Tribune. Didon ! Quelle mouche a encore piqué Togba Zogbélémou à faire des étincelles sur internet, à gloser, à se faire l’avocat du diable dans la défense de Goby Condé qui s’ingénue à jeter au rebut la Constitution qui lui interdit de confisquer le pouvoir à la fin de son deuxième et dernier mandat en octobre 2020 ?
C’est sûrement la force irrésistible qu’internet exerce sur lui. C’est vrai que ce n’est pas facile de résister à l’attrait et au charme qu’internet produit sur nous. Internet vous sort de l’anonymat, de l’obscurité et vous étale au grand jour. C’est la liberté d’expression dans l’espace, la démocratie électronique. Et l’avocassier Togba Zogbélémou s’est pris au jeu et ne résiste plus à l’attrait d’internet.
Depuis peu, Togba est sous les feux de la rampe. Il vient de sortir un single remixé sur internet. Togba Zogbélémou a du vent dans son sac !… Il ressasse à tout-va les mêmes arguties juridiques, répète l’antienne qui est dans toutes les bouches des fayots de Gobykhamé qui soutiennent le projet de celui-ci pour le changement de la constitution à son avantage.
En effet le texte soporifique de Togba Zogbélémou, titré : « Heur et malheur d’un texte : l’article 51 de la constitution guinéenne de 2010 » est un fac-similé de son précédent bavardage sur le sujet.
Après une longue tirade de paroles insipides, l’avocassier Zogbélémou tartine : « Et dans ce débat, l’élégance de la démarche doit être de mise : le texte du contradicteur doit répondre à des idées et non à une personne dont on trouve le nom à chaque paragraphe de la réplique, et même, avec une pointe d’ironie, une référence à ses titres universitaires dont il ne s’est jamais prévalu dans le débat. »
Didon ! De quoi tu te plains ? Tu es sur internet, bordel ! Tu te déconsidères et tu fais injure à beaucoup de Guinéens en défendant l’argument d’un référendum, une façon commode pour favoriser le maintien de Goby Condé au trône ad vitam aeternam. Nous combattons ce genre argument et luttons pour l’alternance démocratique au pouvoir, pour le départ de Goby Condé du pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat.
Il avait juré du reste devant la Cour constitutionnelle, le lundi 14 décembre 2015, et en présence de treize chefs d’Etat africains et de nombreux invités : « Moi, Alpha Condé, président de la République, élu conformément aux lois, je jure devant le public de Guinée, sur mon honneur, de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, d’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure, que je subisse des rigueurs de la loi. »
Oui ou non, Goby Condé avait prêté ce serment ? Qu’est-ce que la loi prévoit en cas de parjure de sa part ? Tu te dis professionnel, mais tu n’abordes jamais cette question de violation de serment. Ta personne physique ne nous intéresse pas. Certes nous combattons tes idées biscornues mais tu ne vas pas nous imposer une discipline d’écriture sur internet.
L’on écrit comme Garafiri, pour paraphraser le Combien Fernando Vallejo, « comme un furieux, comme un homme qui est en guerre contre le monde parce qu’il n’est pas en paix avec lui-même. » L’on écrit pour inquiéter, emmerder, choquer ; pas pour plaire ou faire des étincelles. D’autant plus qu’il s’agit du devenir de la Guinée et des Guinéens. Y’en a marre !
Togba Zogbélémou ! Tu es certes avocassier. Mais tu ne mesures pas ce que représente une Constitution dans un pays : « Alpha Condé avait juré de respecter la Constitution. Un homme d’Etat ne s’amuse pas avec la Constitution de son pays. La constitution est un document de la plus haute importance pour un pays qui veut avoir du respect », a rappelé, le 8 août dernier dans les colonnes de Guineenews, le professeur Lancinè Kaba qui, après avoir professé dans les universités de Minnesota et de Chicago aux Etats-Unis, enseigne actuellement à l’université Carnegie Mellon de Doha au Qatar.
Mais la question vue sous cet angle ne t’inspire pas ; et tu passes pour un cuistre à vouloir coûte que coûte démontrer que Gobykhamé peut, à quatorze mois de l’échéance, se prévaloir de l’article 51 de la Constitution de 2010 pour fabriquer une Constitution déjetée. Pour rentrer dans les bonnes grâces de Goby Condé, rien de plus facile que de défendre ses intérêts politiques sans rime ni raison.
