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L’indépendance de la presse en Guinée est non négociable

Tribune. À la différence du passé récent dans notre pays, en ce moment en  2019 la presse ne reposera ni sur une organisation unique ni sur un seul homme, mais sur le sentiment clairement exprimé de ce dont on ne veut plus et de ce que l’on veut construire. Et, dans ce cadre, plus que jamais nous aurons besoin d’une presse libre dans le bled, pas d’une presse soumise à de nouveaux maîtres sans vision.

La justice en guinée devrait être indépendante de tout pouvoir, quel qu’il soit. Elle ne doit pas plus dépendre du parlement que du gouvernement. La loi relève du parlement et des citoyens ; ce ne doit pas être le cas pour la justice. Ou alors, on risque de retomber sur les errements tragiques d’une certaine “justice populaire”, aux ordres de ceux qui s’érigent en représentants légitimes et uniques du peuple souverain de Guinée.

Il en est de même pour la presse dans notre pays. Il faut la libérer de la tutelle de l’argent, en premier lieu, mais aussi de celle de tout pouvoir.

Chaque citoyen lucide se méfie, de ce fait, de toutes les instances de contrôle qui, sous couvert de déontologie, sont le plus souvent des instances de mise au pas ou d’assujettissement à l’ordre, plutôt que des lieux de régulations et d’arbitrage sereins.

Halte aux pyromanes !

« La liberté de la presse se construit par le débat libre, pas par la mise sous tutelle, quand bien même elle serait morale et non administrative. Appeler le « peuple » à se soulever contre les médias, à les châtier ou à les « pourrir » évoque des souvenirs pas très glorieux…

L’appétit vient en mangeant, dit-on, ils ne veulent plus quitter aux affaires par manque de bilan et de résultat. À chacun d’y méditer pour apporter sa partition pour sauver notre démocratie en chantier ».

Pour une presse libre, responsable mais pas soumise à des Imposteurs et Fossoyeurs de notre précieuse démocratie

Ne nous trompons pas de période. La question n’est pas de savoir qui sera au pouvoir, en 2020 ou 2025 ? Mais plutôt de bien respecter les règles préétablis de jeux démocratiques acceptables dans les meilleures conditions pour une alternance politique durable.

Le problème est que nous sommes dans un moment d’incertitude extrême, où les digues démocratiques s’érodent à cause des clivages politiques, où les fantômes sinistres pour des strapontins ressurgissent pour torpiller notre constitution et nos lois au quotidien.

Dans ce moment dangereux, il ne suffit pas de dénoncer les complots et surtout pas d’attiser les haines : il faut à la fois critiquer fermement et retisser l’espérance, celle sans laquelle l’opinion des sans voix et des démocrates n’auraient pas su redonner aux catégories populaires le sentiment de leur force et de leur bon droit.

Mais quand on a l’ambition d’aider le peuple à installer sa dignité et sa souveraineté, tout écart de comportement dessert l’œuvre collective que l’on souhaite impulser.

La combativité est une qualité, la hargne n’en est que l’envers. Le courage est une vertu, l’invective révèle la faiblesse davantage qu’elle n’exprime la force.

Chers confrères de la presse, en ce moment il faut savoir garder raison. Les dirigeants  de Conakry attribuent aux journalistes (la presse) la cause de tous leurs malheurs et problèmes (sic). L’urgent, aujourd’hui, n’est pas de punir ou de restreindre la liberté d’expression, mais de trouver la voie d’un retour de la confiance dans les médias, par le dialogue et la transparence.

Enfin, a ceux qui critiquent la presse dans notre pays se trompent de sujet et doivent comprendre ceci une bonne fois : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Autrement dit in fine :

« La liberté de la presse est imprescriptible et inaliénable. Si le droit à la critiquer est tout aussi fondamental, rien ne peut justifier ce qui pourrait bien apparaître comme un désir de la museler. Et, a fortiori, rien ne peut justifier que l’on attise la haine contre elle et ses acteurs ».

Aujourd’hui, les poursuites pour injure ou diffamation doivent se fonder sur des propos précis, mais qu’en sera-t-il demain si le droit commun prévaut? On risque de voir se multiplier les procédures entamées par ceux qui veulent faire taire les journalistes, en empoisonnant la vie des rédactions. Le péril pour la presse, ici, est moins la censure que l’autocensure, mais le résultat est le même, la restriction de l’expression.

 

Par Abdoulaye Barry

 

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