique par le biais du nucléaire civil via Rosatom, la coopération sécuritaire par la vente d’armes et l’implémentation de bases militaires, de sociétés de sécurités privées ainsi qu’un retour dans l’éducation par la formation des cadres africains comme au temps de l’URSS.
source: afrique.latribune.fr