Tu argues qu’« on ne peut condamner un peuple à ne pas changer de constitution car le peuple, détenteur du pouvoir constituant originaire, est souverain. » Sur ce, on te donne raison ; et tu peux te vanter devant tes étudiants d’avoir remporté cette manche. Mais le peuple ne se réduit pas à la famille de Goby Condé et aux familles des rufians qui l’entourent. Or ce sont elles qui s’agitent pour la fabrication d’une nouvelle constitution.
Ecoute, Togba ! Ton idée là cèle un sinistre dessein : une présidence à vie pour Gobykhamé !
On n’en veut pas. Tu ne vas pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes sur ce changement de constitution. C’est du bidonnage juridique ! Bille en tête, tu fayotes et tu prêtes la main à Goby Condé : « L’idée selon laquelle le Président de la République ne peut, dans le cadre de la constitution de 2010, proposer une nouvelle constitution au peuple, parait insoutenable. »
L’idée est soutenable si et seulement si Gobykhamé ne se présente pas à la présidentielle de 2020. D’aucuns pourraient accepter cela comme un pis-aller. Pour mieux dire, on ne veut pas voir sa carcasse au trône au terme de son deuxième et dernier mandat. Le problème, c’est la personne physique même de Goby Condé. On veut voir l’alternance démocratique s’opérer en 2020, c’est-à-dire changement de personne physique au trône. On réclame le changement de régime politique et de personnes physiques aux commandes de la Guinée. Grosso modo, on réclame la démocratie en Guinée. Et en se maintenant au pouvoir par le truchement d’une constitution frelatée, Goby Condé basculera la Guinée dans des violences politiques dont il sera le principal responsable.
Le 28 juillet 2015, à Addis Abeba, Barack Obama avait tenu à avertir les dictateurs africains : « Les progrès démocratiques sont en danger quand des dirigeants refusent de se retirer une fois leur mandat terminé. Laissez-moi être honnête, je comprends ! Je suis privilégié de servir comme président. J’adore mon travail, mais notre Constitution ne me permet pas de me présenter à nouveau. »
Le mandat de Goby Condé se termine dans quatorze mois. Et la Constitution ne lui permet pas de se présenter à nouveau. Alors qu’il se casse en octobre 2020 !
Pendant neuf ans que Goby Condé trône. Pendant neuf ans qu’il vend du vent et de la fumée dans le bled ; et depuis neuf ans les populaces restent le bec dans l’eau. Goby Condés et ses rufians ont complètement négligé le développement du patelin. Pas de bonnes routes. Pas d’eau potable. Pas d’électricité. Pas de bonnes écoles. Pas de bons professeurs. Un enseignement au rabais imposé aux élèves et étudiants. Pas de travail. Insécurité à gogo. Saleté à foison. Misère à profusion.
Et par-dessus tout on nous pompe l’air en chantonnant que la Guinée est un scandale géologique avec son sous-sol riche en matières premières. L’on voit bien que « les vaches sont nourries en bas, mais c’est là-haut qu’on les traite. »
L’exploitation des ressources naturelles de la Guinée profite à Goby Condé, à son fils et aux ruffians du système. On ne le dit pas parce qu’on est aigris.
Les gouvernants guinéens ont le cœur fermé donc ils ne peuvent pas voir ce que le professeur Lancinè Kaba, en safari à Conakry et à l’intérieur du bled, a vu : « Je suis content d’être en Guinée et j’ai été content de voir l’intérieur de la Guinée. Mais ce voyage m’a révélé l’étendue du problème guinéen, il m’a aussi révélé comment on a négligé le développement du pays. Je vous dis en toute honnêteté que c’est un peu décevant. Parce que les routes ne sont pas du tout bonnes. On se demande comment on peut passer autant de temps entre Conakry et Kindia, sur la route nationale n°1. Il y a de quoi faire honte. Aussi, j’ai remarqué que les moyens de communication ne sont pas bons.
Honnêtement, il y a la souffrance à travers le pays. L’autre jour, j’étais à Kankan, j’ai vu des gens qui souffraient dans des conditions qui ne sont pas acceptables. Les jeunes sont en manque d’emploi. Donc, ça ne va pas. Il est temps que le président réalise de lui-même que le pays lui a donné une chance extraordinaire d’être élu dans des conditions dont nous nous rappelons très bien. Il est temps qu’il fasse quelques choses pour ce pays. Pas de promesses mais des réalisations. Il est temps de réaliser parce que les Guinéens méritent mieux que ça.
