Des centaines de combattants démobilisés de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN, nord de la Côte d’Ivoire) qui manifestaient lundi à Bouaké (centre, 340 km d’Abidjan) pour réclamer des primes à l’Etat ivoirien, ont accepté de libérer le corridor sud de Bouaké.
Dans la mi-journée, les anciens rebelles ont accepté de libérer le corridor. “Le corridor est ouvert à la circulation. Des négociations entre les ex-rebelles et les autorités préfectorales sont à l’origine de ce constat”, a indiqué aux environs de midi un journaliste local, sans donner plus de détails sur l’issue des négociations qui se poursuivaient toujours. Toutefois, “le climat restait sensible” dans la ville.
“Depuis 11 heures, le corridor est ouvert à la circulation. C’est une stratégie de communication des ex- rebelles. Ils ont bloqué le corridor pour se faire entendre. Nous pensons que les autorités prendront leur préoccupation au sérieux maintenant”, a renchéri un opérateur économique sur place.
Depuis l’aube, aux environs de 5h30 heure locale, des anciens combattants bloquaient l’accès sud de Bouaké, ancien fief des Forces nouvelles, manifestant bruyamment pour réclamer leur “part du gâteau”.
Les manifestants, portant des bandeaux rouges, n’étaient pas armés, selon un journaliste local joint par téléphone.
“On veut notre part de gâteau, on veut notre argent”, scandaient ces ex-rebelles, estimés à 150 par le journaliste sur place.
Plusieurs véhicules restaient toujours bloqués à l’entrée de Bouaké.
“A l’intérieur de la ville, tout est calme. Les habitants vaquent à leurs occupations, tout en gardant l’oreille tendue vers le corridor sud”, témoigne un habitant.
Des forces de sécurité étaient visibles au centre-ville et au niveau de l’entrée principale de Bouaké, où manifestaient les combattants.
En 2015, des ex-combattants ivoiriens avaient manifesté devant les locaux de l’ancienne Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (ADDR) à Abidjan pour exiger des primes d’installation.
L’ADDR avait été créée le 8 août 2012 par le président ivoirien Alassane Ouattara pour procéder au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des ex-combattants à la suite de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait officiellement plus de 3.000 morts.
Au total, 64.000 ex-combattants étaient concernés par le programme.
A la fin de l’opération de désarmement, de démobilisation et de réinsertion en juin 2015, 55.522 ex-combattants étaient “en cours de réinsertion” ou avaient été “réintégrés”, soit “87% de la base de données” officielle.
Les anciens combattants ont bénéficié de formations pour créer, moyennant un pécule, des activités génératrices de revenus.
Les mutineries
Bouaké a été le point de départ, début janvier, d’une mutinerie de soldats de l’armée ivoirienne issus de l’ex-rébellion, qui réclamaient des primes. La mutinerie a gagné plusieurs villes de l’intérieur et la capitale Abidjan, obligeant le gouvernement a engagé des négociations avec les soldats, conclues par un accord dont les termes n’ont pas été dévoilés officiellement.
Selon certains mutins, le gouvernement a promis de payer au total 12 millions de FCFA (24.000 USD) à chaque mutin.
Le nombre de soldats concernés était estimé à 8.500. Cinq millions de FCFA (10.000 USD) avaient été payés pour mettre fin à la mutinerie, le reste devant être versé à échéance mensuelle à partir de ce mois de mai.
Cet accord a suscité la grogne des autres corps de l’armée, marquée par des affrontements qui ont fait quatre morts.
Les militaires et gendarmes ont été suivis par les fonctionnaires, qui ont observé trois semaines de grève durant le mois de janvier pour des revendications salariales.
intellivoire.net