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Alpha Condé n’a plus la légitimité d’organiser une élection : Etienne Soropogui brandit des preuves

En dépit de la compression des délais, la Ceni a du mal à bien dérouler son chronogramme.

Ce qui fait dire à Etienne Soropogui, ancien commissaire chargé des Opérations de cette institution, actuellement leader du mouvement Nos valeurs communes (NVC), que techniquement, le 28 décembre 2019 est une farce. Parce que l’actuel chef de l’Etat n’a même plus la légitimité d’organiser les élections législatives. Il s’explique, commente et accuse.

Etienne Soropogui a avancé ces propos au sortir d’une réunion de l’opposition organisée jeudi 3 octobre au siège administratif de l’Ufdg à Hamdallaye-Cbg, commune de Ratoma, Conakry. Laquelle avait pour objet  de définir un certain nombre de stratégies à inscrire dans l’agenda de l’opposition plurielle.

Parce que, commente M. Soropogui qui est ancien membre de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les élections législatives fixées au 28 décembre prochain se trouvent dans un calendrier intenable d’un point de vue technique, conçu comme « une farce à la fois par son mode de validation interne et externe ».

Touche pas à mon droit constitutionnel !

Le leader du mouvement NVC affirme que tous les principes et les bonnes pratiques en matière de conduite d’une élection démocratique ont été foulés au sol. « C’est d’autant plus regrettable que ça marque une régression. On croyait l’époque des chronos-courts révolue.  (Mais) tout est fait pour accompagner le projet conflictogène de présidence à vie. (Or), un organisme de gestion d’élections doit être neutre et impartial. Il doit refuser de s’inscrire dans l’agenda d’un des compétiteurs. La pratique veut que le chronogramme soit validé en présence de l’ensemble des acteurs. Le président de la Ceni a trahi son serment en faisant valider le chronogramme par une seule partie c’est-à-dire l’Exécutif. Le président de la Ceni a trahi son serment en s’autorisant à compresser des délais légaux. Les délais définis par la loi sont incompressibles. On n’y touche point. Le travail proposé vise également et particulièrement à contourner la principale recommandation de l’audit du fichier électoral. Enfin, le travail proposé vise aussi à éviter qu’un nombre important de Guinéens soit absent dans le fichier en construction. C’est ce qui explique que le délai d’enrôlement ait été dangereusement compressé. Cela est d’autant plus grave qu’on touche là à un droit constitutionnel ».

La révision proprement dite du fichier électoral n’a pas encore commencé. « A supposer que l’opération commence ce lundi 7 octobre, elle ne finirait pas avant le 17 novembre. Dans ce cas précis, est-ce que le président peut convoquer les électeurs le 19 octobre pour être dans le délai de 70 jours alors que le fichier ne serait pas encore prêt ? »

Plaisanterie de mauvais goût

« Ce calendrier est une farce. (La preuve), les délais sont fixés, mais le calendrier a commencé déjà à glisser. L’installation du logiciel et des applications d’enrôlement dans les kits n’a toujours pas été lancée. Le chronogramme prévoyait la fin de cette opération le 29 septembre. L’opération n’est même pas lancée. Le recrutement des opérateurs de saisie devait être bouclé le 4 octobre 2019. Alors qu’un communiqué de l’opérateur technique local annonce la clôture des demandes de candidature au poste d’opérateurs de saisie pour ce lundi 7 octobre. Après avoir reçu les lettres de motivation des postulants, il faut les examiner, recruter, former et déployer. Ces deux opérations sont des préalables au lancement de l’enrôlement à proprement parler. On a compressé les délais des opérations de consolidation des données de 47 jours à 15 jours. Les 47 jours, ce sont des délais fixés par l’opérateur. Ils ont aussi compressé les délais d’affichage de 15 à 5 jours. Les délais des réclamations fixés de 13 à 8 jours. Alors que ces délais sont fixés par la loi. On ne devait pas y toucher. Le président ne pourra donc pas convoquer le corps électoral le 19 octobre 2019, comme prévu, parce que rien n’est prêt. »

Cela veut dire aussi que l’opposition ne pourra pas participer au scrutin dans de telles conditions. Etienne Soropogui se veut plus précis : « Sans relever la profondeur des discussions que nous avons actuellement au sein de l’opposition, nous ne comptons pas cautionner ce hold-up. Pas d’élection ! Surtout pas dans ces conditions ! Ce que nous attendons de lui c’est qu’il parte. Il s’agira pour nous d’agir afin d’empêcher la tenue des élections. Alpha Condé n’a plus la légitimité d’organiser aucune élection en Guinée ».

Alors qu’il avait appelé ses partisans depuis les Etats-Unis à se préparer pour le référendum et les élections, Alpha Condé dit attendre le rapport du Premier ministre avant de se prononcer sur la Constitution.

Pour le leader du mouvement NVC «le débat est essentiel en démocratie. Parce qu’une démocratie se nourrit de débats, relativise M. Soropogui. Par contre, nous nous interdisons d’entrer dans n’importe quel débat surtout quand ce prétendu débat touche à notre ADN, à notre âme commune».

Le leader du NVC soutient mordicus que « les promoteurs d’une présidence à vie sont tous de potentiels criminels. Ils savent très bien que le peuple, dans sa partie consciente et majoritaire, s’élèvera contre ce projet ». Et comme ils y tiennent, Soropogui avertit que tous les défenseurs de la Constitution et de l’alternance démocratique « s’opposeront à leur projet malsain ».

 

Par Le Populaire

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