J’ai aussi constaté qu’il y a trop de saletés. J’ai constaté qu’il y a un trafic énorme et un désordre à travers la ville. Je pense que le président et sa gouvernance pourraient mieux faire. »
Les mouches ne changent pas d’âne. Ce sont des ruffians, des canailles, des bandits cons, des pilleurs de deniers publics, des menteurs, des sybarites, des déprédateurs de l’économie guinéenne. Ils sont tombés dans les délices de Capoue et ne pensent qu’à faire fortune. Ils s’enrichissent avec les deniers publics, distraient la populace avec la bamboula et brident la bécasse au sujet de la présidence à vie pour le gourou du palais Gokhi Fokhè. Le développement de la Guinée et des Guinéens ne les préoccupe pas.
Togba Zogbélémou ! Ton idée n’a pas le sens commun bien sous tous rapports. On ne commandite pas un référendum pour le changement de constitution au diable. Goby Condé se doit de respecter son serment et de se retirer du palais Gokhi Fokhè en octobre 2020. S’il jette son bonnet par-dessus les moulins en s’octroyant un mandat supplémentaire après cette date butoir, il répondra des conséquences de la guerre civile que son entêtement causera.
Togba, tu es une tête de pioche ! Tu veux que le débat intellectuel se poursuive sur la question. On le veut bien. Mais ne prends pas trop de temps à compiler des citations, à râteler des notes, et à gribouiller ensuite des choses pour ne rien dire.
Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en France, partout dans le monde intello, le débat intellectuel se mène instantanément. Quant à toi ! Tu donnes l’impression d’avoir l’esprit de l’escalier. Et ça donne un effet soporifique à tes contradicteurs. Tu dois t’exercer à réagir vite, à battre le fer quand il est chaud ! Mets-toi en tête que nous sommes dans un monde de vitesse. Certains internautes, qui n’ont pas le temps, décrochent vite. Pour capter l’attention de beaucoup d’internautes et les accrocher à un sujet, il faut être réactif. Doncou ! On te donne quarante-huit heures au maximum pour répliquer. Tu vois ! Tu es un privilégié. Quarante-huit heures pour rendre ta copie ! Les étudiants n’ont pas plus de deux heures pour traiter un sujet. Allez ! Le compte à rebours a commencé…
Dites, maintenant ? Quel fourrier a conseillé Goby Condé a accepté l’invitation du président Nigérian, Muhammadu Buhari, à aller passer la fête de l’Aïd el-kebir dans l’Etat de Kano ?
C’est vraiment une mauvaise idée. C’est du pharisaïsme pour un père de famille de déserter sa famille le jour de l’Aïd el-kébir pour aller le passer dans une autre famille.
A la tête de la magistrature suprême d’un pays, c’est une première de voir ça. C’est honteux ! Il faut vraiment avoir du vent entre les oreilles pour aller se goinfrer de viande de mouton le jour de l’Aïd el-kébir chez un hôte en laissant en rade sa propre famille.
Comment Goby Condé a pu faire ça ? Pourquoi ? Mais pourquoi ? Si tant est qu’il est le père de la nation ; alors Goby est inconscient. L’Aïd el-kébir est un jour sacré pour le musulman croyant. Il le passe avec les siens.
Et à réfléchir un tantinet, l’on peut insinuer par ricochet que Muhammadu Buhari, en tant que père de famille, n’a aucun respect pour la famille de son convive. Est-ce que Buhari a bien fait, en bon musulman, d’inviter Goby, un musulman pharisaïque, le jour de l’Aïd el-kébir ?
Buhari a mal fait d’inviter Goby d’aller passer la fête du mouton à Kano. Il a très mal fait. Buhari n’a aucun égard pour les Guinéens qui avaient prié pendant sa maladie pour qu’il retrouve la santé. Ce n’est pas le bon geste pour les remercier de leur prière. Ah, non ! Et c’est même un manque de respect envers son invité de marque désuète.
Abordée sous toutes les coutures, cette invitation n’a pas le sens commun. Bof ! On en verra de toutes les couleurs avec Goby Condé au trône jusqu’en octobre 2020. Le même jour du l’Aïd el-kébir, à 12h, heure de Kano, Goby twitte : « Sur invitation du Président Buhari, je suis à Daura dans le nord-est du Nigéria pour la fête de Tabaski », et il poste quatre superbes photos…
A Cona-cris, les populaces ont passé l’Aïd el-kébir dans une intense pluie meurtrière, dans la saleté, dans la merde.
Benn Pepito