Le cours de l’or est en forte hausse. Conséquences, les Français se précipitent pour vendre leurs bijoux, lingots et autres pièces en or.
Le retour en majesté d’un placement oublié. Affligés par les bas rendements de l’assurance vie, inquiets des soubresauts de la Bourse ou même par peur de laisser leur argent à la banque, les Français regardent, de nouveau, avec gourmandise, les incroyables performances de l’or. Depuis le début de l’année, le métal précieux s’est apprécié de pratiquement 20 %! Il fallait 1351 euros pour s’offrir une once (28,35 g) à la Bourse de Londres vendredi 23 août. Soit un montant proche du record historique atteint en 2012.
Aguichés par la promesse de gagner facilement un petit billet, les Français font leurs fonds de tiroirs, à la recherche de vieux bijoux, Napoléon, lingots et autres « lingotins »… Car, même s’ils ne le crient pas sur tous les toits, en France, les épargnants possèdent un joli stock de métal précieux.
« Un sondage réalisé en 2014 montrait que 17 % des Français ont ou ont eu de l’or », explique François de Lassus, porte-parole de la société Cpor, spécialisée dans les achats/ventes de métaux précieux pour les grandes banques françaises. Et de préciser : « Le bas de laine des Français est à peu près de 3000 tonnes d’or en pièces et lingots dont 80 % acquis il y a de plus de vingt ans ou reçus par héritage. C’est plus important que les réserves de la Banque de France ! »
Investissement sans intérêt
C’est cet or, qui, en ce moment, ressort. Même si certains épargnants, plutôt que vendre, font un autre choix étonnant. « Les Français ont un comportement un peu particulier, ils ont tendance à acheter à la hausse ! » signale François de Lassus. Étrange. « L’or est l’investissement le plus idiot qui soit, il ne produit aucun intérêt. Il ne sert à rien, si ce n’est à stériliser une économie », tacle Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières.
Alors pourquoi ce soudain attrait pour ce métal précieux ? Peur d’un ralentissement de l’économie mondiale, crises politiques, marchés actions chaotiques… Les sources d’inquiétudes sont légion pour les investisseurs qui se tournent vers cette « valeur refuge ». « Comme les taux d’intérêt réels sont négatifs actuellement, les investisseurs diversifient leurs placements », souligne Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements de Natixis Wealth Managment.
Un attrait qui touche les acteurs privés mais aussi… publics. « Certaines banques centrales, comme celle de Russie, essayent de diversifier leurs réserves en achetant de l’or », relève l’économiste suisse Michel Santi. Dernière explication à cette flambée des cours : la météo à l’autre bout de la planète. « En Inde, la mousson a été bonne, donc les agriculteurs ont plus de revenus et peuvent ainsi offrir plus d’or lors des mariages », avance, de manière surprenante, Philippe Chalmin. Et donc ? « Cela n’a rien d’anecdotique, poursuit ce spécialiste des matières premières : la demande d’or mondiale dépend en partie de la demande indienne, très dépendante des mariages. »
Leparisien