Le nouveau Premier ministre Edouard Philippe, lundi 15 mai à Matignon, lors de la passation de pouvoir. La composition du nouveau gouvernement devrait être annoncée ce mardi, en fin de journée. Pour la droite modérée, c’est l’occasion de ne pas passer cinq ans de plus dans l’opposition. Le gouvernement sera « rassembleur de compétences », a promis le Premier ministre Edouard Philippe, mais les conditions posées ne facilitent pas le travail.
C’est un travail d’équilibriste, un dosage à la balance de précision que va devoir effectuer Edouard Philippe. Avec une quinzaine de ministres de plein exercice, il n’y aura pas de place pour tout le monde, en tout cas pas pour tous ceux qui ont rejoint Emmanuel Macron récemment ou même il y a plus longtemps.
Ensuite, il y a la condition que le nouveau président de la République s’est imposée à lui-même, celle de la parité. Le président et le Premier ministre étant des hommes, il va falloir être ferme pour confirmer ce message.
Nouveaux visages
Autres conditions posées par le nouveau chef de l’Etat : le renouvellement et l’ouverture à la société civile. Cela devrait permettre de voir de nouveaux visages. Surtout, le dosage entre les différentes tendances politiques des gens qui ont rejoint le projet présidentiel sera scruté à la loupe. Combien de personnalités de droite et combien de gauche.
Même si ce devrait être toujours dans une certaine modération, il faudra être très subtil, car cela constituera un message essentiel pour convaincre le personnel politique qui ne s’est pas encore positionné, et surtout pour ne pas braquer ceux qui au mois de juin décideront de donner ou pas une majorité à l’exécutif : les électeurs.
Vers l’explosion de la droite?
Ils se sont empressés de féliciter la nomination de leur ami à Matignon : des Juppéistes – Benoist Apparu, Fabienne Keller, Gilles Boyer – d’anciens candidats à la primaire – Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusco-Morizet. D’autres élus comme Thierry Solère, Franck Riester, Gérald Darmanin ou encoreChristian Estrosi appellent dans un communiqué à « répondre à la main tendue d’Emmanuel Macron ». Tous sont de possibles futurs ministres.
L’arrivée d’Edouard Philippe à Matignon est le signal qu’ils attendaient pour s’éloigner d’un parti aux mains des sarkozystes. Aujourd’hui, la droite modérée à l’ occasion d’avoir des places au pouvoir, d’éviter de passer encore 5 ans dans l’opposition.
Edouard Philippe est un proche d’Alain Juppé. Pour le maire de Bordeaux, c’est aussi une façon de prendre une revanche après son échec au primaire. Il a salué la nomination de son ancien poulain et laisse la possibilité à ses proches de collaborer avec le président Macron si la droite ne remportait pas les législatives.
Alors combien feront leur entrée au gouvernement ? Combien passeront dès cette semaine sous la bannière macroniste pour les législatives ? Un aller peut-être sans retour. En rejoignant Emmanuel Macron, ces élus ne feront qu’accélérer l’explosion de la droite, leur propre famille politique.
RFI