Des milliers de supporters de l’équipe de football d’Algérie ont explosé de joie dimanche soir en France après la qualification pour la finale de la CAN de leurs favoris, avec des scènes de liesse qui ont laissé place à des tensions ou incidents dans la nuit à Marseille, Paris et Lyon.
Sur le boulevard de la Canebière, à Marseille, où les fans des « Fennecs » ont suivi le match sur les téléviseurs sortis par les bars du quartier sur les trottoirs, le deuxième but algérien déclenche un vent de folie. Pétards et fumigènes sont lancés pour fêter la victoire et des milliers de personnes entament la descente vers le Vieux-Port, où le feu d’artifice du 14 juillet vient à peine de s’achever.
Comme prévu, les forces de l’ordre leur interdisent l’accès du Vieux-Port, pendant que les touristes et les Marseillais essaient de remonter l’avenue. Des motos font pétarader leurs moteurs, des jeunes escaladent les réverbères, drapeau algérien à la main. Plusieurs personnes sont interpellées après avoir allumé des feux et jeté des projectiles.
Les échauffourées se sont poursuivies aux premières heures de la journée lundi. Des dizaines de jeunes à scooters ou en motos improvisaient encore des concours de « wheeling », des rodéos ou faisaient brûler la gomme de leurs pneus sur le haut de la Canebière. D’autres, vers la porte d’Aix, ont entrepris de démolir méthodiquement tous les abris-bus de la place.
Alors que plusieurs feux de poubelles sont traités par les marins pompiers de Marseille, les forces de l’ordre sont bombardés de projectiles, bouteilles et pierres notamment, à proximité du bâtiment du conseil régional.
Pour se fournir en munitions, de jeunes manifestants ont été vus brisant ces blocs en béton utilisés pour tenir les barrières des chantiers.
Sur les Champs-Elysées, à Paris, les automobilistes ont fait, là aussi, d’abord hurler leurs klaxons. Peu après 23H00, des cris de joie résonnent sur la célèbre avenue. Des supporters, euphoriques, s’enlacent. « On va gagner, c’est historique, tahya (vive) l’Algérie ! », lance Wassim, drapeau algérien sur le dos. « J’en pleure, j’ai pas de mots », ajoute Myriam, les larmes aux yeux.
– Gaz lacrymogènes –
Vers une heure du matin, la fête bat son plein. Des milliers de supporters ont envahi le haut de la célèbre avenue. Ils côtoient des touristes, venus pour beaucoup assister aux feux d’artifice du 14 juillet.
Puis, la situation se tend quelque peu. A plusieurs reprises, les forces de l’ordre, mobilisées en nombre pour parer d’éventuels incidents, font usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Les policiers sont la cible de quelques jets de pétards et de projectiles. Peu après 02H00, alors que les Champs-Elysées et la place de l’Etoile se vident peu à peu et sont réinvesties par les forces de l’ordre, l’avenue est tapissée de vélos et trottinettes cassés, quelques poubelles incendiées.
Selon un bilan provisoire de la préfecture de police à 2h00, 25 personnes avaient été interpellées, notamment pour refus d’obtempérer, mise en danger de la vie d’ autrui, jets de projectiles.
Jeudi après la qualification de l’Algérie en demi-finale, des incidents avaient déjà éclaté dans le secteur des Champs-Elysées, avec notamment des commerces pillés ou dégradés.
À Montpellier, où les festivités avaient été endeuillées jeudi par la mort d’une mère de famille fauchée par un chauffard, l’avenue d’Heidelberg, lieu de l’accident, est animée par de nombreuses voitures circulant fenêtres ouvertes, drapeau algérien au vent.
Sur le trottoir, beaucoup de familles avec enfants profitent de la fraîcheur du soir et des jeux dans le parc adjacent. Les klaxons résonnent, les véhicules défilent. Une personne a été interpellée pour un rodéo dans le centre-ville.
« Je rentre vite chez moi car je sais que ça va dégénérer », craint une maman accompagnée de ses deux enfants. « Regardez, il n’y a pas de police pour nous sécuriser. Ils s’en fichent et les jeunes vont continuer ».
A Lyon, les scènes de joie des supporters de l’équipe d’Algérie ont fait place à des heurts entre jeunes et forces de l’ordre et de nombreux véhicules ont été incendiés, selon la préfecture et des pompiers.
Les pompiers du Rhône avaient recensé peu avant 2H00 des dizaines de véhicules brûlés à Lyon-centre, ainsi que dans les villes voisines de Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Bron ou Villeurbanne.
Ont également été dénombrés plus de cent feux divers (poubelles, barricades) sur la voie publique. A 2H00, ils avaient relevé un total de 147 interventions sur le département.
AFP